Le 20e anniversaire, le 24 mars, du Comité économique franco-japonais (CEFJ), fondé en 1997 à l’initiative de la CCI Paris Ile-de-France, tombe à pic pour le Japon, qui s’inquiète des conséquences du ‘Brexit’ et de la politique commerciale de l’Administration Trump (rejet du partenariat trans-pacifique, volonté protectionniste). En effet, l’ambassadeur du Japon à Paris, Masato Kitera, qui a présenté ses lettres de créances à François Hollande en juillet 2016, connaît bien la France. Cet ancien élève de l’École nationale d’administration (Ena) en 1977, qui fut également chercheur invité à l’Ifri (Institut français des relations internationales), s’exprime dans un parfait français, ce qui est un atout au moment où Tokyo cherche à accélérer, dans un climat peu favorable, les négociations avec l’Union européenne pour aboutir à un accord de libre échange (ALE).
Un partenariat d’excellence dans l’automobile
Profitant de la célébration des 20 ans du CEFJ, le premier représentant du pays du Soleil Levant dans l’Hexagone a rappelé les grands « tournants » des relations entre Tokyo et Paris depuis la visite d’Etat de François Mitterrand en avril 1982. La dernière en date, celle de François Hollande l’an dernier, a donné lieu à une déclaration pour un nouveau partenariat et une feuille de route à cinq ans (2013-2018), prévoyant notamment des partenariats dans la science, le nucléaire civil et l’énergie.
Entre 1982 et 2016, l’ambassadeur n’a pas manqué de rappeler le voyage présidentiel de Jacques Chirac – dont on connaît la passion pour le Japon – fin 1996 – coïncidant avec la création du CEFJ – et l’alliance nouée entre Renault et Nissan en 1999, dont « l’un des artisans », le P-dg du constructeur français à l’époque, Louis Schweitzer, est aujourd’hui le représentant du gouvernement français pour le partenariat avec le Japon.
Selon l’ancien patron français, « le partenariat entre les deux groupes a été profitable, parce qu’en dehors des valeurs fondamentales que partagent les deux pays il y eu de part et d’autre le respect des cultures et de l’autonomie ». C’est, pour lui, ce qui a permis « de remarquables investissements industriels ». A l’exemple de celui de Toyota, de plus d’un milliard d’euros pour fabriquer plus de trois millions de Yaris depuis l’ouverture, le 1er janvier 2001, de son usine à Valenciennes. « C’est une success-story franco-japonaise, mais c’est du Made in France exporté en Europe et en Amérique du Nord », a souligné Junji Niwa, Senior vice president de Toyota Motor Manufacturing France (TMMF), qui a encore indiqué, qu’après avoir augmenté « la capacité de production de 150 000 à 270 000 voitures », l’objectif était maintenant « de fabriquer 300 000 véhicules en 2020 ».
Pierre Hermé, une maison franco-japonaise
En vingt ans, le Comité économique franco-japonais « a grandi », a rappelé son président Didier Kling, également à la tête de la CCI Paris-Ile-de-France. Il compte aujourd’hui 150 membres français et japonais, qui bénéficient de différents services (forums, colloques…). Parmi eux, la maison Pierre Hermé, créée par le célèbre pâtissier en 1998 avec son associé Charles Znaty. « C’est grâce au CEFJ que nous avons inauguré notre première boutique au monde à Tokyo en 1998, soit trois ans avant Paris », a relaté Charles Znaty le président de l’entreprise. Aujourd’hui, a-t-il précisé, « nous sommes autant une société française que japonaise et investissons autant dans les deux pays ».
Comme toutes les entreprises françaises, Pierre Hermé se prépare pour les Jeux Olympiques, qui se tiendront en 2020 à Tokyo. Pour autant, Bernard Delmas, le président de CCI France Japon, qui soutient le CEFJ, a aussi insisté sur la Coupe de monde de rugby qui se tiendra dans une dizaine de villes nipponnes en 2019, avec, à la clé, la construction de nombreux stades.
Masato Kitera a encore mis en valeur « la vague numérique » qui déferle sur son pays, qu’il a qualifiée de « quatrième révolution industrielle », citant notamment l’annonce récente par Fujitsu d’engager en France 50 millions d’euros dans la création d’un centre de recherche et le développement de l’intelligence artificielle. « Nous fêterons, s’est encore félicité l’ambassadeur, 160 ans de relations diplomatiques bilatérales l’an prochain, en même temps que le lancement de l’organisation en France d’une série de manifestations culturelles sur le thème Japonismes 2018 ».
François Pargny
Pour prolonger :
-Japon / UE : en tournée européenne, Shinzo Abe défend le libre-échange
–UE / Japon : Bruxelles et Tokyo poussent à la conclusion d’un accord de libre-échange en mars
–UE / Japon : un accord de principe possible début 2017 sur le dossier du libre-échange
–Habillement / Export : les secrets de longévité de Mode in France Tokyo, success story de la French touch au Japon