Pour le partenariat entre la France et l’Afrique, Ambition Africa 2019 devra encore faire mieux qu’en 2018. Tel est le message délivré par Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État à l’Europe et aux Affaires étrangères, et Christophe Lecourtier, directeur général de Business France (notre photo), lors de la présentation d’Ambition Africa 2019 (30-31 octobre, Paris) le 15 octobre dans les locaux de l’agence publique.
Le 30 octobre au matin, les deux hommes ouvriront la séance plénière de l’édition 2019 de cet évènement, qui avait accueilli 1 000 participants, dont 500 de 38 États africains (Côte d’Ivoire, Nigeria, Algérie, Tunisie, Cameroun, etc.) en 2018. Cette année, « près de 1 200 participants sont attendus, dont 500 sociétés multisectorielles africaines », a révélé Christophe Lecourtier, en ouvrant la conférence de presse.
Une conférence sur le capital-investissement
Quelque 2 000 rendez-vous B to B sont également prévus et 17 conférences seront organisées sur des thèmes ou des secteurs propices au partenariat franco-africain : financement, développement durable, numérique, formation professionnelle, logistique, santé…
Dans l’après-midi du 30 octobre, le ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire, lancera officiellement Ambition Africa, avec Tony Elumelu, le président de la Fondation éponyme pour la promotion et le financement de l’entrepreneuriat africain.
Par la même, ils donneront le coup d’envoi de la conférence du Club Afrique de France Invest «Invest for Growth in Africa », consacrée au capital-investissement dans le continent, qui constituera la véritable nouveauté d’Ambition Africa par rapport à l’édition précédente. Le 15 octobre, Hervé Schricke, le président de ce club, expliquait que France Invest, qui réunit 300 sociétés de gestion, n’a qu’un seul club géographique, justement sur l’Afrique.
« La proximité géographique, selon lui, est une raison de cette exception, mais aussi la conscience qu’il y a beaucoup à faire en Afrique, beaucoup à apprendre de notre part, alors que continent vit des transitions démographique ou technologique ».
J-B. Lemoyne : la France a une place « spécifique »
Chez Business France, Jean-Baptiste Lemoyne a mis l’accent sur deux points :
- La mutation démographique et l’urbanisation, « et donc la ville durable, qui fera l’objet du Sommet Afrique France, à Bordeaux du 4 au 6 juin 2010 ». Stéphanie Rivoal, la secrétaire générale du Sommet Afrique France 2020, clôturera, d’ailleurs, la première journée d’Ambition Africa 2019, avec la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher.
- La place de la France, qui serait « spécifique ». Non seulement la présence française est forte de 6 300 entreprises, représentant 650 000 emplois, mais il y aurait aussi en Afrique « deux fois plus de filiales françaises qu’allemandes ou italiennes ». Pour le secrétaire d’État, il y a là une différence importante : « on bâtit de la valeur ajoutée en Afrique », s’est-il félicité. Pour autant, le secrétaire d’État reconnaissait qu’il y a encore « des marges de progression, car la France est chalengée. Seules 5,5 % des exportations françaises se déploient vers ce continent ». Il faut donc que les jeunes acquièrent une expérience de l’Afrique, notamment grâce au dispositif VIE (Volontaire international en entreprise). Et faire jouer le levier de la diaspora.
C Lecourtier : les défis « peuvent être des opportunités »
« On n’est pas tant dans une approche du Made in France que dans une approche du Made in Africa », a fait valoir Christophe Lecourtier. Selon le dirigeant de Business France, « l’Afrique est confrontée à des mutations considérables, notamment la mutation démographique ». Et « ces défis peuvent être des opportunités ».
Il y a, affirmait le directeur général de Business France, « des enjeux de santé, d’environnement », il y a aussi « un potentiel dans les énergies renouvelables, le solaire, pas seulement dans les villes, mais aussi pour des solutions économiques dans les campagnes ». Alors « évidemment, reconnaissait Christophe Lecourtier, il faut maintenant identifier les besoins, les projets et mobiliser le capital privé, car tout ne peut pas reposer sur l’investissement public ». Ambition Africa est justement un instrument du partenariat franco-africain qui doit émerger plus dès aujourd’hui.
Le directeur général de l’agence publique citait le cas de la société Coppernic, qui apporte son savoir-faire à l’Afrique. Cette entreprise aixoise conçoit, produit et déploie des terminaux mobiles professionnels de contrôle et de traçabilité au service de la sécurité des biens et des personnes.
Ces appareils ont la forme de tablettes standard, mais ses composants technologiques lui permettent de vérifier la validité de documents d’identité biométriques, de détecter l’éventuelle dangerosité d’individus fichés, et chaque appareil dispose d’un capteur d’empreintes digitale.
« Notre intérêt pour l’Afrique vient du fait que les États membres de l’Onu en septembre 2015 ont décidé en septembre 2015 qu’en 2030 tous les nations auront donné une identité légale à tous leurs résidents », expliquait Jacky Lecuivre, le PDG de la PME, qui se propose de « contribuer à la création de registres d’identité numérique en Afrique ».
Encourager les solutions locales
Pour autant, toutes les solutions ne doivent pas venir de l’extérieur. Selon le directeur général délégué de la Société Générale, Philippe Heim, « les nouveaux instruments d’e-banking seront développés sur le sol africain par une intelligence marketing africaine ». C’est pourquoi l’établissement financier tricolore a établi sa division IT (technologie de l’information) à Casablanca, avec ses deux relais à Abidjan et Douala.
Philippe Heim rappelait aussi que 500 millions de jeunes Africains entreront sur le marché du travail avant 2050. « Il leur faut donc des perspectives dans les PME ou le domaine agricole. Et il faut que des solutions éclosent en local pour qu’ils restent », soulignait le dirigeant de la Société Générale. La formation est donc un sujet majeur, comme le relevait Axel Baroux, le directeur Afrique subsaharienne de Business France. Celui-ci se réjouissait que des organismes et des sociétés françaises aient déjà créé ou contribué à « des académies, des laboratoires pour faire du partage ». Mais il faudra encore faire plus dans l’avenir.
François Pargny