IBanFirst, fintech française spécialiste des paiements internationaux en forte croissance, a lancé en début d’année un service de « payment tracking », une nouvelle application qui permet à ses clients de suivre en temps réel le cheminement de leurs virements internationaux. Une facilité dont rêvent bien des responsables financiers d’entreprises ayant des flux financiers internationaux à gérer.
« Certains l’ont renommé le colissimo du paiement » s’amuse William Gerlach, le directeur de iBanFirst France, en référence au prestataire de services de livraison de colis express qui permet à ses clients, via une interface dédiée, de suivre en ligne le cheminement d’un colis de bout en bout. Si la plupart des expressistes et sites de e-commerce offrent ce service, ce n’est pas le cas dans le monde du paiement international.
L’application s’appuie sur un service de tracking existant de la plateforme interbancaire de paiements internationaux Swift, le Swift Gpi, mais la fintech française est la première à proposer une interface permettant de l’offrir à ses clients entreprise et aux bénéficiaires de leurs virements même s’ils ne sont pas clients. En outre, elle est aussi la première à avoir intégré à ce service de suivi les virements en zone Sepa (Single payment euro area).
Transferts de fonds : des chemins parfois compliqués
L’utilité de ce service est évidente pour des entreprises ayant à gérer des transactions internationales avec des clients ou des fournisseurs tant les fonds peuvent emprunter parfois des chemins compliqués. Sans compter les commissions ou frais qui peuvent être prélevés en cours de route, pour des motifs parfois obscurs, de sorte que la somme arrive finalement chez votre fournisseur, amputée d’un certain pourcentage.
« Lorsque vous faites un virement international en dollars pour régler un fournisseur chinois, ces fonds partent d’abord aux Etats-Unis avant de repartir vers la Chine, relate William Gerlach. Pour peu que votre banque française n’ait pas une relation directe avec la banque chinoise de votre fournisseur, vos fonds peuvent transiter par plusieurs banques intermédiaires avant d’atterrir sur le compte de votre fournisseur. Et durant cet acheminement, ils peuvent être bloqués à une de ces étapes intermédiaires par un établissement pour des motif de check compliance. De même, certains intermédiaires peuvent prélever une commission. Tout cela est opaque et manque de transparence. »
Autant de causes d’opacité sur les délais des virement internationaux tout autant que sur les frais qui peuvent leur être appliqués en cours de route. De nombreuses banques utilisent le tracker Swift GPI et peuvent renseigner un client sur l’état d’avancement de son transfert de fonds à sa demande, mais elles ne le mettent pas à la disposition de leur client automatiquement, via une interface.
Même sur la zone Sepa, si les étapes intermédiaires sont moins nombreuses et les virements transfrontières en euro sont fluides et sans risques, il peut se produire des couacs informatiques ou tout simplement des retards liés aux procédures internes des banques.
« J’ai eu le cas d’un client récemment qui m’a appelé car il venait de faire un virement à une société de fret à Marseille pour retirer sa marchandise et celle-ci disait ne rien avoir reçu sur son compte, raconte le dirigeant. Vérification faite, le virement a été fait à 16H un vendredi, est bien arrivé dans la banque à 16H30, mais celle-ci ne l’a pas immédiatement crédité sur le compte de mon client ». Le motif de ce retard ? L’arrivée du week-end, ou un délai pour la vérification de l’origine des fonds, ce n’est pas bien clair.
Un autre avantage de cette application est, par le surcroit de transparence qu’elle permet, de faciliter la lutte contre le blanchiment d’argent et la fraude alors que les transactions internationales représentent une part majoritaire des fraudes détectées (54 % en 2018).
Le chantier du paiement local
IBanFirst, qui mise sur le tout digital et traite déjà des transferts dans 30 devises (bientôt 100 grâce à un partenariat bancaire en cours de mise en oeuvre), ne compte pas s’arrêter là.
Parmi les innovations en chantier, le développement de solutions de paiement locales, qui permettraient de réduire encore les délais de transferts de fonds. Ceux-ci varient d’une destination à l’autre : pour un virement en dollars depuis la France, ils vont de quelques minutes vers les Etats-Unis à 24 à 48H sur des destinations comme l’Asie.
« On est dans un monde qui va très vite, les nouvelles générations qui arrivent sont très impatientes » justifie William Gerlach. Avec le confinement lié à la crise sanitaire au printemps dernier, de nombreux responsables financiers d’entreprises se sont retrouvés du jour au lendemain dans des relations rendues compliquées avec leurs banques, parfois injoignables, et des délais supplémentaires.
IBanFirst a ainsi engrangé de nouveaux clients à la suite de ce premier confinement. « Il va y avoir un réel positionnement des trésoriers pour digitaliser davantage un certain nombre de fonctions », veut croire William Gerlach. Et les fintechs sont bien placées pour ouvrir de nouvelles voies.
Christine Gilguy