Avec 2,8 milliards d’euros en 2014, les marchés asiatiques ont représenté près d’un tiers des exportations françaises de produits du cuir (8,4 milliards en 2014, en progression de 5 %), selon les statistiques filières publiées le 28 mai par l’Observatoire économique du Conseil national du cuir (CNC). « Dans un contexte économique difficile, les entreprises de l’industrie du luxe sont parvenues à maintenir leurs exportations à un niveau légèrement supérieur à celui de l’an passé, + 4%, indique son communiqué. Les ventes réalisées à Singapour et en Chine ont décollé respectivement de 21% et 7%, celles au Japon sont restées stables alors que celles à Hong Kong ont chuté de 10%. Et la tendance est au succès du haut de gamme.
Par produit, ces exportations sont en majorité composée d’articles manufacturés, maroquinerie ou chaussures. Ainsi, la maroquinerie a représenté 83 % des exportations vers l’Asie (2,3 milliards d’euros), les chaussures et autres articles pesant 13 % (356 millions d’euros) et les matières premières (peaux, etc.) à peine 3 %.
Les lois anti-corruption n’ont pas freiné la montée en gamme
Selon les chiffres du CNC, les produits du cuir tricolores ne semblent pas avoir trop souffert de la campagne anti-corruption lancée par le pouvoir central en Chine depuis 1 an et demi, et qui a été à l’origine d’un recul du marché du luxe dans le pays. Ainsi, les exportations directe de sacs à main en Chine ont atteint 130 000 pièces en 2014, cinq fois plus qu’en 2010 (27000) et leur valeur a été multipliées par 8, passant de 9,9 millions d’euros en 2010 à 79,9 millions d’euros. « Leur prix moyen en douanes est passé de 367 à 615 euros, indique le CNC. La France est le deuxième fournisseur d’articles de maroquinerie de la Chine. En valeur, 26% des importations chinoises proviennent de France ».
Globalement, le CNC constate une « stabilité des ventes pour les articles de maroquinerie en Asie malgré les lois anti-corruption de la Zone Asie pacifique ». Les exportations d’articles de maroquinerie en Asie ont ainsi connu « un léger fléchissement de 1% » car »les lois anti-corruption mises en place dans certains pays de la zone Asie Pacifique, ont stoppé l’expansion des exportations vers la Chine (pour 155 millions
d’euros, même montant qu’en 2013) et réduit de manière notable les ventes à Hong Kong (- 12 %) ». Mais cette baisse relative a été compensée par des progressions sur d’autres marchés asiatiques Singapour +20%, Corée du Sud + 4%, Taïwan + 17%, Macao +14%, Malaisie+ 5%, Indonésie +18%.
Pour leur part, les chaussures françaises haut de gamme ont la cote sur le marché asiatique. Leurs ventes ont augmenté de 15 % en 2014, à 355,7 millions d’euros. La quasi totalité des marchés asiatiques y ont contribué, dont certains explosent : Chine + 89 %, Corée du Sud + 44 %, Singapour + 31 %. Les progressions ont été moins vives, toutefois, vers Hong-Kong et au Japon, avec respectivement + 5% et + 6% en valeur. « Le prix moyen en douanes des chaussures exportées a augmenté de 13%. C’est le type de chaussures vendues qui change » souligne le communiqué du CNC, précisant que les volumes de chaussures, eux, n’ont progressé que de 2 % (3,9 millions de paires en 2014).
En Chine, la valeur moyenne a été multiplié par dix en 5 ans
« En considérant l’ensemble des ventes de chaussures françaises en Asie sur la période 2010-2014, le prix moyen en douanes a augmenté de 30% (70 euros en 2010, 91 euros en 2014), commente le CNC. Les ventes ont augmenté de 67% en volume et de 116% en valeur ».
Exemple de marché en plein boom pour les chaussures de luxe françaises : la Chine. Alors que le nombre de paires de chaussures est resté globalement stable (239,6 milliers de paires en 2014 après 235,8 milliers en 2010), leur valeur, elle, a été « multiplié par dix ». « Le prix moyen en douanes des chaussures vendues en Chine est actuellement de 132 euros, contre 13 euros en 2010″ souligne le CNC. Sur les cinq
dernières années, la France n’a pas exporté plus de chaussures en Chine, mais elle a exporté des chaussures de plus en plus haut de gamme. En 2010, la part des chaussures et pantoufles en cuir dans les exportations était de 18% (en volume). En 2014, elle est de 71% ».
Pour Frank Boehly, président du CNC, la clé de cette belle performance réside dans le positionnement très haut de gamme des produits : « Malgré le ralentissement de l’économie chinoise, les ventes des articles français en cuir haut de gamme ont continué à progresser fortement en valeur sur le marché asiatique. Le luxe et le savoir –faire français constituent l’atout majeur de notre filière. »
Pour rappel, la France est le 1er producteur mondial des cuirs finis de veau et exotiques, le 3ème exportateur mondial de cuirs et peaux bruts, le 13ème exportateur de cuirs finis et le 3ème exportateur mondial d’articles de maroquinerie. La filière cuir représente en France 8000 entreprises, 70 000 salariés pour un chiffre d’affaires global de 15 milliards d’euros.
C.G
Pour prolonger
Consulter l’étude complète de l’Observatoire économique du Conseil national du Cuir dans notre rubrique « Etudes et rapports » : Le commerce extérieur de la filière française du cuir (CNC)