Dans notre nouvelle chronique des gagnants et des perdants de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine *, la France est à mettre, pour le moment, dans le premier groupe. Ces deux grands marchés font ainsi tous deux une percée dans le Top 10 des pays clients de la France selon les dernières statistiques des Douanes françaises, compulsées par la base données GTA (groupe IH Markit) spécialisée dans le commerce international de marchandises.
Ainsi, sur les 7 premiers mois de l’année 2019 (janvier-juillet), en comparaison de la même période de 2018, les États-Unis, avec 25,55 milliards d’euros (Md EUR) d’exportations françaises, se sont hissés du quatrième au deuxième rang du top 10 des clients de la France, derrière l’Allemagne (41,73 Md EUR). Ce, au détriment de l’Italie (22,99 Md EUR) et l’Espagne (22,81 Md EUR), rétrogradés respectivement troisième et quatrième.
Quant à la Chine, avec 12,16 Md EUR d’exportations françaises sur la même période, elle a ravi la septième place aux Pays-Bas (10,65 Md EUR). La Chine est devancée par la Belgique (20,34 Md EUR) et le Royaume-Uni (20,07 Md EUR), mais elle est devant la Suisse (10,46 Md EUR) et la Pologne (6,17 Md EUR).
La hausse des ventes de l’Hexagone aux États-Unis est confirmée par les statistiques douanières américaines. Ainsi, sur un montant global d’importations américaines de 1 289,55 milliards d’euros pendant les sept premiers mois de l’année, sa part de marché s’est élevée à 2,38 %, contre 2,09 % un an plus tôt. En valeur absolue, les achats à la France ont atteint 30,68 milliards d’euros, soit une augmentation de 21,85 %.
Avec l’ex-Empire du Milieu, le scénario est le même. Sur un montant d’importations chinoises de 1 033,69 milliards d’euros à fin juillet 2019, la part de marché de la France est passée à 1,59 %, au lieu de 1,37 % un an plus tôt. En valeur absolue, les approvisionnements de la Chine auprès de l’Hexagone ont atteint 16,39 milliards entre janvier et juillet de cette année, soit une progression de 20, 39 % par rapport à la période janvier-juillet 2018.
Forte accélération des ventes aéronautiques
De façon concrète, entre janvier et juillet 2019 par rapport à la période correspondante de 2018, les exportations françaises ont bondi de 16,44 % aux États-Unis et de 17,73 % en Chine. La France a bénéficié de la guerre commerciale entre les deux géants, mais sans doute pas de la même façon ou dans la même proportion.
Ainsi, s’il apparaît clairement que la France est un gagnant aux États-Unis, c’est moins évident en Chine. La raison en est le poids du poste Navigation aérienne et spatiale dans les exportations tricolores. Filière d’excellence de la France, l’aéronautique répond à des cycles longs, de la commande à la livraison, et leur comptabilisation dans les ventes n’a rien à voir avec une guerre commerciale relativement récente.
En Chine, l’aéronautique est depuis plusieurs années le premier poste d’exportation de la France. Sur les sept premiers mois de 2019, il a bondi de 52,5 % par rapport à la même période de 2018 pour représenter plus de 30 % des ventes globales de l’Hexagone.
Il pèse aussi lourd aux États-Unis, mais il n’y est que le deuxième secteur d’exportation, derrière la mécanique. Car si le poste Navigation aérienne et spatiale y a cru de près de 37 % pour représenter 12 % des ventes totales de la France dans ce pays sur les 7 premiers mois de l’année 2019, la mécanique a, elle, gagné près de 50 % pour constituer au final plus d’un quart des expéditions de l’Hexagone outre-Atlantique sur cette période.
D’autres secteurs progressent
Cette mise au point faite, la France a quand même – un peu – progressé dans d’autres domaines que l’aéronautique en Chine durant la même période, en particulier dans la mécanique (+ 9,45 %,), la pharmacie (+19,58 %) et la parfumerie-cosmétique (+ 46,53 %).
Aux États-Unis, l’Hexagone fait carton plein, puisque tous les secteurs sont en hausse : pharmacie (+ 21 %), boissons (+ 18 %), matériel électrique (+ 14,66 %), optique (+ 8,32 %), parfumerie-cosmétique (+ 1,7 %), etc.
François Pargny
* Prochaine chronique : gagnants et perdants dans les importations américaines, à paraître dans la Lettre confidentielle du 3 octobre