Aux antipodes, c’est le beau fixe. De retour d’Australie, Guillaume Pepy, président du conseil de chefs d’entreprises France-Australie de Medef International, se montre enthousiaste sur les relations entre les deux pays. La délégation qu’il emmenait est allée, du mercredi 1er au vendredi 3 mars, à Sydney, Adelaide, Melbourne, où elle a notamment rencontré les premiers ministres des Etats traversés. « Très belle délégation française » se réjouit le président de la SNCF. Elle comprenait des entreprises des secteurs de la défense et de l’espace (comme DCNS, Arianespace, Airbus, Assystem), des entreprises présentes dans les utilities (Suez, Veolia, Transdev, SNCF), d’autres dans l’énergie (Total, Engie), dans la high tech (Gemalto, Capgemini ou le spécialiste de l’internet des objets Sigfox), des ingénieries (Systra, Setec), des banques (Société générale , BNP, ou l’australienne ANZ). 25 entreprises en tout.
Or, dit Guillaume Pepy, « il y a un miracle économique australien : pas de dette, une croissance de 3 % par an depuis 25 ans, et 5,2 % de chômage ». Et il y a, dit-il , chez les Australiens, « un appétit de France ». D’autant plus aiguisé que ce qui se passe chez leurs grands partenaires historiques, Royaume-Uni ou Etats-Unis, « les interroge, du fait des incertitudes causées par le Brexit ou par l’élection de Donald Trump. »
De plus, le contrat géant signé en 2016 par DCNS pour la livraison de 12 sous-marins est venu tout accélérer*. Contrat que Guillaume Pepy résume d’une formule : « 50 ans, 50 milliards ». Et qui mobilise beaucoup d’entreprises au-delà de l’attributaire DCNS , dans l’électronique, l’ingénierie, ou la métallurgie, pour assurer la formation de ceux qui produiront les sous-marins à Adelaïde.
Enfin, relève Guillaume Pepy, l’offre française intéresse particulièrement les Australiens, « en transition d’une économie minière vers la haute technologie ».
Une « relation politique est au zénith »
Le contexte est d’autant plus favorable que la « relation politique est au zénith ». Avec un rôle très important joué par l’ambassadeur de France, Christophe Lecourtier, ainsi que par le représentant spécial du gouvernement français pour l’Australie, le franco-australien Ross McInness, président du conseil d’administration de Safran. La délégation du Medef s’est d’ailleurs mise dans le sillage d’une visite de Jean-Marc Ayrault, le ministre français des Affaires étrangères, venu en Australie pour reconduire le partenariat stratégique entre les deux pays signé en 2012. Avec de nouveaux objectifs : établissement d’une liaison aérienne directe ou de rencontres régulières sur la défense et l’électronique.
« On partait de loin », remarque Guillaume Pepy. Longtemps la distance géographique a dissuadé de nouer des liens étroits. Les entreprises françaises, parfois hésitantes, ne peuvent guère aller si loin qu’en meute. Mais l’implantation française est aujourd’hui notable : 600 entreprises, qui représentent 80 000 emplois et 20 milliards de chiffre d’affaires. Le commerce entre France et Australie dégage 1,375 milliard d’euros d’excédent commercial pour la France (9ème excédent français en 2016), avec un niveau d’exportations de 2,2 milliards pour 857 millions d’importations l’an dernier.
Quant au président de la SNCF, il ne peut qu’être attentif à un pays dans lequel son groupe emploie 4 400 personnes et réalise un CA d’1 milliard d’euros, ce qui en fait le cinquième pays pour le groupe. 60 % du CA est fait par Keolis (tramway, bus, et contrat multimodal de Newcastle), 30 % par Geodis et 10 % par Rail Europe, la filiale de la SNCF chargée de la vente de billets à l’international. Qui prospecte un vrai marché puisque chaque année 1,5 million de touristes australiens viennent visiter la France.
François Dumont
*Défense / Export : DCNS remporte un méga-contrat de sous-marins en Australie