Philippines, Indonésie, Haïti, Egypte, Côte d´Ivoire… Tous ces pays et d´autres sont secoués par des émeutes provoquées par la hausse des prix des denrées alimentaires de bases.
Dans son dernier rapport « Perspectives de récoltes et situation alimentaire », l´Organisation des nations unies pour l´alimentation et l´agriculture (FAO) révèle que, en un an (mars 2007- mars 2008), les prix du blé et du riz ont doublé et que ceux du maïs ont augmenté de plus d´un tiers.
Cette inflation sans précédent menace 37 pays de crises alimentaires, selon la FAO. Devant l´ampleur du phénomène, les institutions internationales s’inquiètent. « Les prix de l’alimentation, s’ils continuent comme ils le font maintenant… les conséquences seront terribles (…) Des centaines de milliers de personnes vont mourir de faim… ce qui entraînera des cassures dans l’environnement économique», a notamment averti, samedi 12 avril, Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI).
Demande tirée par la Chine et l’Inde
Plusieurs facteurs ont contribué à la hausse des prix alimentaires. D´une part, la demande de produits céréaliers augmente plus vite que la production. Interviewé dans Le Monde du 13 avril, Bertrand Hervieu, secrétaire général du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (Ciheam), observe « l´explosion de la demande des pays émergents comme la Chine et l´Inde » qui « se rapproche des standards internationaux avec une consommation de viande et de lait en hausse ». Ces nouveaux besoins se traduisent par une demande accrue de céréales pour le bétail.
D´autre part, une partie de plus en plus importante des terres arables est détournée des cultures alimentaires au profit de la production de biocarburants. D´après la FAO, près de 100 millions de tonnes de céréales ont été utilisées ces douze derniers mois pour fabriquer éthanol ou biodiésel.
Le renchérissement de l´énergie et des transports, la spéculation ont aussi participé à l´inflation des prix des denrées alimentaires.
Des mesures d´urgence
En Côte d´Ivoire, au Cameroun, au Sénégal, au Burkina Faso, les gouvernements ont supprimé les droits de douanes et la TVA sur céréales importées pour réduire les prix des denrées de première nécessité. En Egypte, à la fin du mois de mars, les producteurs de riz se sont vus interdire d´exporter leur récolte : mesure prévue pour 6 mois.
De son côté, la Libye vient de signer un accord avec l´Ukraine pour garantir ses importations de céréales. Kiev s´est engagé à consacrer 100.000 hectares de surface cultivable pour les besoins de Tripoli. D´après Le Monde, l´Inde serait en train de négocier un partenariat similaire avec le Kazakhstan.