La nouvelle banque de l’export annoncée par le président François Hollande lors du Forum franco-africain pour une croissance partagée, le 6 février *, sera donc en fait un nouvelle instrument destiné au soutien des très gros contrats d’exportation, de 100 à 200 millions d’euros, par un mécanisme de refinancement des crédits export (principalement sous la forme de crédits acheteurs) accordés par les banques pour ces contrats avec la garantie de l’Etat, via Coface/Direction des garanties publiques (DGP).
Ce mécanisme s’adresse donc en premier lieu aux banques commerciales qui accompagnent les grands exportateurs sur des appels d’offres avec des offres de prêts pour financer les clients étrangers. Non réservé aux contrats commerciaux décrochés en Afrique, multi-pays et multi-secteurs, ce nouvel instrument, dont la création effective est annoncée pour fin mars prochain, sera logé, a précisé un communiqué de Bercy, à la Société de financement local (Sfil), une banque publique jusque là tournée vers le financements des collectivités locales.
Objectif : faire baisser le coûts du crédit afin d’aligner les offres financières françaises sur celles de la concurrence, cette baisse, selon le président français, pouvant atteindre 10 %. Secteurs visés : les très gros contrats d’équipement, type défense (cf les contrats Rafale en Egypte ou en Inde en cours de négociation), installations nucléaires ou centrales de production d’énergie d’autres type, projets de systèmes de transports (type tramway ou LGV), etc.
Philippe Mills, le P-dg de la Sfil, a précisé que « depuis la crise, le financement apporté par les banques privées n’est pas à la hauteur des conditions dont bénéficient les compétiteurs des exportateurs français au sein de l’OCDE » selon une dépêche de l’AFP reprise par de nombreux journaux. Selon lui, le dispositif devrait donc permettre à la France de regagner en compétitivité dans les très gros contrats.
L’Afrique, priorité haute de la diplomatie économique française, pourrait être la première zone à bénéficier de ce dispositif. Car pour le président français, le financement est devenu un élément clé pour des offres compétitives à l’international.« Beaucoup de pays assurent des financements bien plus avantageux que la France pour réussir à promouvoir leurs exportations et donc nous avons décidé, avec le ministre des Finances de mettre en place une banque de l’exportation d’ici la fin du mois de mars » avait-il justifié lors du forum de Bercy. En 2013, les garanties octroyées par Coface pour des contrats export intéressant le continent africain ont atteint 2 milliards d’euros, soit plus du double qu’en 2013 (800 millions d’euros), selon les chiffres divulgués par François Hollande. Et Bercy a prévu de faire jouer tous les leviers dont il dispose, y compris l’AFD, pour stimuler le retour des entreprises françaises en Afrique**. Un signe que les entreprises françaises, comme leurs banques, ont de nouveau de l’appétit pour les opportunités de marchés sur ce continent.
C.G
*Forum franco-africain : François Hollande confirme l’Afrique comme priorité stratégique
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