« On apprécie la nouvelle modalité : elle permet d’adapter le dispositif à notre modèle, c’est du sur mesure ». Vice-présidente de la Région Grand Est en charge de la Compétitivité, du numérique et des filières d’excellence, Lilla Mérabet ne cache pas sa satisfaction face aux dernières annonces de réforme du dispositif national de soutien à l’export du Premier ministre*, avec la mise en place de « guichets uniques » pour l’accès aux aides à l’export s’appuyant sur une alliance Business France – CCI sous l’autorité des Régions.
Durant quelques mois, cette Région, dont le nouveau SRDEII (Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation) est en cours de mise en œuvre, avait mis en suspens la signature d’une nouvelle convention avec Business France, pour cause d’insatisfaction vis à vis de l’approche jugée trop standardisée de l’agence nationale sur certains dossiers. « Business France était trop sur un modèle unique, identique pour toutes les Régions, que l’on devait absorber tel quel, explique Lilla Merabet. Nous avions pris nos distances ».
Une nouvelle convention en chantier
La nouvelle approche proposée par le gouvernement dans le cadre de la réforme met le nouveau dispositif Business France-CCI au service des stratégies régionales et positionne Business France, dans ce cadre, davantage sur du conseil et du coaching, moins sur la ventes de prestations. Les Régions ont été consultées pour son élaboration, la concertation ayant été lancée par le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dès l’été 2017. Et elles ont donné leur accord**.
La donne a donc changé : le président de la Région Grand Est, Jean Rottner, a rencontré récemment les représentants de Business France à Paris pour faire le point, et une nouvelle convention a été mise en chantier. Elle s’appuie sur trois grandes orientations pour Business France : un accompagnement des dirigeants d’entreprises pour améliorer leurs performances à l’export, l’organisation de rendez-vous d’affaires qualifiés, et la participation d’entreprises régionales à des pavillons France sur les salons internationaux.
La CCI Grand Est partenaire stratégique
Ce nouveau partenariat avec Business France va compléter celui déjà noué avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Région Grand Est, qui, en tant que partenaire stratégique du conseil régional, a signé le 22 février une convention de coopération globale avec la Région, dont l’international n’est qu’un volet.
La CCI de Région, qui dispose d’une équipe de 38 conseillers CCI International sur tout ce territoire, s’est vue confier deux grandes tâches sur l’export : l’organisation des missions collectives de TPE et PME à l’étranger, dans le cadre d’un programme élaboré en concertation avec la Région et la préparation de nouveaux exportateurs, avec la mise en œuvre d’un programme de diagnostics export et de conseil stratégique.
Dans le détail, la Région prendra en charge 100 % des frais liés au diagnostic et au conseil stratégique. Puis, si l’entreprise participe dans la foulée à une mission collective, la Région prendra en charge 50 % du coût de cette participation. L’objectif fixé est de détecter ainsi 100 nouveaux exportateurs chaque année et de les mettre sur les rails de l’international. « Nous sommes dans une logique d’accompagnement dans la durée de ces nouveaux exportateurs » complète Didier Hoffmann, directeur de CCI International Grand Est.
Un nouveau dispositif de détection et de coaching
Un troisième outil va compléter cet arsenal : un nouveau dispositif de détection des entreprises ayant du potentiel de croissance à l’export associé à une offre de conseil stratégique pour celles qui seront séduite par le programme. « On voudrait que l’ADN de l’export entre dans les entreprises » confirme Lilla Merabet.
Le marché a été signé dans le courant du mois de février par les sociétés d’accompagnement à l’international Altios et exPorting. Il devrait être officialisé début mars.
« Amener dans les entreprises la conviction qu’il faut aller à l’export »
Ce dispositif à trois branches sera sous le pilotage d’une petite équipe au sein de l’administration régionale, réunie dans un service dénommé « Be Est Export », un nom qui reprend le slogan « Be Est », la nouvelle marque ombrelle de la Région pour sa stratégie de développement économique et d’attraction des investissements.
Il s’intègre dans la stratégie d’internationalisation du Grand Est, dont l’objectif global est d’augmenter le nombre d’exportateurs, et l’internationalisation des PME et TPE qui exportent déjà. « La Région veut investir l’argent publique pour amener dans les entreprises la conviction qu’il faut aller à l’export », souligne encore Lilla Mérabet. Dans le Grand Est, région frontalière de l’Allemagne, de la Belgique, du Luxembourg et de la Suisse, 45 % des entreprises sont sur du commerce transfrontalier, avec une forte proportion de commerce intra-groupe. « Il y a des marchés peu exploités », souligne l’élue.
Dans le cadre du SRDEII, une approche filière recentrée a été privilégiée, avec la définition de couples pays-secteurs. Mais il a été mis fin au saupoudrage. Trois grandes filières prioritaires ont été définies dans la nouvelle stratégie : agroalimentaire, santé et industrie manufacturière. « Nous allons finaliser avec la CCI des couples marchés/pays, et ensuite nous y enverrons les PME et TPE de façon préparée et organisée » précise encore l’élue. L’Afrique, notamment, pourrait faire partie des cibles où des efforts accrus seront engagés.
Christine Gilguy
*Spécial commerce extérieur : 19 mesures pour réduire le millefeuille et doper les exportateurs
**Les Régions apportent leur soutien à la réforme
Pour prolonger :
–Les CCI se réjouissent de la nouvelle alliance avec Business France
–Le président des CCE salut la réforme mais liste ses « points de vigilance »
–L’OSCI applaudit la « manière », reste prudente sur la mise en œuvre
–L’Etat veut aussi simplifier le millefeuille des filières sectorielles
Et aussi :
– Commerce extérieur : E. Philippe réunit l’écosystème à Roubaix pour présenter sa stratégie de soutien à l’export
– Commerce extérieur : en attendant de nouvelles « cathédrales industrielles »
– Commerce extérieur : le plongeon du déficit des biens plombe le bilan 2017
– Notre dossier paru fin novembre 2017 dans un numéro spécial du Moci (2048-2049) : 200 000 exportateurs en 2022, enquête sur un défi français