Une campagne présidentielle est un moment propice pour faire connaître les attentes d’une filière aux candidats. France Logistique n’a pas manqué cette occasion. Elle a dévoilé le 8 février 12 propositions et un livre blanc « au service d’une France performante ».
Anne-Marie Idrac, ancienne ministre des Transports et du Commerce extérieur, ne boude pas son plaisir : en deux ans à peine, l’association qu’elle préside, France Logistique, s’est imposée comme « l’interlocuteur de référence des pouvoir publics » dans le domaine clé mais longtemps négligé de la logistique.
A tort : au-delà de ce que pèse ce secteur (10 % du PIB, 1,8 million d’emplois, une flotte de 600 000 poids-lourds), c’est son rôle stratégique qu’a révélé la crise sanitaire pour maintenir les flux approvisionnement essentiels en plein confinement. « Téléporter les marchandises, ça n’existe pas », a souligné la présidente de France Logistique, allusion à la généralisation du télétravail durant ces périodes.
Finie l’organisation en silos, place à la « chaîne »
Face aux enjeux de compétitivité internationale et de transition énergétique, finie l’organisation en silos, place à la « chaîne » : au sein de l’organisation, les syndicats et fédérations de chargeurs (AUTF, CGI) collaborent avec les transporteurs et prestataires (FNTR, OTRE, TLF/TLF Overseas) et les gestionnaires d’entrepôts (Afilog).
Avec un cap directement inspiré des recommandations du fameux rapport Hémar / Daher de septembre 2019, à l’origine d’un nouveau plan d’action du gouvernement lancé par l’ancien Premier ministre et maire du Havre, Edouard Philippe, visant à redresser la compétitivité de la place logistique française.
Anne-Marie Idrac, sans aucun doute grâce à son sens politique et à sa fine connaissance des enjeux du secteur, a su transformer l’essai.
Mise en place d’une Task Force « verdissement du transport routier », signature d’une charte « logistique durable », participation à l’élaboration de la nouvelle stratégie nationale du fret ferroviaire, remise du rapport sur la logistique urbaine durable, lancement de conférences logistiques régionales, appel à projets logistique doté de 90 millions d’euros par l’Etat…
« Toutes ces actions, ce sont des premières » s’est réjoui l’ancienne patronne de la SNCF. C’est aussi le cas de ces propositions, consignées dans un livre blanc, destinées aux candidats aux élections présidentielles et législatives.
Pour une « gouvernance politique forte »
de la stratégie logistique
Les propositions faites aux candidats à la présidentielle et aux législatives visent manifestement à maintenir cette dynamique de reconnaissance, de visibilité et de transformation en faisant entendre la voix de la chaîne logistique.
Elles sont regroupées en quatre grands axes.
Le premier est d’installer une « gouvernance politique forte » pour porter les ambitions logistiques françaises. Anne-Marie Idrac n’a pas caché que ses modèles, en la matière, sont la Belgique et les Pays-Bas, dont les poumons sont les ports de commerce d’Anvers et de Rotterdam. « Ils font travailler ensemble tous les acteurs » lorsqu’il s’agit de parler transport et foncier. Concrètement, France Logistique souhaite poursuivre le co-pilotage de la nouvelle stratégie logistique avec le gouvernement et renforcer les capacités de coordination interministérielle, notamment avec la présidence effective du CILOG par le Premier ministre, une pique à l’actuel chef du gouvernement.
Deuxième axe, augmenter la contribution de la filière au service de la transition écologique mais avec une vision globale à 360 ° des impacts, sans isoler les sujets les uns des autres. Parmi les recommandations concrètes, la mise en place d’une planification des implantations logistiques – inexistante actuellement-, l’accompagnement de la transition écologique du transport routier ou encore la facilitation du transport multimodal en jouant en priorité sur la qualité des sillons ferroviaires et la desserte de l’hinterland des ports.
Troisième axe, améliorer l’utilisation des chaînes de transports et logistiques françaises pour développer l’économie. Dans ce cadre, France logistique demande notamment le rétablissement de conditions équitables de concurrence (40 % du transport routier en France est assuré sous pavillon étranger, les ports français tout comme les aéroports, perdent des parts de marchés au profit de leurs voisins européens). Cela passe par une harmonisation des règles sociales et fiscales à l’échelle européenne, mais aussi une simplification des réglementations françaises.
Enfin, quatrième axe, améliorer l’attractivité de la filière vis-à-vis des jeunes, alors que de nombreux métiers peinent à recruter et que la pyramide des âges est défavorable. La logistique crée quelque 30 000 postes par an, beaucoup ne sont pas pourvus.
A suivre.
Christine Gilguy
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