Bpifrance, via sa filiale Bpifrance assurance Export (BAE), est la première agence publique de crédit export à avoir signé, le 30 janvier à Paris, les Principes de Poséidon (Poseidon Principles). Ce pacte, lancé le 18 juin 2019 à l’initiative de 17 banques internationales actives dans le financement du transport maritime, vise à promouvoir une approche commune en matière de mesure et de suivi de l’impact carbone de leur activité et de concourir ainsi aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effets de serre (GES) du secteur maritime.
La signature par François Lefèbvre, directeur général de BAE, s’est déroulée en grande pompe (notre photo) en clôture des plénières du forum annuel du ministère de l’Économie et des finances sur l’export, Bercy France Export, dont le fil conducteur était, justement, la transition écologique. Près de 800 représentants des milieux d’affaires exportateurs étaient réunis, et la signature a eu lieu en présence de la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher, et de plusieurs représentants d’institutions financières participant déjà à l’initiative (Citibank, Crédit Agricole CIB, Société Générale…).
Cet engagement n’est pas anodin en termes d’orientation des soutiens publics au commerce extérieur. L’État injecte, via Bpifrance, plusieurs milliards d’euros de garanties à l’exportation chaque année pour financer les ventes à l’exportation de la filière construction navale, et notamment les navires de croisières géants construits par Les Chantiers de l’Atlantique.
Concrètement, participer à cette initiative engage désormais l’agence de crédit export française et sa tutelle à mieux évaluer et suivre l’impact carbone des navires qu’elles financent et, à terme, à réduire la part de ceux qui sont les plus polluants. Ils « souhaitent inciter les acteurs de la filière industrielle, chantiers navals et armateurs, à privilégier dès à présent les technologies les plus vertes pour leurs futurs navires », confirme un communiqué commun de Bercy et de Bpifrance.
Un engagement qui est aussi une réponse aux objectifs de l’Organisation maritime mondiale (OMI) de réduire de 50 % les émissions de gaz à effets de serre du transport maritime d’ici à 2050 par rapport à 2008 : les Principes de Poseidon visent en effet à établir un cadre commun pour inciter les financeurs de cette filière à aligner leur portefeuille sur cette trajectoire et leur fournir des indicateurs harmonisés.
Les deux premiers contrats de l’année 2020 dans le secteur naval, paraphés dernièrement par les Chantiers de l’Atlantique avec le croisiériste MSC, à l’occasion de l’événement Choose France, remplissent à cet égard les bonnes cases : il s’agit des deux premiers navires de croisière géant propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL), un carburant beaucoup moins polluant que le fioul lourd, tant en souffre qu’en émission de GES, et l’une des solutions les plus porteuses pour réduire les GES de ce secteur à court terme avec la réduction de la vitesse des navire.
Le signal à l’attention des armateurs, banquiers et industriels est donc clair : les garanties et financements export français seront d’autant plus aisées à obtenir que les bateaux seront décarbonés…
C.G