DHL vient de publier l’édition 2024 de son Global Connectedness Report (GCR) qui mesure la connectivité de chaque pays au reste du monde. Surprise : alors que les tensions géopolitiques s’enchaînent et que la conjoncture mondiale fait grise mine, la mondialisation continue de progresser.
« La démondialisation est actuellement un risque et pas une tendance », a résumé l’économiste Steven Altman, lors de la présentation de l’étude GCR 2024 de DHL, le 13 mars à Delhi. Pour ce professeur de l’université Stern, à New York, qui réalise tous les deux ans une étude sur l’état de la mondialisation, les discours de remise en question de ce modèle ne s’appuient pas sur les faits. L’analyse des échanges commerciaux, des flux de capitaux, d’informations et de d’êtres humains montrent en effet que la mondialisation a au contraire très bien résisté aux différentes crises qui ont bousculé le commerce international ces dernières années.
« Nous n’avons pas observé de transfert des échanges internationaux vers l’activité domestique, détaille l’économiste. De même, il n’y a pas de fracture du monde en fonction des lignes géopolitiques ou de régionalisation. » Les données économétriques de l’étude montrent que la mondialisation avait atteint un record en 2022 et que 2023 n’a pas démenti la tendance, malgré les turpitudes de ces dernières années : la crise sanitaire, les guerres en Ukraine et à Gaza, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, ou encore la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Les entreprises continuent de s’internationaliser
Après un ralentissement en 2023, la croissance des flux commerciaux internationaux devrait même passer la vitesse supérieure en 2024. L’internationalisation des informations continue de gagner du terrain même si les dernières données soulignent son essoufflement en raison d’une moindre collaboration en matière de recherche entre les États-Unis et la Chine. Du côté des entreprises, leur présence à l’international augmente, tout comme leurs ventes à l’étranger.
« Les derniers enseignements du rapport réfutent l’idée d’un renversement du cours de la mondialisation, commente le Pdg de DHL Express John Pearson. Loin d’être un simple mot à la mode, la mondialisation est une ligne de force qui a profondément façonné notre monde et qui recèle encore un grand potentiel ». Evidemment, la tendance est générale et tous les pays ne connaissent pas le même degré de mondialisation, loin s’en faut.
Singapour, pays le plus connecté au reste du monde
Sur les quelque 180 pays passés au crible, 143 pays ont vu leur connectivité mondiale augmenter, tandis que 38 seulement ont enregistré un recul.
L’Europe domine largement avec 17 pays dans le top 20. C’est pourtant un pays asiatique, Singapour, qui arrive en tête du classement dressé par DHL, suivi des Pays-Bas et de l’Irlande. La France perd deux places et se classe en 23ème position.
Si le rapport insiste sur l’absence de régionalisation des échanges internationaux, il souligne néanmoins le délitement des liens entre la Chine et les États-Unis ainsi que le déclin sans précédent de la connectivité de la Russie, qui perd 31 places et se voit reléguée au 91e rang de ce classement.
Les plus fortes progressions ont été enregistrées par la Lituanie (+ 13 places), la Macédoine du Nord (+ 17), le Brésil (+ 13), l’Arménie (+ 22), le Guyana (+ 40), la Tunisie (+ 16), le Costa Rica (+ 13), la Colombie (+ 15) et la Namibie (+ 27).
Quant à l’Inde, qui accueillait la conférence DHL organisée pour la publication de ce rapport, elle tient le 61ème rang, en progression d’une place depuis le classement précédent.
Sophie Creusillet