Compte
tenu de la très forte unicité de l’Islam, basée sur le Coran, on pourrait
penser que les prescriptions à observer pour qu’un produit obtienne le label
«halal» fassent consensus. Or il n’en est rien, comme l’a prouvé une conférence
sur la certification halal organisée par Ubifrance, le 27 juin.
En premier
lieu, il y a le halal qui va de soi. Mohamed El Ouahdoudi, président de la Convention France
Maghreb, l’explique simplement : «Au Maroc, tout est présumé être halal. Il
n’y a d’ailleurs aucune certification (un organisme religieux qui délivre le
label). C’est ainsi que Mac Donald communique sur le caractère halal de sa
viande au Maroc, alors qu’elle est importée d’Espagne. Cependant, la réflexion
sur une véritable norme halal est à un stade avancé d’élaboration et pourrait devenir
obligatoire prochainement».
La situation est identique en Tunisie. La mention
halal étant cependant apposée sur les produits qui sont exportés vers des pays
musulmans. Enfin, l’Algérie fait exception car, «depuis cette année, la
certification halal est obligatoire sur tous les étiquetages» conclut Mohamed
El Ouahdoui.
Si
chaque pays a donc sa propre réglementation, il y a un qui fait autorité en
matière de règlementation halal : il s’agit de la Malaisie. En effet, ce pays où
60% des 29 millions d’habitants sont musulmans, a pris très au sérieux et
depuis longtemps (1975) le respect des préceptes musulmans en matière de
produits carnés. Kuala Lumpur s’est doté de deux organismes : la Standards Malaysia,
qui définit la norme, et le Jakim qui inspecte l’abattage et la transformation.
En France, le Jakim ne reconnaît que la certification halal de la mosquée de
Lyon. Toute autre certification verra le produit refusé à l’entrée en Malaisie.
Le label halal de la Standards Malaysia
est une référence bien au- delà de la Malaise, essentiellement dans les pays du Golfe,
et il est train d’inspirer la législation qui va se mettre en place au
Kazakhstan et en Inde. Pour autant, l’Indonésie voisine impose à l’importation
sa propre réglementation en matière de halal, quand bien même il s’agit de
produits fabriqués en Malaisie.
François
Matraire, directeur du bureau Malaisie d’Ubifrance, dit qu’il faut raison
garder en matière d’exportation de produits halal fabriqués en France : «vous
n’allez pas y exporter des plats préparés. Il faut plutôt viser les ingrédients
qui entrent dans l’agroalimentaire, et ce en gros volumes». Fort de ce
conseil, beaucoup produisent sur place. Danone
y a installé son plus grand centre de production de lait infantile halal, dont
80% de la production est exportée. Oléon (filiale de Sofiprotéol), spécialisé
dans les acides gras, produit en Malaisie mais sans utiliser de graisses
animales pour bénéficier du label. Quant aux sirops Monin, depuis 2010 ils fabriquent en Malaisie des
sirops et des purées de fruits halal, car ils n’utilisent pas d’alcool qui sert
normalement à fixer les arômes.
Hors
des produits carnés, la certification halal est en principe facultative. Pourtant,
presque tout peut être estampillé «halal», jusqu’aux «assiettes halal» (ne
contenant pas de poudre d’os qui peut provenir de porcs). Par ailleurs, le
label halal peut jouer un rôle incitatif à ne pas négliger dans le secteur en
plein développement de la cosmétique. La marque Ateliers des parfums,
spécialisée dans les parfums personnalisés, s’est installée en Malaisie. Ses
composés, importés de France, sont tous halal (sans alcool ni extrait d’origine
animale).
Après avoir visé le marché ethnique, la société CBFC Paris s’est
finalement spécialisée dans le halal qui lui semble plus porteur. Avec une marque (Jamal), elle a conçu et produit une première
gamme de dix produits de soins halal, et va sortir une deuxième gamme de
produits d’hygiène. Chantale Japhet, sa directrice générale, précise : «cela
a été fait avec la certification de la mosquée de Paris». Une certification qui
lui revient à 5000 euros par an. Le marché français étant cadenassé par quatre
à cinq gros mastodontes, Chantale Japhet déclare exporter totalement la
production. « La certification de la mosquée de Paris a été un vrai plus pour
trouver un distributeur saoudien qui couvrira l’ensemble la région du Golfe.
Nous avons été contacté pour vendre en Allemagne, et sous peu ce sera également
le cas en Turquie».
Jean-François
Tournoud
MOCI Pratique :
–
Standards Malaysia :
www.halal.gov.my/v3/index.php/en
– le Jakim (Jabatan Kemajuan
Islam Malaysia
– Department of Islamic Development Malaysia) :