Comment financer ses études ? La question se fait cette année encore pressante alors que les frais de scolarité dans les grandes écoles et certains programmes universitaires ne cessent d’augmenter et que le coût de la vie étudiante a progressé à la rentrée 2015-2016 de + 1,1 %, selon les chiffres du syndicat étudiant Unef, soit cinq fois plus rapidement que l’inflation.
Pour alléger la charge financière des étudiants, plusieurs options s’offrent à eux : bourses sur critères sociaux, aide au mérite ou à la mobilité internationale, aides d’urgence, prêts étudiants et les aides au logement. Depuis plusieurs années, les établissements se sont dotés de services dédiés qui centralisent les informations sur les aides financières et épaulent les étudiants dans la planification de leur budget : il ne faut pas hésiter à les solliciter.
1/ Les bourses sur critères sociaux
Les bourses sur critères sociaux sont destinées à aider les étudiants issus des milieux les plus modestes. Les modalités d’attribution 2015-2016 ont été définies dans l’arrêté du 15 juillet 2015. Pour 2015-2016, sont éligibles les étudiants dont le revenu de la famille est inférieur à 33 100 euros par an. Mais des revenus plus élevés peuvent ouvrir droits à ces bourses sous certaines conditions (enfant à la charge de l’étudiant, reconnaissance travailleur handicapé, frères et sœurs également étudiants, éloignement entre le domicile et le lieu d’études…). Les montants versés varient en fonction d’un barème national en neuf échelons. Le maintien de la bourse est soumis à des conditions de progression, d’assiduité aux cours et de présence aux examens. Une bourse est généralement attribuée pour dix mois mais les étudiants boursiers sur critères sociaux originaires des départements et collectivités d’outre-mer peuvent obtenir le maintien de leur bourse pendant les grandes vacances universitaires sous certaines conditions.
2/ L’aide au mérite
L’aide au mérite peut compléter l’aide pour les étudiants bénéficiaires d’une bourse sur critères sociaux. Menacée de disparaître, elle a finalement été réformée en 2015, mais diminuée de moitié. Depuis la rentrée dernière, elle s’élève à 900 euros et est décernée aux étudiants boursiers sous critères sociaux qui ont obtenu une mention « Très Bien » à la dernière session du bac. L’aide au mérite ne fait pas l’objet d’une demande particulière de la part de l’étudiant. Le recteur est chargé de transmettre la liste des bacheliers mention « très bien » de la dernière session du baccalauréat. Dès réception de cette liste, le Crous identifie les étudiants répondant aux critères d’attribution de l’aide au mérite. Les étudiants qui en étaient déjà bénéficiaires en 2014-2015 continuent de la recevoir sous les mêmes conditions, dans la limite de trois aides au mérite.
3/ Les aides à la mobilité internationale
Les étudiants français sont de plus en plus nombreux à séjourner à l’étranger. Une progression de 12 % en deux ans pour les seules écoles membres de la CGE (Conférence des grandes écoles) selon l’étude que l’organisation a rendu publique en décembre dernier. Quelle que soit la destination, de nombreuses aides financières sont accessibles.
• La bourse Erasmus +
Les étudiants peuvent obtenir une allocation pour effectuer un séjour ou un stage dans un autre pays européen. Aucun droit d’inscription n’est à payer dans l’établissement d’accueil. Pour la mobilité d’étude, la bourse européenne varie de 150 euros mensuels dans les pays où le coût de la vie est le moins cher jusqu’à 300 euros pour les pays comme le Royaume-Uni ou les pays scandinaves. Pour une mobilité de stage en entreprise, la bourse mensuelle oscille entre 300 à 450 euros selon les pays, cumulables également avec d’autres financements. Il n’est possible de recevoir que deux bourses Erasmus au cours de son cursus (une pour les études, une pour le stage). Elle s’ajoute à la bourse pour critères sociaux.
• L’aide à la mobilité internationale du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche est accordée à l’étudiant bénéficiaire d’une bourse d’enseignement supérieur sur critères sociaux ou bénéficiaire d’une aide d’urgence annuelle. L’étudiant doit en outre préparer un diplôme national relevant de la compétence du ministère chargé de l’enseignement supérieur. Cette aide complémentaire de 400 euros par mois sert à financer un séjour d’études ou un stage d’une durée de 2 à 9 mois consécutifs à l’étranger. Les bénéficiaires de cette aide sont sélectionnés par l’établissement d’enseignement supérieur dont ils dépendent. Cette aide est cumulable avec l’aide au mérite.
• Études dans les pays du Conseil de l’Europe
Les étudiants français ou originaires de l’Union européenne désireux de suivre des études supérieures dans un pays membre du Conseil de l’Europe peuvent percevoir une bourse d’enseignement supérieur sur critères sociaux dans les mêmes conditions qu’en France pour la préparation d’un diplôme national étranger. Ils doivent pour cela être inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur officiellement reconnu par cet État pour suivre, à temps plein, durant une année universitaire ou deux semestres suivant les pays, des études supérieures menant à un diplôme national. Les études suivies à l’étranger doivent correspondre à des études qui en France relèvent du ministère chargé de l’enseignement supérieur.
• Les aides des collectivités territoriales
Il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès des collectivités, notamment des conseils régionaux de son lieu de domicile ou de son lieu d’études. Les aides sont très variables d’une région à l’autre, au gré des stratégies de mobilité internationale. À noter qu’avec la fusion des régions au premier janvier 2016, ces dispositifs risquent d’être revus dans les régions concernées.
Voici quelques exemples d’aides proposées en 2015 :
• La bourse EXPLO’RA Sup du Conseil régional de Rhône Alpes, destiné aux étudiants inscrits en Rhône-Alpes, s’élève à 380 euros par mois, quelle que soit la destination. Les étudiants boursiers sur critères sociaux ou boursiers à taux zéro l’année précédant la mobilité et/ou l’année de la mobilité perçoivent une aide complémentaire d’un montant forfaitaire de 530 euros.
• La région Aquitaine propose une allocation de 400 euros par mois pendant 9 mois à des étudiants de Licence 2 à Master 2 pour suivre un stage ou une formation à l’étranger.
• Le conseil régional Provence Alpes Côte d’Azur (Paca) propose de son côté sous condition de ressources un forfait de 300 à 2 000 euros. Un forfait supplémentaire de 300 euros est alloué aux étudiants effectuant leur séjour d’études sur un territoire avec lequel la Région entretient des relations de coopération. Il est également majoré de 400 euros pour les étudiants en situation de handicap.
• En Ile-de-France, l’aide à la mobilité internationale des étudiants (AMIE) attribuée sous condition de ressources oscille entre 250 et 450 euros par mois et ne peut pas excéder 10 mois. Elle s’adresse à des étudiants séjournant au moins un mois à l’étranger.
4/ Les autres sources de financements disponibles
Difficile d’être exhaustif sur le sujet du financement des études, chaque année de nouvelles aides sont adoptées ou évoluent, d’autres disparaissent.
En voici quelques-unes :
• Les bourses des pays étrangers
Chaque année, un certain nombre de pays accorde des bourses pour attirer les meilleurs étudiants étrangers sur leurs campus. Nous donnons ici quelques exemples :
– Aux États-Unis de nombreuses bourses d’études sont versées par les universités elles-mêmes ou des fondations privées. Parmi celles-ci, la commission franco-américaine Fulbright attribue une quinzaine de bourses par an. La fondation Georges Lurcy délivre chaque année environ 6 bourses. D’un montant d’environ 20 000 dollars, elle cible les étudiants français titulaires d’un master qui veulent poursuivre en doctorat.
– En Australie, les universités disposent également de bourses, plutôt en niveau master ou doctorat. Le gouvernement fédéral propose également les Endeavour Awards, allocations d’études pour des formations de masters, doctorats ainsi que des programmes de développement professionnel.
– Au Canada, là encore, les établissements – pourvoyeurs de divers prix ou allocations – sont les premiers interlocuteurs à contacter. Au niveau du pays des bourses sont accessibles comme la bourse de recherche Mitacs Globalink – Campus France, d’autres ont organisées au niveau des provinces. À noter que depuis la rentrée 2015, les étudiants français qui entament leur premier cycle ne bénéficient plus du tarif préférentiel appliqué aux Québécois, mais s’acquittent des mêmes frais de scolarité que les Canadiens hors Québec.
– Pour ceux qui visent la Chine, les bourses du gouvernement et des provinces chinoises sont recensées par le ministère de l’Éducation et gérées par le China Scholarship Council. Elles s’adressent à des étudiants en master, doctorat ou qui veulent approfondir leur connaissance du chinois.
• Les bourses d’écoles
Certaines grandes écoles – notamment, les écoles de commerce dont les frais de scolarité ont flambé ces dernières années – proposent des bourses d’études sur critères sociaux ou à la mobilité, comme HEC, l’ESSEC ou ESCP Europe.
• Autres bourses
– Depuis 50 ans, la Bourse de la Vocation (gérée par la fondation du même nom) récompense les jeunes Européens très motivés qui ne pourraient sans cette bourse atteindre le niveau de formation nécessaire pour exercer le métier de leur choix. 20 bourses – d’un montant de 8 000 euros – sont octroyées parmi les 5 000 candidatures envoyées chaque année.
– Les salons QS Word MBA Tour et QS World Grad School Tour (pour les formations de niveau master et doctorat) se tiendront à Paris respectivement les 5 et 12 mars. À cette occasion, des bourses d’études sont proposées par l’organisateur de tournées universitaires internationales et par ses partenaires. Au total, 1,7 million de dollars de bourses sont réservés aux participants aux salons QS.
5/ Les prêts étudiants
• Le prêt étudiant garanti par l’État
Afin de faciliter l’accès des étudiants à l’emprunt, un système de prêts bancaires garantis par l’État a été mis en place pour tous les étudiants de moins de 28 ans. Ce prêt ne fait l’objet d’aucune demande de caution parentale ni de conditions de ressources. Le dispositif concerne cinq établissements bancaires : la Société générale, le Crédit Mutuel, le CIC, les banques populaires et les Caisses d’Épargne. Les prêts, d’un montant maximal de 15 000 euros, sont accordés pour un minimum de 2 ans. Les taux sont librement fixés par chaque établissement.
• Les prêts à taux zéro
La plupart des banques proposent aux étudiants des prêts à taux zéro d’environ 1 000 euros, sous forme d’avance de rentrée, d’avance de bourse ou pour financer un permis auto ou moto. Se renseigner auprès des banques.
• Les prêts étudiants classiques
Les banques ont également une offre de prêts à destination des étudiants. Le montant est variable selon les établissements et peut aller jusqu’à 45 000 euros. Comme pour les autres emprunts, les taux sont assez bas. Ils varient cependant sensiblement (en moyenne entre 1,1 et 3 %) selon l’établissement, la durée ou la nature des études. La plupart des établissements bancaires réservent des taux préférentiels aux étudiants de grandes écoles. Les écoles de commerce disposent d’ailleurs souvent d’une liste de partenaires bancaires, consultables sur leur site. À titre d’exemple, un ancien d’HEC a justement développé une activité de courtier destinée à accompagner les étudiants dans la recherche de financement : http:// www.financetesetudes.com
• Les prêts Erasmus +
Dans le cadre du programme de prêt Erasmus +, le Fonds européen d’investissement et la BPCE (Banques Populaires – Caisses d’Épargnes) ont signé le premier accord en France concernant le mécanisme de garantie de prêt pour les étudiants en master. Ce contrat de 3 ans prévoit des prêts pour environ 2 000 étudiants. Ces prêts seront d’un maximum de 12 000 euros pour 1 an et 18 000 euros pour 2 ans. Ils seront disponibles dans les 6 mois à compter de la date de l’accord.
Gaëlle Ginibrière
Repère
Se renseigner sur les aides financières :
• Le site du ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche : www.enseignementsup-recherche.gouv.fr
• Le réseau Euroguidance, recense les aides financières par région : www.euroguidance-france.org/fr/
• Partir en Erasmus : www.agence-erasmus.fr
• Courtier prêt étudiant : www.financetesetudes.com
• Le site du QS World Grad et MBA School : www.qs.com/fairs.html
• sites de crowfunding étudiant : www.eduklab.com ; http://studentbackr.com
La Chine ouvre à nouveau ses stages
Bonne nouvelle pour les étudiants français ? Alors que la politique chinoise de délivrance de visas aux étudiants non inscrits dans un établissement du pays avait rendu depuis plusieurs mois quasiment impossible l’obtention d’un stage en Chine, les Échos du 28 décembre dernier annoncait qu’un accord avait été trouvé début novembre 2015 entre Paris et Pékin. La France et la Chine ont trouvé un compromis consistant à offrir la possibilité à 1 000 étudiants français et 1 000 étudiants chinois de réaliser un stage de 6 mois maximum dans le pays partenaire. Dans un premier temps, l’accord s’appliquera tout au long de l’année 2016, mais pourra être reconduit tacitement chaque année. Profils concernés : les étudiants de dernière année d’une école d’enseignement supérieur ou les jeunes diplômés à la recherche d’une première expérience professionnelle. Les autres catégories étudiants devront donc prendre leur mal en patience.