« Trabajamos la mano en la mano (travaillons la main dans la main) », a lancé Laurent Fabius, lors du Forum d’affaires France-Mexique qui se tenait le 16 juillet devant un parterre de dirigeants d’entreprises réunis par le Medef.
Reprenant à son compte le fameux « marchamos la mano en la mano » que le général de Gaulle prononça en mars 1964 à Mexico, le ministre français des Affaires étrangères et du développement international s’exprimait ainsi en présence du président mexicain Enrique Peña Nieto (notre photo), en visite officielle en France depuis le 13 juillet et seul chef d’État invité au défilé du 14 juillet, d’Emmanuel Macron, son collègue au gouvernement en charge de l’Économie, et de Pierre Gattaz, le patron des patrons français. Ces propos de Laurent Fabius faisaient ainsi écho au partenariat stratégique engagé avec le chef d’Etat mexicain par François Hollande, lors de la visite du président français dans ce pays d’Amérique latine en 2014.
Une ambiance « chaleureuse »
Considéré comme une première étape de concrétisation de cette volonté politique commune, le Forum d’affaires France-Mexique avait donc toutes les chances de se dérouler dans un cadre « chaleureux », comme le relevait d’entrée, non sans humour, Enrique Peña Nieto, la climatisation de la grande salle de conférence du Medef ne fonctionnant pas pour cause de travaux ! Si les invités du patronat français ont beaucoup bu d’eau minérale, ils ont surtout applaudi à la signature de toute une série d’accords, de memorandums of understanding (MoU) ou lettres d’intention ou de confirmation – onze au total – première traduction officielle de ce volontarisme au plus haut sommet des deux États :
1 – Accord Medef-Coparmex en matière de formation professionnelle et d’apprentissage
2- MoU ProMexico-Business France, portant sur l’attractivité de la France auprès des investisseurs mexicains et la création d’un cadre d’affaires dans l’automobile, l’aéronautique et les industries créatives.
3- Accord Inadem (Institut national de l’entrepreneur)-Business France pour favoriser la coopération entre PME des deux pays.
4- Lettre d’intention entre Petróleos Mexicanos (Pemex) et Total, qui renforcent leur coopération
5- Lettre d’intention entre la Commission fédérale de l’électricité (CFE) et l’Agence française de développement (AFD) pour l’obtention d’un prêt de 100 millions d’euros dédié à la réduction des gaz à effet de serre
6– MoU CFE-Engie, qui renforcent leur coopération
7 – MoU Engie-Cenegas, le Centre national pour le contrôle du gaz naturel, chargé d’exploiter les pipelines de transport national et le système de stockage du gaz naturel.
8- MoU Fédération des industries des équipements pour véhicules (Fiev)- Ina, homologue mexicaine
9- Lettre de confirmation Bacomext-Société Générale pour la mise en place d’un financement de 100 millions de dollars réservé aux exportations vers le Mexique
10 – MoU Bancomext-Promecap (fonds d’investissement)- Paris Saint-Denis Aéro, visant à faciliter l’investissement français, notamment des PME, au Mexique dans l’aéronautique
11 – Renouvellement de l’accord de coopération Medef-Comce, le Conseil des entreprises mexicaines.
Engie veut se renforcer dans le transport de gaz
Présent depuis cinquante ans au Mexique, Engie, (ex-GDF Suez) y est présent à la fois dans l’électricité, le gaz, l’eau et les services à l’énergie. « Nous exploitons 1 000 kilomètres de gazoduc », a ainsi indiqué Gérard Mestrallet, le patron d’Engie, qui l’an dernier a signé un accord de joint-venture avec la compagnie d’État Pemex et a obtenu l’exploitation et la maintenance du gazoduc Los Ramones entre le Texas et le Mexique. Pour ce projet qui doit permettre de doubler la capacité d’importation de gaz naturel depuis les États-Unis, plus de 500 millions de dollars vont être injectés, ce qui devrait avoir pour conséquence, selon le P-dg d’Engie, « de proposer un des prix de l’énergie les plus compétitifs au monde».
Le groupe français, qui compte 420 000 clients dans le gaz dans de grandes villes, comme Mexico, Guadalajara ou Tampico, propose aussi des services innovants (gaz naturel comprimé..). Mais surtout, suite à son accord avec CFE, « l’entreprise veut participer aux appels d’offres futurs de gazoducs », a souligné Gérard Mestrallet, qui s’attend à une forte concurrence internationale.
François Pargny