Signe que l’export est devenu une branche d’activité stratégique pour Bpifrance, banque publique de développement devenue en quelques années aussi la banque du commerce extérieur français, plusieurs parlementaires avaient été conviés à la présentation du bilan d’activité de la banque publique, le 31 janvier, dont les députés Buon Tan (LREM) et Nicolas Forissier (LR), tout deux auteurs de rapports sur le commerce extérieur ces deux dernières années dans le cadre des discussions des projets de loi de finance.
En l’occurrence, déjà bien connu des entreprises françaises, et notamment des PME, auxquelles elle apporte toutes une gamme de solutions de financement, des garanties et cautions aux prêts sans garanties, en passant par les crédits de trésorerie, les investissements en capital ou les financements de l’innovation*, Bpifrance est aussi désormais le « guichet unique » des aides financières publiques à l’exportation, sous la forme de financement et de solutions d’assurance-crédit via sa filiale Bpifrance assurance export, qui gère pour le compte de l’état les garanties publiques à l’export (assurance-crédit, cautions et garanties, assurance change…).
« Nous proposons la plus belle boite à outils de toutes les banques publiques de développement au monde » s’est réjouit Nicolas Dufourcq en présentant les principaux résultats de cette activité.
Le bras financier de la Team France Export
Bras financier de la « Team France export », le nouveau dispositif d’accompagnement export en cours de déploiement sur le territoire avec les Régions, Business France, et les chambres de commerce et d’industrie (CCI), elle est pilotée depuis octobre 2018 par une nouvelle direction exécutive, assurée par Pedro Novo. Un signe de l’importance accordée à cette branche d’activité qui regroupe d’une part les financements, logé chez Bpifrance financement, et d’autre part la gestion pour le compte de l’Etat des garanties publiques, assurée par la filiale Bpifrance assurance export, que dirige Christophe Vipray.
Le bilan est en effet plutôt encourageant même si l’année 2018 n’a pas été aussi flamboyante qu’en 2017, cette dernière ayant été marquée par des montants exceptionnels générés par les grands contrats du secteur Défense. D’où un repli de près de 20 % du volume global des engagements sur l’export pour atteindre un total de 16,5 milliards d’euros en 2018. De fait, à l’origine de ce repli, l’assurance-crédit export, instrument phare du soutien de l’Etat aux grands contrats, dont les montants sont passé de 18,872 milliards d’euros à 14,593 milliards d’euros, en recul de 23 %. Le nombre d’entreprises bénéficiaires à lui aussi reculé de 125 à 108.
Egalement en repli, mais plus léger, les garanties de cautions et préfinancements dont le montant a atteint 685 millions d’euros (-7 %) pour un nombre de bénéficiaires relativement stable (391 contre 395).
Hausse de 34 % du volume de l’assurance prospection
En revanche, les montants engagés dans le cadre de l’assurance prospection, dont le mécanisme a été réformé et tend à devenir un système d’avance de trésorerie, sont en forte progression : + 34 %, à 226 millions d’euros, pour 1341 entreprises, nombre également en hausse de 17,4 % par rapport à 2017. Plutôt bon signe car il s’agit de l’instrument phare pour l’aide à l’export des PME et TPE, et que la distribution du nouveau produit n’a été étendue à tout le territoire qu’à partir d’avril 2018, après une phase de test.
Dynamique de progression également pour l’assurance change, un produit que Bpifrance souhaitait relancer : avec 703 millions d’euros, le montant total est en hausse de 13 % et le nombre d’entreprises utilisatrices est passé de 53 à 72 (+ 35,8 %).
Enfin, le dernier né des produits, le crédit export de petit montant (crédits acheteurs, crédits fournisseurs) lancé en 2017, poursuit sa progression : 300 millions d’euros en 2018 pour 12 opérations contre 186 millions et 10 opérations l’année précédente.
Des objectifs ambitieux pour 2019
Les objectifs 2019 restent ambitieux sur l’export, avec comme priorité, toujours, les PME et les ETI : 1500 opérations pour l’assurance prospection, 350 millions d’euros d’engagement pour le crédit export. Surtout, Bpifrance a l’intention d’intensifier ses efforts dans le domaine de l’accompagnement, « avec la Team France Export » a précisé Pedro Novo : déjà en 2018, les actions d’accompagnement à l’international impliquant Bpifrance ont touché 2631 entreprises, le triple de 2017 (880).
C’est sur les « accélérateurs » que la banque publique mise à présent. Ces programmes « accélérateurs » sont devenus un de ses produits phare pour faire grandir les PME, une « machine à faire des ETI » selon Nicolas Dufourcq. 640 PME et ETI ont déjà intégré ces programmes depuis le lancement du premier en 2015 avec des résultats positifs (CA export en hausse de +25 % en moyenne, 30 % des PME participantes devenues des ETI). Le ministre de l’Economie et des finances, Bruno Le Maire, veut que 4000 entreprises supplémentaires soient « accélérées » d’ici 2022.
« On va faire exploser le coq bleu dans les travées »
Bpifrance a déjà entrepris de multiplier les accords en Région et avec certaines fédérations industrielles pour mettre sur pied de tels programmes et elle ambitionne d’en doter chaque filière industrielle créée par le Conseil national de l’industrie (CNI) : objectif 2019, selon le patron de Bpifrance, que 950 nouvelles entreprises intègrent de tels programme.
L’export ne sera pas oublié : un accélérateur dédié exclusivement à l’international va être lancé fin avril, a confirmé Pedro Novo : monté avec Business France et les autres acteurs de la « Team France Export », il s’adressera aux « alumnis » d’accélérateurs généralistes avec l’objectif d’en embarqué 40 pour la première promotion.
Avant cela, il y aura un autre rendez-vous phare à l’international : la foire de Hanovre, début avril, où l’industrie française se retrouvera pour la première fois sous un label commun, celui de la « French Fable ». « On va faire exploser le coq bleu dans les travées » a promis Nicolas Dufourcq.
Christine Gilguy
*Les chiffres clés du bilan de Bpifrance en 2018 :
-Garantie aux prêts de banques françaises : 8,7 Md EUR (-1,8 %)
-Financements : 19 Md EUR (+ 9 %) dont : crédits d’investissement : 6,689 Md EUR; crédits court terme : 10, 4 Md EUR ; aides et prêts à l’innovation : 1,2 Md EUR.
-Investissement : 2 Md EUR.
-Export : 16,5 Md EUR.