Progressant lentement mais sûrement ces dix dernières années, l’activité internationale des écoles d’ingénieurs françaises a été impactée par la crise sanitaire, avec une chute des stages à l’étranger des élèves selon le dernier panorama annuel des écoles françaises d’ingénieurs publié le 13 juin par le Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs).
Ce panorama 2022 se base sur les données des établissements pour la période 2020-2021, autrement dit en pleine crise sanitaire. Cela s’est notamment ressenti sur les séjours passés à l’étranger par les élèves-ingénieurs sous la forme de stages ou d’échanges académiques.
Ainsi, 42 % des diplômés sous statut étudiants (FISE) de la promotion 2020, soit 33 922, ont effectué un stage à l’étranger pour obtenir ce diplôme, en recul de 22 % par rapport à l’année précédente. La baisse est de 37 % pour les apprentis (FISA), qui ont été 39 % à pouvoir faire un stage, soit 7 327. En termes de durée, la dominante est de 3 à 6 mois pour les statuts étudiants et de moins de 3 mois pour les apprentis. Au total, 42 225 élèves ingénieurs ont pu effectuer un stage à l’étranger
Les échanges académiques ont mieux résisté : 54 % des étudiants ont effectué un échange académique à l’étranger pour obtenir leur diplôme, en hausse de 13 % ; la durée dominante est de 3 à 6 mois. C’est encore mieux pour les apprentis : 58 %, en hausse de 27 %.
L’effet Covid est indéniable : « les données collectées suggèrent un phénomène de remplacement du stage à l’étranger par une mobilité académique sous forme d’échange, laquelle a pu s’opérer à distance » notre le Cdefi.
17 % d’apprenants étrangers
Autre indicateur scruté par le Cdefi, le nombre d’étudiants étrangers. Ils ont représenté, sur la période étudiée, un effectif de près de 37 000, soit 17 % des apprenants inscrits en écoles d’ingénieurs, avec une immense majorité de jeunes extra-communautaires (hors union européenne) puisqu’ils constituent à eux seuls 15 %.
Les étrangers aiment pousser leurs études : ils constituent 53 % des doctorants. Ils représentent 10,7 % des effectifs du cycle prépa, 14,5 % du cycle ingé, 24,9 % de l’année de spécialisation, 35,6 % en Master français et 31,3 % en Master en langue étrangère, 42,1 % en Mastère spécialisé CGE, 3,8 % pour le diplôme d’établissement.
Plus de 6500 doubles diplômés français et étrangers
Enfin, dernier indicateur de l’internationalisation des écoles d’ingénieurs : le développement des doubles diplômes avec des établissements à l’étranger. On a compté plus de 6500 double-diplômés français et étrangers.
Quelques 3171 inscrits français ont ainsi obtenu des doubles diplômes France-Etranger. Avec un trio de tête pour les pays : Canada (28 %), Allemagne (10 %) et Royaume-Uni (9 %). « Les départs vers l’Allemagne et le Royaume-Uni peuvent être expliqués par une recherche de perfectionnement linguistique (…) mais aussi de qualité de diplômes dans certains établissements réputés » analyse le Cdefi.
En sens inverse, 3 410 inscrits venaient de l’étranger, avec là encore, un trio de tête mais très différents : Maroc (19 %), Brésil (17 %) et Chine (16 %).
Alors que le Maroc, comme le Canada (avec le Québec), partage l’usage du français et entretient des liens historiques avec l’Hexagone, ce qui peut expliquer les nombreux inscrits en provenance de ce pays, la forte présence des Brésiliens s’explique par un autre facteur : l’existence depuis 2000 d’un programme de mobilité « Brésil, France, ingénieurs, technologie » (Brafitec).
Quant à la Chine, c’est l’un des pays au monde qui envoie le plus d’étudiants à l’étranger et les écoles d’ingénieurs françaises n’échappent pas à cette constante. « Cette démarche est observable dans l’ensemble de l’enseignement supérieur, non seulement français, mais surtout anglo-saxon » relève le Cdefi.
Quoiqu’il en soit, la marge de progression de l’activité internationale des écoles d’ingénieurs françaises reste importante. Il faudra attendre la prochaine enquête pour savoir si l’effet-Covid a complètement disparu en 2021-2022.
C.G
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