À partir du 13 octobre, les entreprises exportatrices vont pouvoir disposer d’un nouvel instrument de financement de leur trésorerie auprès de Bpifrance : une offre de « Dailly » export*, soit une mobilisation de créances nées à l’export (MCNE) dont le nom marketing est « avance + export ».
« Nous poursuivons l’expansion de nos activités sur l’international », s’est réjoui Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, lors d’un point presse le 9 septembre organisé pour la signature du partenariat entre Bpifrance et Euler Hermes France (EH France) pour ce produit. Le produit a en effet été mis au point avec la filiale française du numéro 1 mondial de l’assurance-crédit, encore connue sous son ancien nom de Sfac, leader sur le marché français. Elle a été retenue après un appel d’offres auquel ont participé les autres grands assureurs-crédit de la place, Atradius et Coface. Nicolas Delzant, président du directoire d’EH France, n’a d’ailleurs pas caché sa satisfaction de devenir ainsi le premier assureur-crédit partenaire de la banque publique dans ses activités à l’international.
Cette nouvelle offre vise clairement à combler une faille de marché : « Ce que nous disent nos clients, c’est qu’ils ont du mal à faire ce type d’opération avec leur banque, a justifié Nicolas Dufourcq. Les offres bancaires sont exclusivement centrées sur l’affacturage, il n’y a pas de solutions de financement court terme pour les opérations export ponctuelles des PME ». Cerise sur le gâteau : l’offre pourra aussi s’appliquer à des « situations de travaux », dont les paiements s’effectuent traditionnellement par tranches, au fur et à mesure de l’avancement du chantier.
Les ambitions affichées par Bpifrance et Euler Hermes sur ce produit sont d’ailleurs très ambitieuses : 200 millions d’autorisations pour 150 clients dès la première année, 750 millions d’autorisation pour 300 clients l’année suivante, et approcher les 2 milliards en 2018… Mais la direction de la banque publique est confiante dans son succès : « La France compte 50 000 entreprises exportatrices dont 20 % sont déjà nos clients », a ainsi assuré Eric Champenois, directeur des financements court terme.
De fait, la MCNE est une solution de financement de trésorerie bien adaptée aux besoins d’entreprises qui font des exportations ponctuelles de biens et services payées avec des délais de paiement courts (de l’ordre de 30 à 90 jours). Mais les banques commerciales, dont beaucoup ont développé des branches affacturage, renâclent de plus en plus à la proposer à l’export, notamment pour des questions de coût des risques, sauf exceptionnellement à leurs bons clients.
« Nous ciblons des chiffres d’affaires d’un montant de 500 000 euros »
Bpifrance vise à cet égard des opérations d’exportation de montants petits et moyens, typiquement celles des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) : « Nous ciblons des chiffres d’affaires export d’un montant de 500 000 euros dans un premier temps », a précisé Eric Champenois.
Le mécanisme, qui ne s’appliquera qu’aux ventes libellées en euros, est relativement simple : l’exportateur intéressé sollicite Bpifrance et lui soumet sa créance export dès qu’elle est matérialisée (facture émise) ; Bpifrance va elle-même faire assurer la créance par Euler Hermes et lui ouvrir une ligne de crédit correspondant au montant couvert par l’assureur-crédit et sur lequel l’entreprise pourra puiser. « Nous pourrons aussi faire qualifier par l’assureur-crédit son portefeuille de clients sur un pays », a précisé Eric Champenois.
L’interlocuteur de l’exportateur reste le client de Bpifrance et ne voit pas cette cuisine de « back-office ». Quant à l’avance de trésorerie sollicitée, elle est virée sur le compte en banque de l’entreprise. La tarification comprend le coût du crédit par Bpifrance auquel s’ajoute le coût de l’assurance-crédit, de l’ordre de « 20 points de base », soit, au final, un financement court terme à 3,5 % environ. Compte tenu des plaintes récurrentes des PME et ETI à propos du problème de financement de leurs activités à l’export, il se peut que les objectifs affichés par Bpifrance et Euler Hermes ne soient pas si ambitieux que cela…
Christine Gilguy
*Dailly fait référence à la Loi Dailly, qui réglemente ce type de transaction.