Les Etats-Unis et la Chine sont parvenus à un accord partiel pour instaurer une trêve dans la guerre commerciale qu’ils se livrent depuis l’an dernier. C’est ce qu’il ressort notamment des déclarations du président américain Donald Trump le 11 octobre, qui a assuré que les « relations avec la Chine sont très bonnes », à l’issue de deux jours de pourparlers à Washington entre négociateurs chinois et américains, en présence du vice-Premier ministre chinois Liu He.
Cette « trêve commerciale » doit cependant être confirmée officiellement. Cet accord et en effet un accord « de principe » qui doit être formalisé d’ici « trois ou quatre semaines », selon le président américain, de nombreux commentateurs pariant sur une signature en grande pompe mi-novembre, en marge du prochain sommet de l’Association des pays riverains du Pacifique (APEC / Asia-Pacific Economic Cooperation ).
Quel est le contenu de cet accord ?
Achat agricoles contre annulation des nouveaux droits de douane
Deux engagements sont concrets, le reste étant renvoyé à des négociations futures.
Selon la presse économique internationale, qui se fonde essentiellement sur les déclarations de la partie américaine – qu’il s’agisse du président, de son représentant au Commerce Robert Lighthizer ou de son secrétaire d’Etat au Trésor Steven Mnuchin-, le seul engagement concret obtenu de la Chine concerne sa promesse d’acheter de 40 à 50 milliards de dollars de produits agricoles américains.
En contrepartie, le président américain a annoncé, dès le 11 octobre, son accord pour l’annulation de la nouvelle vague d’augmentation des droits de douane de 5 % (de 25 à 30 %) sur 250 milliards de dollars de produits chinois, prévue pour le 15 octobre, et dont il brandissait la menace depuis fin août, en marge du G7 de Biarritz.
Cette annulation ne concerne pas, a priori, la vague suivante à partir de mi-décembre, qui doit toucher près de 156 milliards de produits de consommation dont l’augmentation des droits de douane de 10 à 15 % avait été retardée pour ne pas perturber les achats de Noël.
S’il était confirmé par Pékin, il s’agirait d’un quasi doublement des achats chinois dans cette catégorie de produit aux Etats-Unis : en 2017, avant le déclenchement des hostilités commerciales par Donald Trump, les importations chinoises de produits agricoles américains atteignaient de l’ordre de 21 milliards de dollars par an, tombés à environ 9 milliards en 2018.
De quoi justifier, le 12 octobre, un Tweet triomphant de Donald Trump en pleine campagne pour sa réélection, alors que les agriculteurs américains croulent sous les stocks de soja depuis la réduction drastique des achats chinois en rétorsion à la guerre des tarifs du président américain. « L’accord que je viens de conclure avec la Chine est, de loin, l’accord le plus important et le plus gros jamais conclu pour nos grands agriculteurs patriotes dans l’histoire de notre pays ».
Dans un autre Tweet le 13 octobre, le président américain a assuré que cet engagement été à effet « immédiat », et que la Chine avait d’ores et déjà commencé à augmenter ses achats : « Mon contrat avec la Chine est qu’ils vont commencer immédiatement à acheter de très grandes quantités de nos produits agricoles, sans attendre la signature de cet accord au cours des 3 ou 4 prochaines semaines. Ils ont déjà commencé ! ».
Les autres sujets renvoyés à de nouvelles négociations
Cet accord partiel serait la première étape pour un accord plus global dont beaucoup de clauses restent encore à négocier. Des avancées auraient été obtenues lors de ce dernier round de pourparlers à Washington selon les assurances fournies par les représentants de la délégation américaine. Mais peu de détails ont été fournis à ce stade.
La partie américaine aurait ainsi obtenu des gages de bonne volonté de la banque centrale chinoise concernant l’ouverture du marché chinois aux sociétés de services financiers américaines ainsi que des avancées pour obtenir plus de transparence dans la politique de taux de change.
Concernant les transferts forcés de technologies américaines, un accord serait également en vue, de même que dans le domaine de la protection de la propriété intellectuelle et du mécanisme de règlement des différends entre les deux pays.
Mais ces différents sujets sont renvoyés à de futures négociations. Ce qui incite certains commentateurs, à l’instar du très conservateur Wall Street Journal, à considérer que la Chine se sort victorieuse de cette « trêve commerciale américaine ».
Desk Moci