C’est la filière à suivre en ce moment ! Avec 6 % des dépôts de brevets internationaux sur la période 2011-2020 pour la filière hydrogène, la France se classe au deuxième rang européen derrière l’Allemagne et devant les Pays-Bas, selon un rapport de l’Office européen des brevets (OEB) et de l’Agence internationale de l’énergie publié le 10 janvier.
De l’approvisionnement au stockage, en passant par la distribution, la transformation et les applications finales, l’hydrogène a fait phosphorer les entreprises et les centres de recherche tricolores ces dix dernières années : le nombre de dépôts de brevets protégeant des innovations dans le secteur a doublé sur la période.
Si elle est à la peine dans les utilisations finales, domaine de prédilection du Japon, tiré par l’industrie automobile, l’innovation française se distingue par une spécialisation importante dans le stockage, la distribution et la transformation. Une caractéristique liée à la présence de grandes entreprises chimique qui, comme partout ailleurs, dominent l’innovation dans les technologies établies de l’hydrogène.
Des entreprises et des centres de recherche publics
à la pointe de l’innovation
Le géant français Air Liquide détient ainsi le record de dépôts de brevets ces dix dernières années.
Sa spécialisation dans les technologies traditionnelles de l’hydrogène est historique et est principalement axée sur la production (174 familles ed brevets internationaux, FBI) mais s’étend également au stockage/distribution/transformation (94 FBI) et à la production d’ammoniac et de méthanol (5ème mondial, 23 FBI). Air Liquide étend également ses activités dans des technologies de production alternatives motivées par le climat (44 FBI) et dans les technologies émergentes de stockage/distribution/transformation (50 FBI).
C’est d’ailleurs une technologie développée par Air Liquide (le reformatage autothermique) que vient de choisir l’entreprise japonaise d’exploration et de production d’hydrocarbures Inpex Corporation pour un projet de démonstrateur vidant à produire de l’hydrogène et de l’ammoniac bas carbone. Une première au pays du soleil levant, pourtant en pointe dans le secteur de l’hydrogène.
Les startup ne sont pas en reste puisqu’entre 2011 et 2020 65,5 millions d’euros ont été investis dans 18 jeunes pousses dépositaires de brevets comme la toulousaine Ascendance Flight Technologies (aéronef à décollage et atterrissage verticaux doté d’une motorisation hybride) ou l’aixoise Hysilabs (transport et stockage).
Enfin, l’écosystème français du secteur doit beaucoup à la recherche publique. Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), l’Institut français du pétrole énergies nouvelles (Ifpen) et le Centre national de la recherche scientifique (CBRS), sont les trois organismes qui trustent le podium mondial des centres de recherche sur l’hydrogène.
Les États-Unis pourraient rattraper leur retard
Si l’Union européenne et le Japon tirent l’innovation, les États-Unis semblent avoir relâché leur effort : ils constituent la seule région du monde à avoir vu les demandes internationales de brevets sur l’hydrogène baisser au cours de la décennie qui vient de s’écouler.
Mais l’Inflation Reduction Act (dont l’entrée en vigueur a été repoussée) pourrait rebattre les cartes. En réservant les crédits d’impôts aux seules entreprises américaines, le gouvernement américain espère non seulement abaisser les coûts de production de l’hydrogène, mais également couper l’herbe sous le pied de la concurrence internationale.
Sophie Creusillet