Dans son baromètre sectoriel,
Euler Hermes (EH) dresse une « analyse d’une dynamique sectorielle mondiale
fortement contrastée en ce début d’année 2013 », délivre le leader mondial
de l’assurance-crédit, dans un communiqué de presse du 6 mars. « L’écart se creuse notamment entre l’Europe
et les États-Unis, avec une
production manufacturière toujours en net rebond pour ce dernier, à + 4,2 % en
2012, mais en franche rechute à – 2,2 % pour l’Union Européenne, et
en particulier pour la zone euro à
-2,5 % », constate ainsi Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes (notre photo).
Les « différences
structurelles de compétitivité » des deux côtés de l’Atlantique sont
une explication, mais à court terme, la cause réelle de cet écart provient de la
demande interne, « durablement en berne en Europe », précise Euler
Hermes. Une illustration parfaite de cette divergence serait l’automobile,
selon Nicolas Delzant, président du directoire d’Euler Hermes France.
« Alors que les États-Unis
affichent une belle croissance de + 13 % des ventes en 2012, observe-t-il, l’Europe
subit une très forte dégradation de – 8 %, allant jusqu’à -14 % en France ».
Construction : demande atone en Europe
En Europe, la faiblesse de la
demande intérieure frappe aussi la construction. En
particulier, « l’Espagne enregistre une chute de sa production de nouveaux
logements tombant fin 2012 à 50 000 unités soit près de 6,5 % de son pic
d’avant-crise à 800 000 unités » et « les perspectives se
détériorent en Italie et en France, avec quelque 300 000 nouveaux
logements français annoncés en 2013, contre un besoin annuel de 500 000
unités », expose Euler Hermes.
Selon l’assureur crédit, en
Europe, seuls l’aéronautique, l’équipement automobile et la chimie
« tirent leur épingle du jeu », pendant qu’aux États-Unis, en dehors
de la construction dont le redressement est jugé encore « ténu »,
l’industrie « remonte la pente », avec une production manufacturière
en hausse de 4,2 % en 2012 et de 15 % depuis 2009.
Dans le bulletin économique de
janvier d’Euler Hermes, intitulé « Secteurs internationaux. Mais où est
donc passée la demande ? », Ludovic Subran insiste sur la
« nécessaire adaptation » des entreprises durant l’année en cours.
Elles sont, d’une part, confrontées « à une concurrence nouvellement
structurée », affirme-t-il, et, d’autre part, « à une demande plus
difficile à capter ».
Agroalimentaire : concentration, rapprochement, adaptation
Dans l’agroalimentaire
par exemple, « l’adaptation des business modèles s’impose », assure
Euler Hermes. Et de citer le cas des acteurs du lait qui, pour préparer la fin
des quotas en 2015, se concentrent ou s’allient, à
l’instar des coopératives françaises Eurial et Agrial qui ont rapproché leurs
activités dans ce secteur, ou se lancent dans des gammes à plus forte valeur ajoutée, à l’image
du groupe nordique Arla.
Aux États-Unis, un moyen d’adaptation privilégié est
l’innovation. Mais l’Occident n’est plus seul à investir. L’Asie injecte des
sommes parfois colossales, à l’instar des trois premiers brasseurs japonais,
qui auraient dépensé quelque 26 milliards de dollars à l’étranger en cinq ans.
D’autres nations de ce continent lointain sont aussi concernées, comme
Singapour, avec Olam International Limited, repreneur de l’espagnol Seda
Solubles, et la Thaïlande, avec le propriétaire du groupe Thaï Beverage PCI,
acquéreur pour 11,2 milliards de dollars du conglomérat singapourien Fraser and
Neave Ltd.
Dans l’agroalimentaire, la production mondiale devrait
croître de 3 % cette année, « sous l’effet des développements
démographique et économique, précise Euler Hermes, alors que les cours des
commodités agricoles s’inscriront dans leur nouvelle normalité, couplant niveaux
élevés (stocks généralement limités) et volatilité ». S’adapter
signifiera ainsi dans ce secteur « surveiller les prix des matières
agricoles, du packaging et de l’énergie » et également « les
habitudes de consommation qui évoluent désormais très rapidement, suite à
certaines campagnes (contre l’obésité par exemple) ».
François Pargny
Consulter les deux fichiers joints
1 Communiqué de presse « baromètre sectoriel » d’Euler Hermes
2 Bulletin économique « secteurs internationaux » d’Euler Hermes