« La vue est superbe, mais nous sommes loin des commerces, et je m’attends aux
petits inconvénients quotidiens de tout nouveau projet », confie Rajiv, un
Indien d’une trentaine d’années qui vient d’emménager sur Marjan Island, une
île artificielle en forme de corail – le pendant à Ras Al Khaimah des fameuses
palmes de Dubaï, gagnées sur la mer.
Le spacieux trois-pièces de Rajiv est situé dans l’un des six bâtiments en
forme de pyramides, le projet de Bab al Bahr, juste à l’entrée de l’île. Marjan
Island, le dernier grand projet lancé avant la crise, a connu quelques
déboires. Sur les dizaines de terrains vendus, une poignée seulement de projets
ont été lancés, beaucoup de promoteurs n’ayant finalement pas les moyens de
construire. Rajiv travaille pour Rakeen, le constructeur de Bab el Bahr. Il est
l’un des tout premiers locataires. « Il faut bien donner l’exemple », dit-il.
Les candidats ne se bousculent pas dans ce futur paradis encore en chantier.
Ils lui préfèrent des projets déjà terminés ou plus proches de la ville comme
Al Hamra Village (3 500 logements) ou le tout récent Mina al Arab (à terme 5
000 appartements et 590 villas). Ouverts à l’achat par des étrangers, ces
projets ont métamorphosé le flanc ouest de l’émirat ces dernières années. Mais,
comme ailleurs, Ras Al Khaimah a souffert de l’éclatement de la bulle
immobilière. Depuis le pic de 2008, les prix se sont effondrés de moitié avant
de se stabiliser en 2010. Les ventes sur plan ont cessé, mais les logements
construits retrouvent preneurs. « Nous avons constaté une reprise de 25 % cette
année sur nos ventes », affirme Jay Clench, le directeur des ventes de l’agence
Hunt & Harris.
Les constructions de logements à titre privé par des Émiriens ont également
fortement repris près de la frontière d’Oman, sur la côte. Le manque d’espaces
de bureaux pourrait constituer la nouvelle niche des promoteurs dans l’avenir.
I. D.