En grande pompe, Hamid Karzaï, le président afghan, a assisté, hier 12 juin, à la deuxième conférence pour la reconstruction de l´Afghanistan tenue à Paris en présence des représentants de 65 pays et dirigeants de 15 organisations internationales. Côté afghan, on espérait plus de 50 milliards de dollars sur cinq ans.
Du côté des déclarations d´intentions, la France a annoncé vouloir doubler son aide (de 13 millions d´euros par an à 107 millions sur trois ans, de 2008 à 2010, surtout pour l´agriculture et la santé), Londres promettant 600 millions de livres, Washington 10 milliards de dollars en 2008 et 2009… Mais tous les observateurs s´accordent à penser que le chiffre réaliste devrait plutôt avoisiner les 20 milliards. Une grande partie étant constitué par les 10 milliards d´aide promis en 2006 et non encore versés. Il est vrai que la présence militaire étrangère dans le pays (70 000 hommes) coûte chère bien qu´elle injecte aussi de l´argent dans l´économie afghane.
Du côté des sujets qui fâchent, la corruption gangrène toute la fragile administration afghane. Sans oublier la culture du pavot qui se maintient, malgré quelques opérations médiatiques de destruction d´un champ. En effet, il garantit un revenu à de nombreux agriculteurs afghans, dans un pays où la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, et sert aussi corruption et financement des talibans. De fait c´est plus la hausse des produits alimentaires qui pourrait conduire les agriculteurs afghans à se tourner davantage vers la culture du blé…
Un marché à très haut risque sécuritaire
Réaliser des affaires dans le pays reste risqué. Le 30 mai dernier, Johan Freckhaus, un homme d´affaires français, a été enlevé. Preuve que nul n´est à l´abri, ce français, installé en Afghanistan depuis neuf ans, était censé bien connaître les précautions sécuritaires. Le site du ministère des affaires étrangères met d´ailleurs en garde sur la situation très dégradée dans le pays. La récente décision du renforcement militaire français dans le pays (700 hommes en plus des 1 200 déjà sur place) risquant d’exposer davantage les civils français.
Au niveau commercial, l´Afghanistan a été l´année dernière le 133ème pays client de la France avec un montant d´exportations de 46,9 millions d´euros (37,4 un an avant). Si on prend en compte ce qui doit arriver par le Pakistan et la contrebande via Dubaï, le chiffre doit sans doute être supérieur.