Quoi de plus naturel pour les Pays-Bas, où 27 % des déplacements sont effectués en bicyclette, que d’accueillir le départ du Tour de France ! En lançant la Grande Boucle 2015, le 4 juillet à Utrecht, en présence d’Emmanuel Macron, ministre français de l’Économie, de l’industrie et du numérique au centre de cette nation pionnière du vélo comme moyen de transport urbain, l’organisateur ASO donnait un nouveau coup de pédale aux relations bilatérales, après l’ouverture, la veille, de l’année économique franco-néerlandaise (deuxième semestre 2015-1er semestre 2016).
Au Royaume de la petite reine, Emmanuel Macron, en déplacement sur place les 3 et 4 juillet, a reçu le soutien d’une solide équipe de ministres des Pays-Bas : pas moins de six membres de l’exécutif néerlandais l’ont accompagné à La Haye, dont Henk Kamp, homologue d’Emmanuel Macron, également présent à Utrecht le lendemain. Les Pays-Bas, s’apprêtant à accueillir l’Euro 2016 de football pendant sa présidence de l’Union européenne (1er semestre 2016), un séminaire sur le sport, suivi de rencontres B to B, était organisé, la veille du « contre la montre » à Utrecht, par la Chambre de commerce néerlandaise, Business France et Enterprise Europe Network (EEN).
Le ministre français évoque un projet de French Tech Hub
Bien plus rapide que le vélo, les avions de la compagnie Fokker. Après un déjeuner de travail en présence du P-dg Hans Büthker, le 3 juillet, Emmanuel Macron a visité les installations du groupe néerlandais, qui coopère avec les grands fabricants français (Airbus, Dassault…).
Dans la foulée, un autre séminaire sur l’innovation et le numérique s’est tenu le même jour, en présence d’Henk Kamp. Selon Bernard Boidin, chef du Service économique de La Haye, « la France n’est pas toujours vue comme un pays innovant et réciproquement, ce qui n’est pas la réalité ». En particulier, souligne-t-il auprès de la Lettre confidentielle, « les Pays-Bas possèdent des universités, des centres de recherche et des entreprises de qualité. Et nous estimons qu’il faut renforcer les coopérations en matière d’innovation et de développement de startups ».
C’est pourquoi, à l’occasion de son séjour, Emmanuel Macron aurait évoqué l’établissement d’une plateforme labellisée French Tech Hub à Amsterdam. Pendant l’année économique franco-néerlandaise, une rencontre bilatérale sur l’innovation dans la capitale néerlandaise serait déjà en préparation en partenariat avec French Tech, afin d’appuyer les champions et valoriser l’expertise française.
La présidence néerlandaise de l’UE est aussi une occasion parfaite d’accélérer dans la digitalisation de l’industrie et le développement des startups dans le cadre du plan Juncker, programme d’investissements du nom du président de la Commission européenne. La Haye et Paris veulent aussi en 2016 aborder des questions d’intérêt partagé, comme la simplification règlementaire et administrative, la propriété intellectuelle ou la responsabilité sociale et environnementale (RSE), une priorité de la présidence néerlandaise. En décembre, les Pays-Bas abriteraient une grande conférence sur les chaînes de valeur mondiale, à laquelle est invité le secrétaire d’État français au commerce extérieur, Matthias Fekl. De même, des séminaires en France et aux Pays-Bas et des délégations du secteur privé devraient être pilotés par les deux patronats, Medef et VNO-NCW.
La transition énergétique, un gros enjeu pour La Haye
Enfin, les Pays-Bas ont toujours été en pointe en matière d’environnement. Une conférence Erasme-Descartes sur la croissance verte et la transition énergétique est prévue le 30 octobre à Amsterdam. D’abord, Paris estime qu’il y a de nombreuses expertises en matière d’économie circulaire dans les deux États européens et qu’il faut multiplier les partenariats dans ce domaine. Ensuite, l’énergie est un sujet fondamental pour les deux partenaires et ce n’est pas le hasard si Emmanuel Macron s’est rendu, le 4 juillet, en mer du Nord sur une plateforme du groupe Engie.
« L’énergie, c’est un lien traditionnel entre la France et les Pays-Bas », confirme Bernard Boidin. Et « dans l’éolien offshore, il y des projets dans les deux États. Et aux Pays-Bas, notamment, on s’attend dans les prochains mois à des appels d’offres pour une valeur globale de 5 milliards d’euros », confie-t-il à la LC. Grand pays gazier, le petit Royaume au nord du continent a, néanmoins, besoin d’énergies renouvelables. L’extraction du gaz naturel du gisement de Slochteren, près de Groningue, est à l’origine de secousses sismiques à répétition. Et en 2014, alors que ce gisement sortait 50 milliards de m3 par an, le gouvernement a annoncé une réduction de la production de 10 % par an.
François Pargny