Lionel Zinsou, tour à tour aux côtés de Laurent Fabius et d’Arnaud Montebourg, respectivement ministre des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI) et ministre de l’Économie et du redressement productif -ce qui est déjà une photo rare-, puis de Michel Sapin, ministre des Finances et des comptes publics : la Fondation franco-africaine pour la croissance initiée lors du dernier Sommet Afrique France de décembre dernier et dont l’homme d’affaires franco-béninois, patron du fonds d’investissement PAI Partners, a piloté la préfiguration, a eu droit à un lancement en grande pompe politique, dans la matinée du 15 juillet dernier, à l’hôtel des ministres de Bercy.
Une centaine de personnalités africaines et françaises -120 annoncées par Bercy, 65 sur une liste des participants consultée par la Lettre confidentielle– des secteurs public et privé, étaient par ailleurs présentes pour ce lancement marqué par un vaste brainstorming autour des projets de cette fondation. Ses créateurs souhaitent en faire « un réseau social des entreprises et de leurs contreparties » (voir l’album photos mis en ligne par la DG Trésor). Pascal Lamy, ex. directeur général de l’OMC et président d’honneur du think tank fondé par Jacques Delors Notre Europe et Donald Kaberruka, président de la BAfD, sont notamment intervenus.
Rappelons que l’objectif de cette fondation est de donner une nouvelle dynamique aux relations économiques entre la France et le continent africain : elle correspond à l’une des 15 propositions du rapport Védrine « Afrique-France, un partenariat pour l’avenir » commandé, à l’époque, par Pierre Moscovici, ex. patron de Bercy, dans la perspective du Sommet Afrique-France de l’Élysée*. Quatre pistes d’actions ont été définies le 15 juillet, selon le communiqué officiel de Bercy : la formation du capital humain ; la coopération dans le domaine financier, afin d’améliorer les systèmes financiers et « préciser l’évaluation du risque pays » ; la coopération culturelle ; et enfin les partenariats dans le domaine numérique, notamment le « e-learning 2.0 ».
Pour l’heure, c’est Bercy qui a amorcé la pompe avec une mise de départ de 3 millions d’euros (pour financer la formation par e-learning). Mais aucune précision sur le budget –une vingtaine de millions d’euros selon des estimations qui circulaient il y a quelques mois- n’a été fournie lors de cette réunion, selon un participant. La Fondation n’est pas encore constituée : c’est l’association pour sa préfiguration qui a été lancée ce jour-là. Un appel à adhésion (dont le montant n’a pas été communiqué lors de cette réunion) doit être lancé. « Sa mise sur pied devrait mettre encore plusieurs mois », nous a confié un proche du dossier.
Selon le petit document de présentation, « les fondateurs pressentis regroupent principalement des grands groupes africains et français, les représentants de patronats africains et français, des groupes de médias (Jeune Afrique, L’Express), des représentants du monde académique et culturel, des associations de la diaspora africaine en France, le ministère de l’Économie et celui des Finances, le MAEDI…
Le projet est suivi de près à Bercy, qui a trois de ses agents au sein de l’équipe projet. Julien Denormandie, de la DG Trésor, ex. conseiller des ex. ministres Pierre Moscovici et Nicole Bricq, Isabel Beaume et Emmanuel Saliot– tout deux inspecteurs généraux des finances-, font ainsi partie de cette équipe projet avec Mickaël Cheylan de l’Institut Montaigne, Daniel Kamelgarn de l’AFD, et Sébastien Veil de PAI Partners, que dirige Lionel Zinsou.
Christine Gilguy