Développement des partenariats avec des banques africaines, lancement du projet d’un fonds d’investissement France-Afrique : la banque publique d’investissement française Bpifrance est en train de mettre en œuvre un « plan Afrique » destiné à mieux soutenir les projets des entreprises françaises sur le continent, selon les révélations faites le 15 avril par Alain Renck, directeur de Bpifrance Export, aux membres du Conseil des investisseurs français en Afrique (Cian) réunis lors d’un petit déjeuner de travail animé par le nouveau président délégué du Cian, Etienne Giros.
Le premier partenariat avec une banque africaine devrait être concrétisé prochainement avec le groupe marocain Attijariwafa Bank, lors de la visite en France de Mohamed El Kettani, le président du groupe bancaire marocain, prévue les 23 et 24 mai. « Il s’agira de faciliter le financement des implantations des entreprises françaises localement et, réciproquement, de faciliter le financement d’implantations d’entreprises marocaines en France », a précisé à la Lettre confidentielle Alain Renck. Concrètement, le partenariat envisagé permettra à Bpifrance de garantir un financement accordé par Attijariwafa Bank à la filiale d’une entreprise française désireuse de financer un projet de développement.
Quant au projet de fonds d’investissement France-Afrique, « les discussions commencent, mais on espère le concrétiser cette année », a indiqué Alain Renck. Créé en partenariat avec Proparco, filiale du groupe AFD (Agence française de développement) spécialisée dans le financement du secteur privé, il pourrait être doté de 200 millions d’euros et prendra la suite d’un précédent fonds dénommé « Averoes Finances 2 ». Son objectif sera de favoriser le financement de projets d’entreprises innovants.
« Nicolas Dufourcq est un Africain, il me met une pression quasi quotidienne en me disant qu’il faut rendre l’Afrique plus lisible et plus simple aux entreprises françaises », a souligné le directeur de Bpifrance export pour convaincre ses interlocuteurs de la volonté de la banque publique d’accélérer sur l’Afrique et de mettre à leur service les outils de financements à long terme dont elle dispose, en particulier le prêt export et la garantie de projet à l’international. Son directeur général aurait attrapé le « virus » africain au cours de voyages et séjours successifs, notamment quand il était dans les bagages de son père diplomate.
Lors de son déplacement au dernier Africa SMB Forum de Casablanca (12-14 mars) -une opération séduction qui fait partie du « plan Afrique »-, Nicolas Dufourcq a, de fait, abondamment communiqué dans la presse locale et internationale. « C’est une des raisons pour lesquelles Bpifrance a adhéré au Cian », a expliqué le directeur de Bpifrance export, et que la banque publique va entrer au capital de Proparco grâce au rachat de la participation de la Caisse des dépôts. Développer des synergies avec l’AFD et Proparco fait partie du « Plan Afrique ».
Bpifrance va participer à des opérations plus ponctuelles, avec des missions spécifiques centrées sur le pétrole et le gaz ou les NTIC, montées avec Ubifrance (lire la LC n°90, du 27 février*). Mais elle va aussi développer sa propre voie, plutôt nouvelle par rapport aux approches habituelles du réseau institutionnel français en Afrique : c’est le projet cher à l’équipe d’Alain Renck de faire se rencontrer des entrepreneurs « hors normes » français et africains. « Vous pouvez nous y aider, notamment pour identifier une centaine de ces entrepreneurs africains », a lancé Alain Renck aux membres du Cian, dont certains sont semble-t-il disposés à relever ce défi…
Christine Gilguy