Oui à des politiques environnementales ambitieuses si celles-ci ne menacent pas la réindustrialisation de l’UE . Tel est en substance le message répété ces dernières semaines par Antonio Tajani, le Commissaire à l’industrie, ouvertement favorable aux opportunités qu’offre l’exploitation du gaz de shiste en Europe. Il mène ainsi campagne pour peser sur la Commission européenne au moment où celle-ci planche sur un projet de cadre législatif pour l’exploitation du gaz de schiste, attendu pour octobre.
Alors que cette question divise aujourd’hui les Européens, tant dans les Etats membres qu’au sein même de l’exécutif à Bruxelles, le Commissaire italien tente de rallier les indécis à sa cause « pour défendre la compétitivité du continent laminée », selon lui, par des coûts énergétiques prohibitifs. « Nous sommes confrontés à un massacre industriel systémique », déplorait-il au début du mois dans un entretien au Daily Telegraph, prévenant que la ruée vers les énergies renouvelables pousse les coûts de l’électricité dans l’UE à des niveaux intenables et l’empêche de rivaliser avec les États-Unis, dont l’économie est relancée par la révolution du schiste.
Décrié par les écologistes, Antonio Tajani a récemment trouvé un allié en Pologne. Lors d’une réunion en marge du 3ème Congrès des PME, la semaine passée, le Président Bronislaw Komorowski a ouvertement affiché son soutien à la campagne discrète du Commissaire italien. Son pays, dont les immenses réserves de schiste ouvrent des perspectives dorées pour son économie, espère ainsi peser sur un texte en préparation au sein de la Commission européenne. Celle-ci doit en effet présenter, dans le courant du mois d’octobre, un projet de cadre législatif pour régir dans l’UE l’exploitation de cette source alternative.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles