Rapprocher les joueurs publics et privés ayant des intérêts économiques communs dans le secteur du sport pour clarifier une offre sportive française encore très éparpillée, bref, constituer une vraie équipe de France à l’international : tel est l’enjeu du nouveau Comité stratégique de la filière (CSF) Sports lancé le 24 avril à Bercy, en présence de pas moins de quatre ministres. Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’industrie et du numérique, Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la jeunesse et des sports, Thierry Braillard, secrétaire d’État chargé des Sports ainsi que Matthias Fekl, secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l’étranger, étaient au rendez-vous pour donner ce coup d’envoi.
En tête de la feuille de route : élaborer d’ici l’automne une stratégie d’actions pour favoriser le développement de la filière sport en France -c’est le volet attractivité du projet- et à l’export. L’animation du comité a été confiée à un entrepreneur de l’événementiel expérimenté, le Lyonnais Olivier Ginon, président de GL Events *. Il devra proposer, avant la fin de l’année, un contrat stratégique de filière qui liera les entreprises entre elles, et celles-ci avec l’État, et contiendra des propositions concrètes pour développer les atouts des entreprises tricolores de l’économie du sport.
Les enjeux économiques sont jugés stratégiques par le gouvernement : le marché français du sport représente près de 60 000 emplois (hors pratique sportive) et génère un chiffre d’affaires annuel de 35 milliards d’euros, mais il est en déclin : « le secteur du sport représente 2 % de notre PIB » mais, a ainsi déploré Emmanuel Macron, « le chiffre d’affaires recule depuis de nombreuses années». En dix ans, un tiers des entreprises et des emplois a disparu. Le secteur s’est concentré autour des grands groupes, notamment du BTP, qui détiennent plus de 70 % du marché, autour desquelless gravitent de nombreuses PME et TPE familiales, souvent sous-traitantes, positionnées sur des marchés de niche. Une contre-performance pour un pays qui accueille par ailleurs des événements d’envergure internationale vitrines (Eurobasket 2015, Euro 2016, Roland-Garros, Tour de France…), sur un marché mondial estimé à 50 milliards d’euros par an dans les cinq prochaines années !
Dans le cadre de l’installation du CSF Sport, quatre groupes de travail chargés de « préfigurer » cette nouvelle filière ont été mis en place : «équipements sportifs de proximité » ; « grands équipements sportifs de référence » ; « événements sportifs »; «l’écosystème des équipements ». Ils bénéficieront de l’expertise des membres d’un comité de pilotage composé de représentants des entreprises (François Asselin, CGPME ; Pierre Gattaz, Medef…) et d’institutionnels (Bruno Bézard, D G Trésor ; Nicolas Dufourcq, Bpifrance ; Muriel Pénicaud, Business France ; Martin Fortes, cabinet du secrétariat d’État au Commerce extérieur…) ainsi que de représentants du mouvement sportif (Denis Masseglia, Comité national olympique et sportif français…)
La première vague de travaux doit être achevée en juin 2015 avant de reprendre en septembre, date à laquelle une présentation d’un premier « bilan d’étape » sera présentée aux ministres de l’Économie et de la Ville. Les travaux, qui s’achèveront en novembre, espère-t-on à Bercy, doivent aboutir à la signature officielle, par les ministres, du contrat stratégique de filière, à la fin de l’année.
Venice Affre
*Lire dans la LC aujourd’hui : Olivier Ginon doit transformer la filière sport en success story de l’international