En matière de financement à l’export, Bpifrance poursuit la « démocratisation » de sa gamme de produits au bénéfice des PME et ETI. Preuve en est le développement ces deux dernières années de l’assurance prospection (AP), le produit phare de la banque publique pour les petites, moyennes et entreprises intermédiaires, que déploie sa filiale Bpifrance assurance export au nom de et pour le compte de l’État.
En 2019, après avoir été réformée en 2018, l’AP a ainsi progressé en valeur de 42 %, après + 34 % l’année précédente. Elle s’est élevée à 321 millions d’euros contre 226 millions un an plus tôt et a profité à 1 485 entreprises au lieu de 1 341 en 2018. Des chiffres qui ont aussi été mis en avant lors de l’événement annuel de Bercy sur les soutiens à l’export Bercy France Export, le 30 janvier, qui se déroulait au même moment que la présentation du bilan annuel 2019 de la banque publique.
L’AP, premier bénéficiaire du réseau de Bpifrance en région
« Notre objectif, c’est d’avoir de plus en plus de PME », a expliqué Nicolas Dufourcq (notre photo), directeur général de Bpifrance, lors de la présentation du bilan d’activité 2019 de la banque publique, qui finance bien d’autres domaines que l’export (innovation…)* mais est devenue le principal bras financier de l’État en matière de soutien au développement international des entreprises.
A l’international, « l’assurance prospection, c’est l’équivalent pour l’export de notre aide à l’innovation, avec un système d’avance remboursable, qui est maintenant largement distribuée sur tout le territoire », s’est félicité Nicolas Dufourcq.
« Le produit, radicalement simplifié, avec une gestion et une décision décentralisées au niveau local, répond ainsi mieux aux besoins des clients », précise-t-on chez Bpifrance.
La chute de l’assurance crédit export plombe le bilan
Reste que la nouvelle performance de l’AP n’a pas suffi à compenser le recul de l’activité enregistré dans d’autres domaines. Pour les autres produits de financement export, la situation est ainsi beaucoup plus contrastée et, au final, l’activité globale de Bpifrance à l’export a reculé, passant à 13,5 milliards d’euros, après 16,5 milliards en 2018.
La cause principale en est la chute brutale de l’assurance crédit export, instrument privilégié de l’État pour soutenir les grands contrats. Dans un contexte géopolitique difficile (montée du protectionnisme, sanctions internationales, tensions commerciales Chine-États-Unis…), les montants assurés par Bpifrance Assurance Export ont affiché une baisse de 20 % – comme l’année précédente – tombant ainsi à 11,665 milliards d’euros.
« Le nombre de grands contrats supérieur à un milliard d’euros garantis pour l’État français a diminué dans une proportion de un pour quatre en un an. Il n’y a notamment pas eu de grands contrats militaires et dans les bateaux », a commenté Nicolas Dufourcq.
L’activité de crédit export a également beaucoup souffert. Le montant réalisé a perdu 43 %, à 172 millions d’euros. Deux explications à ce mauvais résultat : d’une part, l’absence de transactions dans le secteur naval, d’autre part, le décalage de signatures de contrats en 2020, certaines ayant été déjà signées en janvier et d’autres étant attendues en février.
S’agissant du reste de la gamme de produits export, les garanties de cautions et de préfinancements d’exportateurs, dont le montant total avait diminué de 7 % en 2018, a gagné 6 % l’an dernier, pour atteindre 727 millions d’euros. Dans le détail, les garanties de préfinancements ont cru de 17 %, compensant une activité en berne dans les caution (- 4 %).
A l’inverse, l’assurance change, qui avait progressé de 13 % en 2018, a perdu 6 %, à 663 millions d’euros en 2019. A noter, toutefois, que le nombre de bénéficiaires est passé de 72 à 75, ce qui s’explique par l’élargissement de ce service à de nouvelles devises (real brésilien, dollar canadien, livre égyptienne).
François Pargny
*Les chiffres clés du bilan de Bpifrance en 2019 :
-Garantie aux prêts de banques françaises 8,5 Mds EUR (- 2 %)
-Financements : 19,1 Md EUR (+ 9 %) dont : crédits d’investissement : 8,1 Md EUR; crédits court terme : 9,3 Md EUR ; aides et prêts à l’innovation : 1,3 Md EUR.
-Investissement : 2,5 Md EUR.
-Export : 13,5 Md EUR.