Personne ne dira qu’il est facile de lancer une affaire au Tadjikistan. Et pourtant, une vingtaine d’entreprises françaises y ont posé le pied : Vinci, Total, Auchan, Nutristar, Legrand, la fondation Mérieux, Michelin… Et ce malgré l’enclavement, le pays se situant au fin fond du continent eurasien à la frontière de l’Afghanistan et de la Chine, la pauvreté de la plupart de ses 8 millions d’habitants, la corruption… et un Comité des taxes qui interprète la loi un peu trop à sa guise.
« Un des avantages est que nous arrivons dans un pays où il n’y a pas encore de supermarchés, où il n’a que des mini-markets; notre ambition est donc d’apporter un plus et en même temps de toucher toute la population », explique Frédéric Lobbé, le directeur général de Schiever-Tadjikistan qui doit ouvrir d’ici la fin de l’année un « Auchan – City » de 5 000 m² à Douchanbé.
Le projet tient du pari : la filiale d’Auchan doit relever de lourds défis logistiques, créer ou encourager la création d’un certain nombre de filières alimentaires, former des cadres dont le pays manque cruellement. Sans parler de faire face à la crise économique qui frappe le pays depuis quelques mois, laquelle est une répercussion de celle qui sévit en Russie. Schiever-Tadjikistan a choisi de conserver 51% des parts de la société locale et de s’allier à la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) et à un partenaire local.
« Je recommande à nos entreprises de si possible venir au Tadjikistan dans le cadre d’un projet soutenu par un grand bailleur de fonds international et de s’attacher les services d’un cabinet d’audit, considère pour sa part l’ambassadeur de France au Tadjikistan, Didier Leroy. Mais je crois qu’il faut venir. La concurrence est absente de beaucoup de secteurs et il y a tant à faire ici ».
Le pays tente péniblement d’améliorer une image peu reluisante où l’économie est dominée par les membres de la famille présidentielle. « Nous faisons de gros efforts pour améliorer le climat d’affaires, limiter notre bureaucratie, moderniser le fonctionnement de notre économie », plaide néanmoins Lochin Fayzoullozoda, premier vice-président du Comité d’Etat pour les Investissements.
Régis Genté, à Douchanbé