En rétorsion à l’invasion de l’Ukraine, l’Union européenne a entériné le 14 mars un nouveau train de sanctions à l’encontre de la Russie. Dans sa ligne de mire : l’accès aux institutions financières internationales, l’énergie et le secteur du luxe.
En intensifiant la guerre en Ukraine, la Russie va s’isoler encore un peu plus. l’UE a adopté le 14 mars un quatrième train de sanctions dont le retrait du statut de la nation la plus favorisée. « Cela supprimera des avantages importants dont bénéficie la Russie en tant que membre de l’OMC, a justifié la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen le 11 mars. Les entreprises russes ne bénéficieront plus d’un traitement privilégié dans nos économies. »
Après s’être attaqué au secteur bancaire pour couper la Russie des marchés financiers internationaux, l’UE souhaite désormais « suspendre les droits d’adhésion de la Russie aux principales institutions financières multilatérales, notamment le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ». Cette dernière n’a accordé aucun nouveau prêt ou investissement dans le pays depuis l’annexion de la Crimée en 2014. Le 2 mars, elle a annoncé suspendre immédiatement tous ses programmes en Russie et en Biélorussie.
L’interdiction d’exporter des produits de luxe, une mesure symbolique
Pour empêcher la Russie de contourner ces sanctions, l’UE veillera à ce qu’elle ne puisse plus « utiliser les actifs cryptographiques pour contourner les sanctions », a ajouté Ursula von der Leyen. Les Vingt-Sept se sont également accordés pour mettre fin aux exportations de produits de luxe, une mesure également prise par les États-Unis le 11 mars et somme toute symbolique.
La Russie ne représente que 2 % du chiffre d’affaires de LVMH (124 boutiques en propre) et 1 % de celui de Kering (2 boutiques). Chanel dispose de 17 boutiques en propre et Hermès de 3. Cette mesure pourrait néanmoins affecter les ventes de ces poids lourds du luxe tricolore en France, les Russes fortunés ayant l’habitude de faire leurs emplettes à Paris ou sur la Côte d’Azur. Le périmètre de cet embargo est encore flou.
Pas de consensus pour un embargo sur les hydrocarbures russes
Concernant les vins et spiritueux, la newsletter Vitisphère rappelle que les mesures prises à l’encontre de la Syrie en 2012 concernaient des produits « vendus plus de 50 euros le litre (soit 28 € la bouteille de 75 cL) ». Pour la Corée du Nord, sont concernés le champagne, les IGP et les crémants, en plus de 300 classes douanières incluant les truffes et les chevaux de race, précise le site d’informations. En pratique, les exportations de cognac et de vins d’appellation ont déjà cessé. En 2021, la Russie constituait le 15e marché pour les vins français (198 millions d’euros), selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS).
Si, comme l’a annoncé Ursula von der Leyen, les pays de l’UE s’apprêtent à cesser les importations de fer et d’acier russes, la question d’un embargo sur les importations de gaz et de pétrole, à l’instar de celui décidé par les États-Unis en fin de semaine dernière, est loin de recueillir l’unanimité.
La Pologne et les États baltes plaident pour un embargo total et immédiat tandis que l’Allemagne et l’Italie, plus dépendantes du gaz russe, rechignent. En l’absence d’un consensus, la seule mesure plausible demeure une réduction des achats d’hydrocarbures russes.
Ce nouveau train de sanction fera-t-il fléchir Moscou et son déchaînement guerrier ? Les trois précédents n’y ont rien changé. En revanche, ils ont déjà porté un coup à l’économie russe. Le rouble a perdu les trois quarts de sa valeur depuis le 24 février. Selon JP Morgan, qui a mis fin à ses activités dans le pays, le PIB russe devrait dévisser de -35 % au second semestre.
Sophie Creusillet
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