Tout récemment, le vice-gouverneur de la Banque centrale d’Indonésie, Halim Alamsyah, indiquait que le montant des investissements directs étrangers (IDE) devrait progresser de 5 milliards de dollars par rapport à 2011 pour atteindre 19 milliards cette année. Depuis cette déclaration, des augmentations de salaires des ouvriers ont dû être consenties dans au moins huit provinces du pays.
Une situation nouvelle, qui peut inquiéter les investisseurs. Jusqu’à présent, en fonction des provinces, les salaires variaient de 75 à 150 euros par mois, contre une moyenne, d’après la Japan External Trade Organisation, de 230 euros en Chine et 205 euros en Inde. Un avantage qui pourrait être remis en cause, selon l’Association des employeurs indonésiens, d’autant que l’Indonésie – pourtant la 18e puissance économique mondiale avec un Produit intérieur brut de 721 milliards de dollars en 2011 – reste méconnue en Occident. En France, le pays reste lointain, quand son image n’est pas négative en raison des ravages de la déforestation sur sa flore et sa faune.
A l’opposé, la hausse des salaires des ouvriers peut apparaître comme une chance dans un pays où la pauvreté reste forte. D’après la Banque asiatique de développement (Bad), bien que l’Indonésie affiche une progression annuelle de son PIB de plus de 6 % depuis 2005, le nombre d’Indonésiens vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de près de trois millions en trois ans pour dépasser 43 millions en 2010, soit 20 %¨de la population.
L’augmentation des salaires, peut-on penser, devrait favoriser la consommation domestique, déjà moteur traditionnel de la croissance économique. « Même si les salaires ne sont pas élevés, l’Indonésien n’épargne pas et consomme. Il dépense la moitié de son salaire dans l’alimentation », rapporte Carole Cunisset, directeur du bureau d’Ubifrance à Djakarta.
Par ailleurs, souligne-elle, « la consommation domestique est portée par la démographie ». De façon concrète, sur les 238 millions d’habitants que compte l’Indonésie, la moitié a moins de vingt ans. D’après l’assureur-crédit Coface, la classe moyenne grossit de 7 millions de personnes par an. « En 2015, la classe moyenne devrait compter 100 millions d’individus et la classe aisée, selon AC Nielsen, 30 millions », rappelle Carole Cunisset.
L’an dernier, l’Indonésie a affiché un des taux de progression des importations les plus élevés du monde : + 24,87 % sur les dix premiers mois à 103,6 milliards d’euros, d’après GTA-GTIS, partenaire de moci.com. « L’Indonésie a besoin de matières premières et d’intrants. Depuis plusieurs années, la France en a profité pour vendre de la chimie, de la chimie alimentaire, des produits laitiers comme de la poudre de lait », précise Carole Cunisset. Pour autant, elle reste à un rang modeste, 17e pays fournisseur de l’Indonésie, avec une part de marché de 1 % en octobre 2011, représentant un montant d’exportations supérieur à 1 milliard d’euros sur les dix premiers mois de 2011, grâce à des progressions significatives sur ses premiers postes de ventes : navigation aérienne (Airbus), équipement mécanique et électrique (Alstom).
Preuve de la bonne santé économique de l’Indonésie, le boom de l’automobile. « Tous les jours, 90 véhicules et 700 scooters sortent sur le marché et si Toyota assemble sur place et usine quelques pièces sur place, le constructeur japonais importe aussi des pièces détachées » remarque Carole Cunisset, selon laquelle l’Indonésie pourrait connaître cette année la plus forte hausse des ventes automobiles dans l’Asean (Association des nations du Sud-Est), devant la Malaisie et la Thaïlande.
Selon le Crédit Agricole, l’Indonésie est une puissance montante riche en ressources naturelles (hydrocarbures, bauxite…), les mines contribuant à elles seules à environ 11 % du PIB. En grande forme, ses exportations ont gagné, au total, près de 27 % pendant les dix premiers mois de l’année passée pour dépasser 120 milliards d’euros.
Pourtant, malgré un niveau d’investissement assez élevé en Asie du Sud-est (plus de 30 % du PIB), l’Indonésie manque encore d’électricité dans certaines régions et surtout d’infrastructures de communication : routes, ports, aéroports, trains, etc. « En fait, il y a tout à faire, ce qui nous a amené à sélectionner des secteurs qui correspondent à l’excellence française, mais aussi à la demande locale pour des produits technologiques élaborés, voire performants comme la fibre optique dans les télécommunications », délivre Carole Cunisset.
Les 10 et 11 décembre prochains, Ubifrance organisera des rencontres d’affaires à Djarkata, précédées par une journée pays à Paris, le 22 mai, pour présenter les secteurs retenus, comme les technologies de l’information et de la communication (TIC) appliquées à la grande distribution (e-commerce…), la santé (maladies tropicales…) et les catastrophes naturelles (hôpitaux de campagne, matériel d’évacuation…). Sans compter le pôle construction-immobilier-architecture et les énergies renouvelables, auxquelles, par ailleurs, seront consacrées un volet spécifique d’une autre opération en juin, consacrée à la transformation du sucre.
En l’occurrence, ce qui est visé est la récupération de bagasse et donc la production de biomasse. Mais il faut aussi retenir que les Indonésiens sont de gros consommateurs de sucre. Adeptes d’une cuisine assez pimentée, ils ont souvent besoin de compenser ou d’équilibrer avec des produits sucrés.
Pour pallier son déficit d’image en matière d’environnement, Djakarta s’est engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique, ce qui, au demeurant, peut paraître paradoxal. En effet, non seulement l’Indonésie remplace ses forêts par des plantations de palmiers, mais elle exploite de plus en plus ses mines de charbon. Son gouvernement a notamment concocté un vaste plan pour que le pays devienne le premier producteur mondial d’électricité géothermique, avec une capacité totale de 9 500 mégawatts (MW) d’ici 2025.
Dans le textile, Ubifrance organisera un colloque et des rencontres d’affaires en mars à Djakarta. Avec l’ambition de favoriser la rénovation d’un parc de machines essentiel à un des premiers postes d’exportation avec les hydrocarbures. Les mines constituent évidemment un autre secteur d’excellence en Indonésie. Les besoins sont réels dans l’équipement, les logiciels. Ubifrance envisage ainsi une action en 2013. Le groupe Eramet, de son côté, est engagé dans le projet d’exploitation de la mine de nickel de Weda Bay. La décision finale pour la réalisation de la première tranche de 35 000 tonnes est attendue fin 2012.
François Pargny
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Carole Cunisset, directrice-pays Ubifrance, ambassade de France en Indonésie, tél.: +62 021 25 98 81 40 – Fax : +62 021 570 83 95, e-mail : [email protected]