Pour son trentième anniversaire, Cosmetic Valley, le principale pôle de la filière cosmétique, a dévoilé une étude inédite montrant l’enracinement de la filière sur tout le territoire français et dévoilé ses priorités d’action à l’international, avec notamment le déploiement d’ambassadeurs dans des pays clés, en premier lieu la Chine.
« Des racines et des ailes ». Ce titre d’un célèbre programme de télévision consacré à la découverte du monde colle parfaitement à la filière cosmétique française : une industrie enracinée sur le sol français -le Made in France est l’un de ses atouts à l’export- mais qui s’exporte dans le monde entier, franchissant le cap des 20 milliards d’euros (Md EUR) en 2023, générant le deuxième plus gros excédent commercial après l’aéronautique (16,3Md EUR en 2023, et hissant la France au 1er rang des pays exportateurs de produits cosmétiques (23,4 Md EUR d’exportation en 2023).
C’est cette photographie plutôt positive dans le contexte d’un commerce extérieur en peine, que livre l’étude inédite réalisée par Asterès pour Cosmetic Valley afin de cartographier au plus près cette activité : 6300 établissements identifiés sur tout le territoire (membres et non membres du pôle), employant 226 000 personnes et réalisant 71 Md EUR de chiffre d’affaires. 78 % des établissements sont regroupés en trois grands métiers : la production de matières premières (incluant les façonniers), les marques (qui produisent leur propres produits) et les fabricants d’emballages. A grands traits, au Nord de la France, une activité davantage concentrée sur les produits de luxe, au Sud, davantage sur le thermalisme.
Et une véritable filière qui a su conserver, sur le sol français, tous ses savoir-faire de l’amont à l’aval, de la production de matières premières à la commercialisation du produit final en passant par les tests et analyses, les emballages, les machines, la formulation, le conditionnement, les marques, etc. : « Pour 1 euro de chiffre d’affaires réalisé par les marques, 70 centimes vont à l’amont et 17 centimes à l’aval », souligne Julien Romestant, responsable de l’intelligence économique de Cosmetic Valley.
La répartition de l’activité et de l’export par région
Auvergne Rhône-Alpes
CA : 5,351 Md EUR ; export des marques : 2,994 Md EURBourgogne-Franche-Comté
CA : 2,638 Md EUR ; export des marques : 94 M EURBretagne
CA : 2,638 Md EUR ; export des marques : 355 M EURCentre-Val de Loire
CA : 6,211 Md EUR ; export des marques : 3,99 Md EURGrand Est
CA : 19,3 M EUR ; export des marques : 982 M EURHauts-de-France
CA : 7,042 Md EUR ; export des marques : 6,756 Md EURÎle-de-France
CA : 28,8 Md EUR ; export des marques : 4,946 Md EURNouvelle Aquitaine
CA : 3,158 Md EUR ; export des marques : 231 M EURNormandie
CA : 5,850 Md EUR ; export des marques : 1,128 Md EUROccitanie
CA : 2,676 Md EUR ; export des marques : 784 M EURProvence-Alpes-Côte d’Azur
CA : 4,815 Md EUR ; export des marques : 1,09 Md EURPays de la Loire
CA : 1,128 Md EUR ; export des marques : 63 M EURCorse
CA : 19,3 M EUR ; export des marques : 1,79 M EURGuadeloupe
CA : 30,1 M EUR ; export des marques : 0,119 M EURGuyane
CA : 33 M EUR ; export des marques : 0,11 M EURMartinique
CA : 21,4 M EUR ; export des marques : 0,247 M EURRéunion
CA : 50,8 M EUR ; export des marques : 2,621 M EURSource, Asterès, Cosmetic Valley
Quant aux ailes, c’est l’export, une activité clé pour la filière qui exporte plus d’un tiers de son chiffre d’affaires sur le plan national, proportion qui peut grimper au-delà de 50 % lorsqu’il s’agit des marques. Le nouveau slogan de Cosmetic Valley, opérateur des missions et pavillons collectifs sur les grands salons internationaux organisés pour ses adhérents avec l’aide de Business France est « France cares for your skin ». Tout un programme.
Pour 2024, sa priorité va être de mettre en place des « ambassadeurs » dans les principaux marchés à la fois clients et concurrents. A commencer par la Chine, où un VIE (volontaire international en entreprise) va être installé à Shanghai dans les prochaines semaines. Alors que la communauté française présente sur place a fondu depuis la crise sanitaire, échaudée par la sévérité des confinements décrétés par les autorités de Pékin, il s’agit de recréer du lien avec le terrain. Son rôle va être d’être un « point contact », un « animateur », ainsi qu’une source de veille sectorielle. « C’est un complément à Business France, un outil de plus » a résumé Marc Antoine Jamet, président de Cosmetic Valley, lors d’un point presse le 8 février.
Deuxième débouché export hors Union européenne après les États-Unis, et représentant jusqu’à 25-30 % des exportations pour certaines marques, la Chine est considérée comme un marché stratégique : un rouge à lèvre sur quatre y est exporté selon les derniers chiffres de la Fédération des entreprises de la beauté (Febea) ! Et en même temps, ses producteurs montent aussi en gamme avec leur propres marques, à l’instar des Sud-Coréens.
Mais il suscite quelques inquiétudes : la consommation est morose dans le contexte du ralentissement de l’économie chinoise, et surtout, les autorités locales deviennent beaucoup plus exigeantes et tatillonnes en matière réglementaire. La China Food and Drug Administration (CFDA) irait jusqu’à demander non seulement la composition des produits et leur formulation, mais aussi la visite des usines françaises, selon Marc Antoine Jamet… Sans compter leur souhait de faire des tests sur animaux. Alors que le nouveau gouvernement Attal se met en place, le président de Cosmetic Valley n’a pas caché attendre « un accompagnement diplomatique ultra-fort dans les négociations avec la Chine ».
Parmi les autres pays où pourraient être ainsi envoyés des « ambassadeurs » de la filière, la Corée du Sud, pays dont la production monte en puissance, mais aussi le Japon et les États-Unis. En attendant, le pôle, qui espère convaincre de nouvelles régions de le rejoindre (Hauts-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, notamment) compte jouer à fond de son enracinement pour continuer à faire rayonner la filière à l’international.
Christine Gilguy