Depuis le 1er janvier 2017, Bpifrance Assurance Export, filiale de Bpifrance SA, assure la gestion des garanties publiques à l’exportation au nom, pour le compte et sous le contrôle de l’État en vertu de l’art L 432-2 du code des assurances. Après avoir lancé en 2015 une nouvelle activité de crédit export, la banque publique est pour ainsi dire devenue une « super banque-assurance de l’export ». Et elle est désormais un partenaire incontournable des banques commerciales pour financer les investissements ou les financements liés à l’internationalisation de leurs clients PME et ETI.
Mixer ces solutions publiques avec les ressources bancaires traditionnelles : tel était le sujet du troisième atelier (notre photo*) du Forum Moci sur les risques et opportunités à l’international intitulé « Aides publiques à l’export : comment les mixer au mieux avec les sources privées » au cours duquel sont intervenus Pedro Novo, directeur des financements export de Bpifrance et Jean-Luc Estrade, responsable des partenariats institutionnels et non bancaires au sein du pôle d’accompagnement international de CA-CIB, une banque qui, comme d’autres, a signé un accord de partenariat avec Bpifrance pour renforcer leur collaboration dans l’accompagnement des entreprises françaises à l’international.
Co-financement, co-investissement… Bpifrance est aussi la banque du « co-tout »
En l’occurrence, la banque publique affiche sa volonté de travailler avec les banques commerciales et non pas de se substituer à elles : « On a lancé cette activité de crédit export sur une faille de marché où il n’y avait quasiment pas d’offre sur les petites transactions inférieures à 25 millions d’euros », a ainsi rappelé Pedro Novo, qui a aussi souligné que la banque publique était la banque du « co-tout ». Dans la plupart de ses financements et garanties, elle intervient donc en complément des banques commerciales.
Dans le cas du Crédit Agricole, qui se veut une banque coopérative de proximité, le partenariat comporte un axe majeur : la mise en œuvre de moyens techniques et financiers répondant aux besoins des entreprises identifiées, en particulier le co-financement et le partage de risque entre les deux entités afin d’accroitre les possibilités de financement de ces entreprises. « À travers ce partenariat, notre objectif, il est clair, a confié Jean-Luc Estrade, c’est d’être là pour financer les investissements liés à l’internationalisation ».
À titre d’exemple, Jean-Luc Estrade a relaté l’histoire d’un client d’une caisse régionale du Crédit Agricole qui souhaitait racheter son partenaire en Asie. Ses besoins étaient complexes car le client avait besoin d’un prêt pour racheter son partenaire mais aussi d’un financement pour injecter de la liquidité dans la structure locale, dont l’actionnaire asiatique se retirait. Très vite, donc s’est posée la question du financement de cette société en Asie.
« Techniquement, a détaillé Jean-Luc Estrade, on a imaginé un montage avec une partie du financement en France qui reposait sur un prêt croissance internationale fait par Bpifrance Financements et sur un prêt du groupe Crédit Agricole ». Côté asiatique, il fallait mettre en place rapidement des lignes de crédit pour financer le quotidien de l’entreprise rachetée. Le groupe Crédit Agricole qui disposait d’un partenaire bancaire dans le pays en question lui a confié ce volet. Restait le partage de risque en vue d’accroître les possibilités de financement du client. « On a pu partager avec Bpifrance le risque de la contre-garantie que l’on a émise en faveur de la banque asiatique », a ainsi expliqué Jean-Luc Estrade, qui se réjouit de ce partenariat avec la banque publique. « Ils ont une même compréhension que nous de l’approche des risques et ils sont banquier de proximité », a-t-il conclu.
Aux entreprises de savoir comment utiliser au mieux ces leviers.
Venice Affre
Sur la photo, de gauche à droite : Pedro Novo, directeur des financements export de Bpifrance ; Jean-Luc Estrade, responsable des partenariats institutionnels et non-bancaires du pôle d’accompagnement international de CA-CIB ; Jean-Claude Asfour, consultant en financement internationaux et Christine Gilguy, rédactrice en chef du Moci.
Pour prolonger :
– Forum Moci 2017 / Risques et opportunités : comment s’affranchir du paiement d’avance à l’export
– Forum Moci 2017 / Risques et opportunités : la Loi Sapin II, une réponse aux normes internationales anti-corruption
– Forum Moci 2017 / Risques et opportunités : le commerce reprend, malgré le protectionnisme et la compliance