L’agriculture et l’agroalimentaire, l’énergie et le climat, la santé et enfin le numérique, tels sont les grands secteurs porteurs pour les PME françaises mis en valeur lors de la 3e édition d’Ambition India, organisée au Sénat par la Team France Export, le 29 octobre. Alors que les mesures de quarantaine ont été levées pour les ressortissants français vaccinés, retour sur ces opportunités à travers les retours d’expérience de six hommes d’affaires.
Pour les entreprises françaises, surtout les PME, c’est le moment de s’intéresser à ce vaste pays de 1,4 milliard d’habitants, qui va connaître une croissance de l’ordre de 6,7 % cette année.
Precia Molen multiplie par huit son activité en 8 ans
L’agriculture est un défi majeur dans un pays où elle fournit un moyen de subsistance à 58 % de la population nationale et emploie 43 % de la main d’œuvre, d’après l’agence indienne de promotion des investissements étrangers, Invest India.
C’est pour prendre sa part du marché que la société familiale Precia Molen, spécialisée dans les instruments de pesage, a créé une filiale à Chennai (Madras) en 2008, puis choisi l’Inde comme « pôle régional » pour l’Asie du Sud, le Moyen-Orient et l’Afrique.
« La filiale, dirigée par des cadres indiens, a multiplié par huit son activité en douze ans » et « nous y fabriquons tous les produits pour la région, car l’Inde est très compétitive en termes de prix et de talents », a expliqué René Colombel, le P-dg de la PME ardéchoise, à Privas.
Precia Molen vient encore d’ouvrir à Chennai une troisième unité pour doubler la production.
Rama Devedi : décarbonisation et voiture de luxe
Selon le Franco-indien Rama Divedi, « l’Inde est un marché complexe, mais pas compliqué ». Et d’ajouter : « il faut accepter de prendre souvent l’avion pour être sur place. Personne ne vous y attend, mais vous serez toujours bien accueillis ».
Associé au groupe Eren (économie des ressources naturelles) dans la décarbonisation de bâtiments en Inde, Rama Divedi dirige ses activités en Inde et est aussi business angel et numéro deux de Pravaig, une startup qui proposera une voiture de luxe électrique à des clients privés, type compagnies aériennes et hôtelières, en 2022.
« L’automobile et l’énergie – ainsi que la consommation de manière générale, mais davantage à moyen terme, car elle est encore beaucoup régulée – sont des secteurs clés pour l’Inde », a affirmé, de son côté, Sébastien Guillo, directeur de l’International chez HSBC Continental Europe.
Ce pays possède 10 des 12 villes les plus polluées du monde et ce producteur et importateur de charbon connait aussi la plus forte demande énergétique au monde. D’où le développement exponentiel des énergies renouvelables (solaire et éolien).
L’Inde est aujourd’hui le deuxième pays d’exposition de l’Agence française de développement (AFD), avec un encours de 2 milliards d’euros. Une trentaine de projets y ont été menés, dont « 80 % avec un avantage éco-climat », a précisé Philippe Orliange, directeur Orients à l’AFD.
Covid-19 : Novair a participé aux opérations d’urgence
Dans le domaine de la santé, la diplomatie a joué un rôle précieux pendant la pandémie de Covid-19. Ainsi, le Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des affaires étrangères est intervenu pour permettre à Air Liquide de livrer l’oxygène liquide dont l’Inde manquait au plus fort de la crise, en mars-avril dernier, à partir du Qatar.
Le même service du Quai d’Orsay a aidé une ETI familiale, la société Novair, premier fabricant mondial de générateurs d’oxygène médical, à fournir huit unités dans un délai extrêmement court (moins de deux semaines de la production à la livraison). Une trentaine de générateurs ont ensuite été offerts à l’Inde par des entreprises françaises.
« C’est un marché qu’on ne peut pas adresser de la France. Il y a un investissement à y faire sans conteste », s’est félicité Laurent Zénou, directeur général de Novair.
Capgemini : 150 000 salariés en Inde
Le numérique a aussi de beaux jours devant lui. « L’Inde est le marché le plus connecté du monde », a rappelé Eric Fajole, directeur régional à Business France. Dans ce pays, « Capgemini est passé de 500 il y a 20 ans à plus de 150 000 employés », a indiqué Ashwin Yardi, P-dg de la filiale Capgemini Technology Services Inde.
Le spécialiste français des services informatiques s’est appuyé sur « un vivier » de talents sur place, « grâce à son système d’éducation et ses compétences dans l’ingénierie » pour bâtir une plateforme pour des clients indiens et français en Inde.
La filiale offre ainsi « des produits et services pour des opérations intelligentes » : capteurs de performance et de suivi des pneus hors route, suivis à distance des équipements pour la sécurité dans les mines, etc.
François Pargny
Focus
L’Inde, un partenaire stratégique en indopacifique pour la France
D’après les données fournies par Business France à l’occasion d’Ambition India, malgré la crise du Covid-19, le pays reste solide, avec une prévision de croissance estimée à 6,7 % pour l’exercice 2021 et à 9,9 % pour 2022, selon l’OCDE. L’inde attire toujours de nombreux investisseurs : en 2020, les entrées d’IDE (investissements directs étrangers) ont augmenté de 27 %. Le pays reste dynamique et attractif avec des secteurs en expansion comme l’industrie, les services ou l’agriculture où des programmes d’investissements spécifiques sont soutenus et facilités par le gouvernement.
Aujourd’hui, la France est l’un des principaux investisseurs directs étrangers dans ce pays. L’Inde apparait comme la 29ème destination des IDE français dans le monde. Plus de 640 filiales françaises sont implantées dans le pays; 37 des groupes du CAC 40 sont présents, de même que bon nombre de PME/ETI. L’offre française est bien positionnée dans différents secteurs : l’industrie manufacturière, les IAA, les infrastructures d’énergie, environnement et transports, l’art de vivre, et les services digitaux.
A noter qu’un Club d’entreprises françaises et indiennes, Club India, a été lancé à l’occasion du frourm Ambition India.