Le besoin de financement des infrastructures dans le monde est gigantesque, 3,7 trillons de dollars par an, dont seulement 2,7 trillions seraient actuellement couverts. Transition énergétique, haut débit, numérisation, transports… Les besoins, notamment liés aux engagements de la COP 21, sont multiples et les investisseurs privés devront prendre leur part, aux côtés des institutions financières et pouvoirs publics. C’est dans ce contexte mondial porteur que les acteurs de la place financière de Paris veulent jouer les premiers rôles.
Après avoir publié en 2016 un rapport inédit sur « marché mondial des infrastructures, consolider l’offre de la place financière de Paris », Paris Europlace a organisé, le 9 mars, au siège de Business France à Paris, son premier Forum international sur le financement des infrastructures / Paris International Infrastructure Forum, avec le concours du Trésor, mais aussi de grandes banques et investisseurs français. Le « Brexit » rebat les cartes de la concurrence européenne entre places financières et manifestement, les Français ne veulent pas rater ce train…
Leurs atouts : les savoir-faire en matière de partenariats public-privé (PPP), dont la France est l’un des leaders mondiaux avec de grands constructeurs et opérateurs d’équipements et services collectifs comme Bouygues, Vinci, Eiffage ou Veolia, mais aussi toute une panoplie d’expertises en matière d’ingénierie technique et financière. Promouvoir cette offre, notamment à l’export, est l’un des principaux objectifs de ce regain de dynamisme. « Nous essayons que Paris soit plus communicante sur le thème du financement des infrastructures » confirme Michel Cojean, en charge de la « finance infrastructure » chez Paris Europlace.
Outre la dynamique créée par la COP 21 et le « Brexit », plusieurs autres facteurs créent un contexte favorable : en France, le Trésor est très actif pour identifier les opportunités et constituer une sorte de pipeline de projets alors qu’au niveau européen, le lancement du « Plan Junker » a suscité un regain d’intérêt pour le financement des infrastructures. Enfin, the last but not the least, les taux d’intérêt très bas ont poussé les grands investisseurs institutionnels à s’intéresser aux investissements dans les infrastructures, qui, historiquement, assurent des rendements réguliers et à long terme, et avec des taux de défaut très faibles…
L’un des axes stratégiques des Français est de se positionner d’entrée sur le financement des investissements liés à la COP 21. « Paris doit devenir la place de référence pour le financement des infrastructures vertes » estime notamment Pierre Ducret, conseiller Climat du groupe Caisse des dépôts et président de l’Institut pour l’économie du climat I4CE.
Pour ce qui concerne le soutien des pouvoirs publics français, le changement de braquet semble en cours comme en témoigne la montée en puissance annoncée de l’Agence française de développement (AFD). Paris Europlace, pour sa part, compte poursuivre ses efforts de communication : une demi-journée d’échange sera organisée dans la suite du forum de mars à l’occasion de la tenue, les 17 et 18 octobre à Paris, de l’European Infrastructure Summit, organisé par la revue spécialisée Infranews.
Christine Gilguy
AFD : de nouveaux outils pour attirer les investissements privés
Pour jouer un rôle de premier plan dans la mise en œuvre des objectifs de l’Accord de Paris sur la lutte contre le changement climatique dans les pays émergents et en développement, l’Agence française de développement (AFD) a prévu de mobiliser les investisseurs privés avec trois nouveaux instruments présentés lors du dernier Forum international sur le financement des infrastructures de Paris Europlace (ci-dessus) :
– Une garantie contre le risque de non-performance d’une entité publique qui vise à améliorer la « bancabilité » des PPP via une réduction des risques et une stabilité à long terme des financements du projet.
– Une garantie de paiement pour les émissions obligataires d’entités locales, en monnaie locale ou en devises fortes, destinées à financer des projets précis ou des « obligations vertes ».
– Et enfin la création – confirmée début avril – d’un fonds d’investissement dans les infrastructures avec la Caisse des dépôts et consignation (CDC). Il sera doté de près de 600 millions d’euros (84 % CDC, 16 % AFD) et investira en fonds propres dans des sociétés de projets créées dans les pays en développement par les acteurs privés.