Les coûts du transport maritime devraient progressivement s’aligner sur la demande mondiale, perturbée par l’inflation et la guerre en Ukraine, estime dans une étude de Container xChange, plateforme logistique de conteneurs allemande .
Hier 12 janvier, le Dry Baltic Index (l’indice du transport mondial de vrac sec) a effectué un plongeon à 980 dollars (USD), perdant plus de 700 USD en un mois. Cette dégringolade est le signe d’un ralentissement imminent des grandes économies et d’une demande internationale atone. A l’automne, l’OMC (Organisation mondiale du commerce), qui tablait encore sur une hausse de 3,4 % des échanges de marchandises en 2023 a revu ses prévisions drastiquement à la baisse : elles ne devraient finalement croître que de 1 %.
« Comme la croissance du volume des marchandises restera faible, le déséquilibre entre la demande et l’offre de services de transport de marchandises se poursuivra, anticipe le rapport de Container xChange sur les tendances 2023 de transport maritime. Les taux spot continueront à baisser en 2023 – du moins dans un premier temps – et il faudra un certain temps pour qu’ils se stabilisent. »
Tensions sur le stockage des conteneurs
Alors que le marché est aujourd’hui inondé de conteneurs, introuvables au plus fort de la crise sanitaire, les compagnies maritimes devrait soit réduite la capacité de leurs navires ou se contenter de traverser à vide. Conséquence : après une phase de stabilisation, qui n’est pas attendue avant le deuxième trimestre 2023, le transport maritime pourrait connaître une véritable « guerre des prix ».
Les taux des contrats à long terme repartiront à la hausse en 2023, mais de manière progressive, dans la maritime comme dans les autres modes de transport. A la suite des négociations, actuellement en cours, pour aligner les taux contractuels sur les taux spot, une remise à zéro devrait s’opérer. « En revanche, tant qu’un équilibre ne sera pas atteint entre l’offre et la demande, les transitaires privilégieront les contrats à court terme, souligne Container xChange. Lorsque les taux commenceront à se stabiliser, les contrats à long terme deviendront populaires. »
Par ailleurs, les espaces de stockage de conteneurs, actuellement congestionnées, le resteront les premiers mois de l’année. « La faiblesse de la demande, l’approche du Nouvel An chinois et l’inflation maintiendront les volumes de ramassage à un faible niveau, créant ainsi un environnement de prix difficile pour les conteneurs. » Des frais de stockage plus élevés seront pratiqués pour éviter les dépassements d’échéances.
Le rapport de force va tourner à l’avantage des chargeurs
Après quasi trois années exceptionnelles, le rapport de force entre les transporteurs et les chargeurs est appelé à s’inverser.
« Les transporteurs devront s’adapter à nouveau à des marges plus faibles en raison d’un équilibre différent entre l’offre et la demande, anticipe Ruben Huber, directeur d’OceanX, cité par Container xChange. De nombreux clients, contraints à des contrats aux coûts élevés pendant le cycle haussier, prendront leur revanche dans le cycle baissier. Et des pressions réglementaires, suite à des profits excessifs, pourraient apparaître en plus de cela, que ce soit par le biais d’organismes comme le FMC, l’UE ou le MOC chinois, qui examinent chacun des exemptions d’alliance, de nouvelles réglementations fiscales, ou des cas de jurisprudence issus de plusieurs plaintes déposées par des expéditeurs auprès de différentes institutions. »
Au-delà de la questions des coûts de transport, l’inflation et la menace d’une récession constituent la principale crainte pour 2023 pour 88 % des responsables de chaînes logistiques interrogés par Container Xchange. Suivent les conséquences de la guerre (57 %), l’impact du Covid-19 en Chine (53 %) et les grèves (23 %).
Sophie Creusillet