Le Mexique et le Vietnam sont les grands gagnants de la guerre commerciale que livre Washington à Pékin, avec de fortes progressions dans les importations des États-Unis sur les sept premiers mois de l’année 2019 (janvier-juillet). C’est le principal enseignement du deuxième volet de notre chronique sur les gagnants et les perdants de cette guerre commerciale, commencée avec la France dans la dernière édition de la Lettre confidentielle*.
La situation profite à tous les partenaires des États-Unis, sauf la Chine, selon les dernières statistiques douanières sur les sept premiers mois de l’année 2019 (janvier-juillet) compilées par la base de données GTA (groupe IHS Markit) spécialisée dans le commerce international de marchandises.
De façon concrète, la Chine, qui demeure le premier fournisseur des États-Unis avec 230,9 milliards d’euros (Md EUR), a perdu 6,57 % sur les sept premiers mois dans les importations américaines, en comparaison de la même période de l’année 2018. Les vingt pays qui suivent ont en revanche tous enregistré des progressions, notamment le numéro deux des pays fournisseurs, le Mexique, avec + 13,45 % par rapport à janvier-juillet 2018.
Il n’y a pas si longtemps Donald Trump s’était attaqué à ses voisins, le Canada et surtout le Mexique, accusés de profiter des largeurs de l’ancien Accord de libre-échange nord-américain (Alena), renégocié depuis et devenu l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC).
Accélération des achats d’automobile au Mexique
Aujourd’hui, le Mexique semble profiter de la guerre commerciale que livre Washington à Pékin, de même que le Canada (+ 5,64 %). Ces deux pays sont demeurés ainsi les deuxième et troisième fournisseurs de biens de leur grand voisin, avec des montants respectifs d’importations américaines de 185,9 Md EUR et 164 Md EUR.
En parts de marché, Chine, Mexique et Canada sont restés en tête des pays fournisseurs des États-Unis, avec, des taux de progression respectifs de 17,9 %, 14,4 % et 12,7 % sur les sept premiers mois de l’année, loin devant leurs suivants immédiats, Japon, avec + 5,9 %, et Allemagne, avec + 5 %.
Les produits chinois ayant subi les plus forts reculs dans les achats américains sont dans les catégories mécanique (- 13,42 %), équipements électriques (- 9,74 %), mobiliers (- 9,21 %) et automobile (- 7,61 %), alors que les jouets ont mieux fait que résister (+ 6,62 %), ayant bénéficié d’un répit tarifaire (report d’une surtaxe de 5 % au 15 décembre).
Concernant le Mexique, les achats américains d’automobile ont bondi de plus de 24 % sur janvier-juillet, alors que ce secteur était la principale cause du déficit américain, selon Donald Trump, avant la renégociation de l’Alena. Autres produits mexicains qui ont profité de la soif de consommation du grand voisin : la mécanique (+ 11,65 %), les équipements électriques (+ 6,76 %), l’optique (+ 17,57 %).
Les Américains, toujours aussi friands de biens étrangers
On aurait pu imaginer que les États-Unis, en conflit avec la Chine, leur premier fournisseur, mais pris dans la mouvance du America First qu’affectionnent Donald Trump et son administration, réduiraient globalement leurs achats à l’extérieur. Il n’en est rien, puisqu’au final ils ont cru de plus de 7 %, s’élevant ainsi à 1 289,55 Md EUR pendant les sept premiers mois de l’année. Les Américains consomment toujours autant de produits internationaux.
Outre le Mexique, d’autres nations comptent parmi les grands gagnants de la guerre commerciale : le Vietnam (+ 42 %), premier pays de délocalisation des entreprises chinoises exportant vers les États-Unis, Taïwan (+ 28 %), l’île rebelle, et les grandes plateformes de distribution mondiale en Europe, Pays-Bas (+ 38 %) et Belgique (+ 30 %). De façon globale, l’Europe tire son épingle du jeu, à l’instar de la France (+ 21,85 %).
Les importations américaines en provenance de l’Hexagone ont ainsi atteint 30,7 Md EUR entre janvier et juillet 2019, un chiffre un peu supérieur à celui des exportations françaises aux États-Unis pour la même période : 25,5 Md EUR, d’après les Douanes françaises (lire dans la LC n° 341 : « Guerre commerciale / Export (1) : la France fait partie des gagnants »).
Explosion des importations de matériel électrique du Vietnam
En juillet 2019, le Vietnam, qui était un an plus tôt le 12e fournisseur des États-Unis, s’est hissé au 8e rang, avec 31,9 Md EUR d’importations américaines, talonnant même le Royaume-Uni (32,46 Md EUR). Une telle ascension est due à l’explosion des achats américains de matériel électrique (+ 109 %).
À la 13e place, Taïwan, avec 27,3 milliards, a regagné du terrain sur l’Italie (29,8 Md EUR). Les Américains y ont augmenté leurs approvisionnements dans le matériel électrique (+ 18,7 %), la mécanique (+ 83,5 %) ou encore les ouvrages en fonte (+ 16,5 %) et l’automobile (+ 14 %).
Les pays du Benelux ont, pour leur part, fait leur apparition dans le Top 20 des pays fournisseurs du marché américain, les Pays-Bas en 18e position, avec 14,3 Md EUR, la Belgique en 20e position, avec 10,9 Md EUR. Les États-Unis se sont approvisionnés notamment en combustibles auprès des Pays-Bas et en produits pharmaceutiques auprès de la Belgique.
François Pargny
*Prochaine chronique : gagnants et perdants dans les importations chinoises, à paraître dans la Lettre confidentielle du 10 octobre.