Le Chili, pays d’Amérique latine le plus ouvert au commerce international et important producteurs agricole et agroalimentaire est présent sur le Sial (Salon international de l’alimentation) qui se déroule actuellement au parc des expositions de Paris Nord Villepinte. Sophie Primas, ministre en charge du Commerce extérieur, s’y est rendue cette semaine avant d’aller assister à une réunion du G20 Commerce au Brésil. Le Moci a rencontré Ignacio Fernandez, qui dirige l’agence chilienne de promotion des investissements. L’occasion de faire le point sur les besoins des entreprises chiliennes.
Le Moci. Quelle place occupent les investissements directs français au Chili ?
Ignacio Fernandez. Le stock d’investissements français s’élève à 1,6 milliard de dollars dont une part importante dans le secteur de l’énergie. Engie, EDF, Total sont présents. Les centrales à charbon ferment et le pays s’est lancé dans une transition énergétique favorisant les énergies renouvelables et leur stockage pour fournir non seulement les habitants mais aussi les sites industriels. Véolia est présent dans la gestion de l’eau, un sujet crucial dans notre pays et qui nécessite des investissements technologiques. Des Français sont présents dans le secteur minier, notamment le lithium, et dans les infrastructures comme le fonds d’investissements Ardian. Il s’agit essentiellement de grandes entreprises dans des secteurs clés de l’économie chilienne. Dans l’agroalimentaire, Lactalis fabrique des fromages pour le marché local et l’export au Pérou et en Colombie.
Le Moci. Le secteur agroalimentaire est-il aussi important que celui des mines ou de l’énergie ?
Ignacio Fernandez. Nous sommes un petit pays de 20 millions d’habitants dans l’hémisphère Sud. Quel que soit le secteur le commerce international et très important pour nous. L’agroalimentaire ne déroge pas à la règle et est très tourné vers l’international. Chaque année, 150 millions de personnes dans le monde consomment des produits chiliens et il s’agit du deuxième secteur à l’export après les mines, représentant 22 milliards de dollars exportés en 2023. Des entreprises étrangères investissent au Chili pour ensuite exporter vers d’autres marchés d’Amérique latine ou ailleurs dans le monde. C’est le cas de sociétés norvégiennes dans les produits de la mer surgelés par exemple. Le Chili a en effet conclu de nombreux accords de libre-échange, y compris avec l’Union européenne : leur spectre couvre 85 % du commerce mondial. Autre avantage pour les investisseurs étrangers qui réexportent : la production suit les normes européennes qui sont reconnues comme étant les plus exigeantes au monde.
« Le secteur a des besoins dans l’ingénierie, les semences, la chaîne du froid et les emballages »
Le Moci. Quels sont les besoins du secteur agroalimentaire chilien ?
Ignacio Fernandez. Nous importons des biens d’équipements pour l’industrie et pour la production agricole, deux secteurs dans lequel il y a beaucoup d’échanges avec les Français. Le secteur a des besoins dans l’ingénierie, les semences, la chaîne du froid et les emballages. Par exemple, chaque année, le Chili exporte pour 2,3 milliards de dollars de cerises en Chine où elles sont très populaires à l’occasion de la fête des morts. Elles partent emballées et prêtes à être mises en rayon.
Le Moci. Et du côté des consommateurs ? Quelles sont les tendances actuelles ?
Ignacio Fernandez. Avec la hausse du niveau de vie, des tendances que l’on retrouve ailleurs dans le monde se sont développées au Chili : les produits basses calories, bons pour la santé ou riches en protéines. Des marchés de niche se sont ouverts comme les produits gourmets ou la cuisine française. Il y a également un réel engouement pour les plats chinois et asiatiques en général.
Le Moci. Et du côté du vin ? Les vins chiliens et français se font concurrence sur les marchés étrangers mais qu’en est-il de tendances de consommation au Chili ?
Ignacio Fernandez. La consommation de vin met du temps à s’installer dans la jeune génération qui préfère la bière ou le vin en cannette. Elle a une image plus traditionnelle, plus adulte. C’est effectivement un secteur qui exporte d’importants volumes de vins assez standardisés, en particulier en Chine et au Brésil. Mais de plus en plus, les producteurs mettent en avant la notion de terroir pour se différencier de vins que l’on pourrait qualifier de « lisses ». C’est un marché en pleine croissance qui met en avant une valeur ajoutée et même si les prix sont plus élevés, les amateurs sont prêts à payer plus chers.
Le Moci. Quels conseils donneriez-vous à une entreprise s’intéressant à ce marché ?
Ignacio Fernandez. De le faire ! Nous sommes certes un petit pays mais très connecté, politiquement stable, ayant passé des accords de libre-échange et qui peut servir de base à des activités dans toute l’Amérique latine qui compte 600 millions d’habitants.
Propos recueillis
par Sophie Creusillet