La maîtrise de la chaîne logistique et les outils douaniers de sécurisation des opérations internationales ont été les principales thématiques abordées au cours de la deuxième table-ronde, intitulée « L’impact sur la gestion de la supply chain », du forum Moci des risques et opportunités à l’international, qui s’est déroulé le 27 juin, à Paris, à l’Hôtel des arts et métiers.
Le contexte a été dressé par David El Bez, directeur général du groupe français de logistique Necotrans Ports & Logistics, et conseiller du commerce extérieur de la France (CCEF). En tant que commissionnaire de transport et gestionnaire d’infrastructures portuaires en Afrique, l’entreprise couvre l’ensemble de la chaîne de transport et de logistique. Avec une forte présence dans les pays côtiers africains dotés d’infrastructures portuaires, le commissionnaire de transport est confronté à des risques maritimes – notamment de piratage – et des risques géopolitiques. « Le risque de piratage est bien plus élevé en Guinée qu’en Somalie », a indiqué David El Bez.
Pour sécuriser le transport de leurs marchandises, il conseille aux prestataires de services et logisticiens français ayant une activité sur le grand export de s’appuyer sur les prestataires implantés à l’étranger, et de s’informer depuis la France dans les réseaux français d’affaires (Medef, CCEF, Cian…).
Un avis également partagé par Erwan Guilmin, directeur régional des Douanes Ile-de-France Ouest (DGDDI). Selon lui, pour sécuriser leur supply chain, les entreprises exportatrices peuvent s’appuyer sur les réseaux de partenaires qui les aident dans leur démarche à l’export (CCEF, CCI départementales, Medef en région). Ce réseau d’interlocuteurs est complémentaire aux actions de la Douane, qui précise-t-il, « n’est qu’un maillon de la chaîne de l’export ». Les agents des douanes pourront informer une entreprise qui souhaite s’implanter dans un pays du grand export en lui fournissant des informations sur les barrières tarifaires et non tarifaires, mais le champ de compétences de la Douane reste limité. Les entreprises qui souhaitent exporter ou prospecter des marchés doivent s’adresser à des guichets comme Ubifrance et Bpifrance, a conseillé Erwan Guilmin.
Les agréments douaniers ouvrent-ils des corridors ?
Outre préparer leur démarche en s’appuyant sur les réseaux d’accompagnement à l’export, les entreprises peuvent recourir à des outils douaniers comme la certification exportateur agréé (EA) ou opérateur économique agréé (OEA) pour sécuriser leur supply chain à l’export. Ces agréments « ouvrent-ils des corridors à l’export ? », a interrogé Christine Gilguy, rédactrice en chef du Moci, qui animait le débat.
« Le statut d’exportateur agréé (EA) sert à sécuriser et à fluidifier les échanges. Cet agrément permet de sécuriser toute la chaîne de l’exportation et va permettre d’éviter un blocage de la marchandise en douane.», a renseigné Erwan Guilmin. « La douane s’inscrit au sein de la supply chain. », a expliqué, pour sa part, Bernard Solles, Import, Export & Customs Manager chez Bic, qui a obtenu son agrément OEA en 2013.
Pour sécuriser et optimiser sa supply chain, ce groupe français, qui exporte dans 160 pays des biens de consommation à 50 % fabriqués en France (stylos, briquets, rasoirs…) a choisi de se doter en interne de services dédiés aux opérations douanières et logistiques tout en travaillant avec ses partenaires et des transitaires. Il s’est aussi doté d’outils douaniers. L’industriel possédait déjà certains agréments comme la procédure de domiciliation unique (PDU) mais dans un contexte post 11 septembre, Bic a été obligé de sécuriser sa supply chain en se dotant de la certification OEA, a relaté Bernard Solles. Ce statut est reconnu aux États-Unis, en Chine et au Japon via la signature d’accords de réciprocité. Et il devient une sorte de label qualité de plus en plus exigé par les donneurs d’ordres.
Une grande avancée, mais il reste encore du chemin : « En Afrique, si vous parlez d’OEA, vous allez parler chinois », a prévenu David El Bez qui a rappelé que « l’industrie africaine produit pour l’Afrique » et que « l’Afrique reste un continent à part, les ports sont inspectés par la marine américaine ».
Venice Affre