« Notre rôle à l’international est de soutenir les entreprises françaises de médicaments qui exportent », a indiqué Pierre Savart, directeur des opérations internationales du leem (Les entreprises du médicament), principale organisation professionnelle du secteur pharmaceutique, le 9 septembre lors d’un point presse organisé par la Chambre de commerce franco-arabe (CCFA).
En 2013, le chiffre d’affaires des entreprises tricolores du secteur pharmaceutique s’est élevé à près de 53 milliards d’euros, dont la moitié a été réalisée à l’export. L’année dernière, les exportations de médicaments ont progressé de 4 % à 26,299 milliards d’euros contre 25,286 milliards en 2012. Les importations se sont quant à elles élevées à 17,5 milliards d’euros. « Nous exportons, mais nous importons aussi des médicaments produits au Japon et aux États-Unis », a rappelé Pierre Savart.
Reprise des exportations au Moyen-Orient
Le Proche et le Moyen-Orient représentent 3,3 % des exportations françaises de l’industrie pharmaceutique. «Nous exportons 1 milliard d’euros au Maghreb et entre 800 à 900 millions d’euros à destination du Moyen-Orient », a détaillé Pierre Savart. « Notre premier client au Maghreb, a-t-il continué, c’est l’Algérie », marché où les ventes françaises de médicaments ont progressé de 7 % en 2013 par rapport à 2012.
L’Arabie saoudite constitue pour sa part le premier marché de l’industrie pharmaceutique tricolore au Proche et Moyen-Orient. Après une baisse de 8 % en 2012 par rapport à 2011, les exportations sont en hausse de 4 % au Proche et Moyen-Orient en 2013. « La situation conflictuelle dans la région (Libye, Liban, Égypte, Syrie) a compliqué nos ventes sur les marchés traditionnels », a expliqué le responsable du leem. Les ventes françaises au Proche et Moyen-Orient déclinent depuis 2010, année où a débuté le printemps arabe. Malgré les instabilités politiques qui touchent certains pays du monde arabe, la région Maghreb / Proche et Moyen-Orient présente un important potentiel pour les investisseurs étrangers. « Ce marché de plusieurs millions d’habitants est un marché porteur », a constaté Pierre Savart, rappelant aussi que les pays du Proche et Moyen-Orient totalisent 400 millions d’habitants.
L’accès au soin se développe dans certains pays
Autre constat, cette population est vieillissante. Le vieillissement de la population va porter le marché pharmaceutique dans les pays arabes qui va progresser à l’avenir avec d’importants revenus notamment pour la filière de la silver economy. Face à la longévité de vie l’industrie pharmaceutique doit continuer d’investir. Les laboratoires doivent poursuivre leurs recherches car il existe beaucoup de pathologies pour lesquelles il n’y a pas de médicaments.
De plus, dans certains pays, il y a une volonté politique de favoriser l’accès aux soins avec la mise en place d’une assurance santé. Autre point fort, les pays, en particulier au Moyen-Orient, montrent un fort intérêt pour les produits innovants.
Toutefois des faiblesses apparaissent, comme la lenteur des procédures d’homologation des médicaments. « Au Moyen-Orient, a informé Pierre Savart, les délais sont courts tandis qu’au Maghreb, il faut 1 an pour obtenir l’autorisation de commercialiser des médicaments ». Bien que la contrefaçon soit limitée, le niveau de protection des droits de propriété intellectuelle est parfois insuffisant. « Dubaï est un hub pour l’envoi de produits contrefaits », a pointé le dirigeant. A cela s’ajoute le fait que les investisseurs sont également confrontés à des mesures protectionnistes dans certains pays de la région.
Parmi les perspectives, il est à prévoir que l’augmentation des volumes de médicaments consommés aura pour corollaire un fort développement d’utilisation de médicaments génériques le plus souvent fabriqués sur place avec des baisses de prix significatives. « Le marché du médicament, en termes de potentiel, va continuer à se développer », a conclu Pierre Savart.
Venice Affre
*De gauche à droite sur la photo : Dr Saleh Al Tayar, secrétaire général de la Chambre de commerce franco-arabe (CCFA), Hervé de Charette, président de la CCFA, et Pierre Savart, directeur des opérations internationales du leem