A
l’heure où il semble impensable de parler des économies émergentes sans
citer les BRICs, une autre catégorie de pays, certes moins connue mais tout aussi attractive pour les investisseurs occidentaux, a été mise sur le devant de
la scène par le Forum Moci des Risques et opportunités à l’international dont la 4ème édition sur
le thème « Les nouvelles frontières du commerce international pour les PME
et ETI », s’est tenue le 24 juin à l’Institut du monde arabe, à Paris.
Cette
nouvelle classe de pays baptisée CIVETS par un économiste de la Goldman Sachs, désigne un groupe de six pays
(Colombie, Indonésie, Vietnam, Égypte, Turquie, Afrique du Sud) auxquels nombre
d’analystes prédisent la plus forte croissance pour la décennie à venir. Les
CIVETS ont « la particularité d’avoir des croissances extrêmement
fortes », signale d’emblée Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes. Bien que
démographiquement parlant ces pays ne croient pas autant que les BRICs, « ils
n’ont pas les 1 milliard d’habitants de la Chine ou de l’Inde », précise
l’économiste, ils bénéficient d’une population jeune qui plus est, a tendance à s’urbaniser, comme c’est notamment le cas au Vietnam et en Indonésie.
Des échanges commerciaux en augmentation
S’agissant des risques encourus dans ces pays, ils sont classiques. « Les
CIVETS sont des pays qui présentent des risques que l’on connaît à savoir
politiques, économiques, financiers et de l’environnement des affaires », rapporte Ludovic Subran.
Un pays se distingue toutefois, « l’Indonésie, explique l’économiste, a souffert de la corruption, mais possède énormément
de matières premières ». Et d’ajouter que le prix du mètre carré y est
entièrement contrôlé par le gouvernement pour éviter une bulle immobilière comme aux Philippines. De tous les pays des CIVETS, l’Indonésie est celui qui arbore la plus forte croissance du PIB (5,3 % en 2013 et 6 % en 2014) après la Colombie (6 % en 2013 et 6,2 % pour 2014).
Lors de son intervention à la clôture du forum, Tri Tharyat, ministre
conseiller des Affaires économiques auprès de l’ambassade d’Indonésie à Paris a rappelé la visite en Indonésie, début juin, de Nicole Bricq, la ministre française du Commerce
extérieur. « La coopération
entre nos deux pays est en train de progresser », a informé Tri Tharyat. Les échanges commerciaux entre
la France et l’Indonésie sont ainsi passés de 2,5 milliards de dollars en 2011 à 3 milliards récemment. « L’Indonésie
est un grand pays, mais l’investissement et le commerce, déplore-t-il, sont absents ». L’émergence de la classe moyenne représente pourtant une
immense opportunité pour les entrepreneurs français. Sans oublier que la tendance du moment est « d’importer de plus en plus », a souligné le ministre
conseiller indonésien.
Ce dernier a également rappelé l’ouverture en Indonésie, début novembre 2012, de la plus grande
usine L’Oréal du monde. Cette nouvelle usine vise à devenir la
plateforme de production du géant des cosmétiques pour la région Asie du Sud-Est. « Nous
sommes très ouverts aux investisseurs du secteur privé », a renchéri le conseiller
indonésien.
Forte d’une population de 240 millions d’habitants dont 53 % vit en villes, et de 45 millions d’habitants ayant accès à la consommation, dans 30 ans, l’Indonésie, actuelle 16ème puissance
économique mondiale, entend devenir avec 135 millions de consommateurs, et 71 % de sa population urbanisée, la 7ème puissance économique du globe.
Tri Tharyat n’a pas pour autant omis de parler des failles que connaît le pays qui souffre notamment de la mauvaise qualité de ses infrastructures. En ce qui concerne les matières premières, Tri Tharyat a évoqué la présence depuis 45 ans de Total en Indonésie, et de celle du groupe minier et métallurgique français Eramet.
« Encore une fois, nous sommes très ouverts ». Dans
ce pays où les malls, centres commerciaux gigantesques, se développent, « les Galeries Lafayette, se réjouit-il, ont ouvert une filiale en Indonésie et non à
Pékin ! ».
Alors que nombreux
sont les secteurs (distribution, BTP, logistique, matières premières) où les entreprises françaises peuvent
tenter leur chance dans ce nouvel eldorado asiatique, cerise sur le gâteau, le gouvernement indonésien s’engage à créer un environnement favorable pour les investisseurs en vue d’encourager les secteurs privés à développer l’industrie et les infrastructures du pays.
Venice Affre
MOCI Pratique :
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