Les tensions entre le Mexique et les États-Unis de Donald Trump, à peine apaisées par l’accord conclu entre les deux pays sur la renégociation de l’Alena (Accord de libre-échange nord américain), ont créé un contexte favorable pour de nouvelles ouvertures de la part d’industriels mexicains très remontés contre leur grand voisin. De fait, Business France organise, les 24 et 25 octobre 2018, à Monterrey, capitale industrielle du Mexique (5 millions d’habitants pour l’agglomération), un forum d’affaires destiné à promouvoir l’offre française en matière d’industrie du futur (modélisation 3D, réalité virtuelle, maintenance prédictive, cybersécurité, etc.) et d’efficacité énergétique.
« Nous bénéficions d’un effet répulsif Trump très fort », explique Philippe Garcia, directeur de Business France au Mexique. Le Mexique a été, d’un point de vue chronologique, la première cible. Des entreprises mexicaines ont boycotté des produits américains. Par ailleurs, comme dans d’autres pays d’Amérique latine, l’image et l’attractivité de la France se sont améliorées depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron. « Les entreprises françaises ont une vraie fenêtre d’opportunités », estime-t-il encore.
Cette manifestation comportera des rendez-vous d’affaires avec des décideurs mexicains de haut niveau. Le lieu choisi s’explique par l’existence de puissants mastodontes industriels, dont certains sont présents en France avec des unités de production (Cemex, Mexichem, Bimbo). Des experts de Business France à Mexico ont rencontré ces grands groupes au cours des derniers mois et ont établi une cartographie précise de leurs besoins.
Concurrence américaine et allemande
Deuxième puissance industrielle d’Amérique latine après le Brésil, le Mexique veut s’engager dans la révolution digitale et les économies d’énergie. « L’énergie est encore un poste de coût important pour les entreprises mexicaines », souligne Philippe Garcia. L’état du Nuevo Leon, dont Monterrey est la capitale, a lancé le programme « Nuevo Leon 4.0 » pour impulser cette transformation qui ne pourra se faire qu’avec des produits et des services étrangers.
Le forum est bienvenu car la concurrence est forte. Bien évidemment, les entreprises américaines bénéficient d’une bonne connaissance du tissu et de la proximité géographique : Monterrey est à 200 km de la frontière avec les Etats-Unis. Mais les allemands sont très agressifs. Le Mexique a été le pays invité de l’édition 2018 de la Foire de Hanovre et l’Allemagne en a profité pour promouvoir son concept d’ « industrie 4.0 ».
Rendre l’offre française plus visible de façon collective
Mais, comme au Brésil, l’offre allemande ne convainc pas entièrement et les industriels mexicains sont ouverts à d’autres propositions: leur objectif est d’identifier les solutions les plus performantes, indépendamment de leur origine nationale. Une vraie bataille est engagée pour positionner l’offre française et les dimensions communication, promotion et lutte d’influence sont des éléments clés de la réussite.
L’offre française est déjà présente au Mexique et l’objectif du forum est, précisément, de la rendre plus visible de façon collective. Plusieurs grands groupes français actifs au Mexique (Dassault Systèmes, Capgemini, Engie, Metron, Suez, Atos et Fives) sont partenaires du forum. Un projet est en cours en vue d’installer, au cœur du Parc de recherche et d’innovation technologique (PIIT) de Monterrey, un centre d’innovation et de transformation digitale, qui serait piloté par Dassault Systèmes.
Le moment est donc très favorable et l’administration française est fortement mobilisée, à commencer par l’ambassadrice de France, Anne Grillo, qui agit de manière active sur le terrain pour la promotion des entreprises françaises. Christophe Lecourtier, directeur général de Business France sera présent à Monterrey.
Daniel Solano