Si le soutien public au grands contrats export ne couvre qu’une petite partie des exportations française -7,1 milliards d’euros garantis l’an dernier-, il n’en constitue pas moins un véritable baromètre de la compétitivité de l’offre industrielle française -et de sa diplomatie économique- dans les pays émergents. Or, ce baromètre est à la baisse : – 30 % pour les contrats conclus garantis en 2013, – 4,3 % pour l’encours, selon les chiffres livrés par la DG Trésor à huis clos aux milieux d’affaires le mois dernier.
Le problème vient-il du déclin de l’offre, non pas de financement, mais de projets d’exportation de grande envergure de l’industrie française ? Le fait est qu’en 2013, si la part du secteur de l’armement a continué sa chute tendantielle (à 800 millions d’euros), celle des fleurons de l’industrie civile aéronautique-spatiale-navale a aussi baissé (5,1 milliards, 1 milliard de moins qu’en 2012). Quant à la part du reste de l’industrie civile, avec 1,3 milliard, elle a mieux résisté (1,5 milliard en 2012) mais elle reste très en dessous du niveau atteint avant crise (2,4 milliards en 2008).
Cette tendance inquiète certains observateurs. « Elle sera préoccupante si elle se prolonge » confie ainsi à la Lettre confidentielle un observateur qui a participé à la réunion de Bercy. Car à Bercy, justement, on a toujours tendance à relativiser la signification de ces évolutions en mettant en avant des facteurs tels que l’irrégularité des grands contrats, qui se négocient parfois sur des années, la baisse de la demande des pays acheteurs, un meilleur financement par le marché ou via des syndications de banques. Autant de facteurs qui jouent un rôle, certes.
Il n’en reste pas moins que la baisse des encours garantis–en quelque sorte le stock de contrats en cours d’exécution- intervient alors qu’au plan mondial, ceux des autres assureurs-crédits export ne cessent d’augmenter : selon les chiffres de l’Union de Berne, ils ont atteint 656 milliards pour l’assurance-crédit export moyen/long terme –domaine d’intervention des garanties publiques Coface sur les grands contrats-, soit une hausse de 4,6 % par rapport à 2012 et de 12,3 % sur 2011. L’encours des contrats garantis par Coface pour le compte de l’État s’est établi à 61,2 milliards d’euros fin 2013, contre 64 milliards fin 2012.
Témoigne-t-elle d’une faiblesse dans le renouvellement des contrats en portefeuille, qu’atteste d’autre chiffres ? Ainsi, les 7,1 milliards d’euros de contrats conclus garantis par Coface pour le compte de l’État en 2013, le niveau reste en dessous des années d’avant-crise: il était de 7,4 milliards en 2008 et de 15,1 milliards en 2007… Quant aux promesses de garanties -c’est-à-dire concernant des contrats non encore conclus – leur montant a été divisé par trois depuis 2008 et avec 11,9 milliards d‘euros, il n’affiche qu’une faible progression de 2,5 % par rapport à 2012.
Christine Gilguy