Le commerce bilatéral franco-marocain évolue en défaveur de la France, avec un excédent en chute libre cette année, notamment en raison de la montée en puissance des exportations automobiles en provenance de la plateforme de Tanger Med, où produit Renault. Du coup, la France cherche a relancer les exportations françaises, notamment celles des PME. C’était du reste l’un des sujets de la visite de Matthias Fekl au Royaume les 21 et 22 octobre, dans la suite de la récente visite du président Hollande (19-20 septembre), à l’occasion de l’ouverture du grand salon Pollutec de Casablanca, où Business France a organisé un gros pavillon national (73 entreprises).
Côté commerce extérieur, les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’excédent commercial français vis-à-vis du Maroc s’est transformé en déficit cet année. Sur les 8 premiers mois de l’année (janvier-août) 2015, le déficit bilatéral cumulé a atteint -203,889 millions d’euros, alors que les échanges étaient encore excédentaires l’an dernier (+154,794 millions d’euros), certes avec une tendance très accélérée à la réduction de l’excédent en faveur de la France. Ce dernier dépassait le milliard d’euros en 2010 (1,15 milliard)…
Au textile et aux produits agricoles et alimentaires, secteurs traditionnellement fortement déficitaires pour la France, s’ajoutent désormais l’automobile (dont le déficit a doublé, passant de -100,6 à -256,6 millions d’euros entre 2013 et 2014). Les exportations marocaines de produits du secteur automobile vers la France connaissent des taux de croissance à deux chiffres : cumulées sur les 8 premiers mois de l’année 2015 (janvier-août), elles ont bondi de 34,47 % par rapport à la même période de 2014 pour atteindre 456,972 millions d’euros…
Mise en place d’une ligne de crédit export de 25 millions d’euros en faveur des PME
De quoi occuper les échanges prévus à l’agenda du secrétaire d’Etat français, notamment avec Moulay Hafid EL Alamy, ministre du Commerce, de l’industrie et de l’économie numérique.
Mais Paris a aussi décidé de booster ses PME avec de nouveaux financements export : Matthias Fekl a ainsi parrainé le lancement par la Direction générale du Trésor français et la Caisse centrale de garanties (CCG) marocaine d’une ligne de crédit de 25 millions d’euros. Elle doit permettre de financer l’achat par les PME marocaines de biens et services en France –la part française doit être a minima de 70 %– pour la réalisation de projets « s’inscrivant dans les priorités de développement économique du Maroc, en particulier l’Afrique et les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire ».
Une ligne de garantie française a parallèlement été créée au sein du Fonds marocain de garantie PME géré par la CCG. Elle bénéficie non seulement aux projets d’acquisition de matériels français par les PME marocaines, mais aussi au « développement de coentreprises franco-marocaines». Le contact pour ces deux lignes de crédit et garantie est la DG Trésor française*. Par ailleurs, un contrat d’aide à l’identification de PME à fort potentiel entre Bpifrance et la CCG doit permettre de renforcer la coopération entre les deux banques publiques.
Côté promotion du Made in France, lors de sa visite, le secrétaire d’État français a aussi assisté à Casablanca, le 21 octobre, à l’inauguration du pavillon France sur le salon Pollutec, où quelque 70 PME françaises exposaient. Il devait aussi assister à la première présentation à l’international du démonstrateur 3D de projets de ville durable « Astainable » développé par le consortium Eiffage/Egis/Engie pour appuyer les offres et savoir-faire français dans le domaine du développement urbain sous la marque ombrelle « Vivapolis ». Le réseau du tramway, à la veille de la livraison par Alstom de cinquante nouvelles rames (évaluée à 100 millions d’euros), était au menu d’un entretien avec le Wali Khalid Safir.
C. G.
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