Malgré une contraction globale de 7 % des activités de fusions et acquisitions en 2012, les investissements en Afrique ont augmenté de 71 % par rapport à 2011, rapporte le cabinet d’avocats d’affaires international Freshfields
Bruckhaus Deringer dans une analyse sur les fusions et
acquisitions en Afrique réalisée au cours des dix dernières années.
Avec 141 transactions effectuées sur la dernière décennie, – dont l’acquisition en 2007 par Lafarge de l’Egyptien Orascom Cement – la France est le deuxième investisseur non africain en Afrique. Au total, l’Hexagone a investi 30,5 milliards de dollars en Afrique en l’espace de 10 ans.
Sur la première place du podium se trouve néanmoins le Royaume-Uni avec 437 transactions pour un montant de 30,5 milliards de dollars. La Chine arrive troisième avec 49 transactions d’une valeur de 20,8 milliards de dollars.
L’Egypte (21,8 milliards de dollars), le Maroc (4,9 milliards de
dollars) et l’Afrique du Sud (2,19 milliards de dollars) sont les
principales destinations d’investissements des entreprises
françaises, alors que les entreprises internationales ont tendance à
plébisciter en premier lieu l’Afrique du Sud.
Par secteurs, les entreprises françaises ont largement investi (en valeur) au cours des dix dernières années dans les entreprises africaines de matériaux de construction et les réseaux télécoms sans fil. Le secteur bancaire a quant à lui attiré un grand nombre de transactions (18), devant le secteur pétrole et gaz (13 opérations).
Le marché africain attire de plus en plus d’investisseurs étrangers
Hormis le Royaume-Unis, l’Hexagone et l’empire du Milieu, les investisseurs internationaux sont nombreux à investir en Afrique. L’analyse du cabinet d’avocats observe que les investisseurs non africains génèrent en moyenne 50 % de l’activité de fusions et acquisitions en Afrique, soulignant leur intérêt grandissant pour cette région du monde, où ils trouvent de nouveaux relais de croissance.
«
[…] Les investisseurs internationaux, issus de pays où les perspectives
de croissance sont faibles, y voient tout d’abord un potentiel de
croissance avec l’émergence d’une classe moyenne et une demande en
constante augmentation. L’environnement des affaires est aussi de plus
en plus favorable aux investisseurs, les gouvernement africains ayant
sensiblement amélioré leurs environnements réglementaires et réduit les
formalités administratives. », explique Hervé Pisani, associé du cabinet Freshfields.
Les ressources naturelles, 1er secteur destinataire des investissements
En ce qui concerne les pays d’Afrique ayant attiré le plus
d’investissements, arrivent en tête l’Afrique du Sud avec
59,1 milliards de dollars pour 836 transactions, puis l’Egypte (46,5 milliards de dollars et 266 transactions) et
le Nigeria (22,1 milliards de dollars pour 90 transactions). Au total, 2 417 opérations internationales ont
été réalisées en Afrique en 10 ans.
D’une manière générale, les investisseurs étrangers en Afrique ont privilégié les investissements dans les ressources naturelles (minerais, pétrole, gaz…). Le secteur de la métallurgie et des minerais a attiré à lui seul 33,9 milliards de dollars sur la dernière décennie totalisant pas moins de 752 transactions mondiales. « La richesse de ses ressources
naturelles fait de l’Afrique une destination clé pour les fusions et
acquisitions dans le secteur métallurgique et minier, en particulier à
un moment où les prix des matières premières sont si élevés par rapport
aux normes historiques – si ce n’est par rapport à leurs pics de 2008 et
2011 », explique Hervé Pisani.
Quant au secteur pétrole et gaz, il a attiré 29,6 milliards de dollars et enregistré 299 transactions.
Au total, 87,6 milliards de dollars (pour 1 190 transactions) ont été investis dans les ressources naturelles du continent africain sur les dix dernières années.
Les investisseurs s’intéressent également de plus en plus à la grande consommation (télécommunications, distribution, agroalimentaire…), un secteur qui commence à rivaliser avec les ressources naturelles et qui a attiré 58 milliards de dollars pour 569 transactions. De plus, l’étude souligne qu’en 2003, 1,9 milliard de dollars ont été investis dans cette filière contre 3,8 milliards de dollars pour l’année 2012. En 10 ans, les montants investis annuellement ont doublé.
« Nous pensons aussi que les insuffisances de l’Afrique en matière d’infrastructures représentent une opportunité majeure pour les investisseurs étrangers, et que l’émergence d’une classe moyenne alliée à la hausse du PIB par habitant vont permettre aux fusions-acquisitions dans la grande consommation de poursuivre leur expansion », poursuit Hervé Pisani.
Malgré les perspectives optimistes pour l’Afrique, les risques politiques et réglementaires persistent. L’Afrique du Sud, dont l’environnement d’affaires peut-être considéré comme plus familier et plus mature, reste le pays le plus attractif pour les investisseurs étrangers, conclut le cabinet Freshfields.
Venice Affre
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