En 2018, le chiffre d’affaires de l’industrie papetière française a progressé de 4,5 % par rapport à 2017, s’établissant à 6,2 milliards d’euros pour l’ensemble du secteur (papier, carton et pâte marchande*). C’est ce que révèle Copacel, le syndicat professionnel représentant les entreprises françaises productrices de pâtes, papiers et cartons, dans son bilan économique 2018 rendu public le 21 mars.
Si en valeur – en raison de la hausse du prix de vente de la plupart des familles de papiers et cartons – l’activité est en croissance, en volume, elle a essuyé un recul de 2 % par rapport à 2017, année au cours de laquelle la production avait légèrement progressé (+0,5 %). Au total, 7,86 millions de tonnes (Mt) de papiers et cartons ont été produites l’an dernier. Plus de la moitié de cette production est partie à l’export.
53 % de la production s’exporte
Les 75 entreprises adhérentes au syndicat de l’industrie papetière ont exporté 53 % de leur production en 2018. « Comme les années précédentes, l’industrie papetière française reste très largement exportatrice », se félicite l’organisation professionnelle dans son communiqué annonçant les résultats 2018 de l’activité de ses adhérents.
La balance commerciale reste déficitaire
Les exportations totales de papiers et cartons toutes sortes confondues (papiers et cartons d’emballage et de conditionnement, papiers à usages graphiques (destinés à la fabrication des journaux, livres…), papiers d’hygiène, papiers industriels et spéciaux) se sont élevées à 3,87 milliards d’euros en 2018, en légère progression par rapport à 2017 (3,73 milliards). Les volumes exportés se sont établis à 4,14 millions de tonnes (Mt), soit une baisse sur un an de 3,2 % imputable au recul de la production française en volume.
S’agissant des importations, elles ont atteint 4,48 milliards d’euros contre 4,35 milliards en 2017. En volumes, elles ont essuyé un recul de 1,8 % pour s’établir à 5,04 Mt.
Tant en valeur qu’en volume, le solde commercial de l’industrie papetière tricolore est déficitaire. Il s’est établi l’an dernier à -610 millions d’euros en valeur. En volume, le déficit s’est même creusé pour tomber à -897 000 tonnes contre -849 000 tonnes en 2017.
L’Union européenne, principal marché à l’export et à l’import
S’agissant de la destination des exportations, le bilan annuel dressé par Copacel montre que l’Union européenne (UE) a été bénéficiaire l’an dernier de 86 % du total des livraisons à l’export de papiers et cartons français. L’Allemagne est le premier client de la France, réceptionnant 25 % des exportations de l’industrie papetière, viennent ensuite sur le podium des principaux pays du monde clients l’Espagne (15 %) et l’Italie (12 %). Suivent dans le Top 5 la Belgique et le Royaume-Uni, respectivement destinataires de 9 % des exportations.
L’essentiel des importations françaises de papiers et cartons, soit 94 % des achats, provenait l’an dernier des États membres de l’UE. Les trois principaux fournisseurs européens sont l’Allemagne, d’où sont originaires 25 % des achats tricolores, l’Italie (11 %) et la Suède (10 %). Viennent ensuite dans le Top 5 des principaux pays fournisseurs l’Espagne et la Belgique (respectivement 9 %).
Le Brexit pourrait impacter les entreprises de cette industrie
Le risque de sortie sans accord du Royaume-Uni de l’UE et les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine constituent des incertitudes macroéconomiques qui, selon Copacel, risquent de peser sur l’économie européenne et mondiale en 2019.
Dans le premier cas, l’incertitude créée par le Brexit est « de nature à ralentir l’activité économique, et donc de peser sur l’activité papetière », estime la fédération professionnelle qui relativise toutefois. Si ses adhérents venaient à rencontrer des difficultés pour exporter vers le Royaume-Uni à la suite du Brexit, « l’industrie papetière française ne serait que faiblement impactée » juge Copacel. En effet, seulement 9 % des exportations totales de papiers et cartons étaient destinées au marché britannique en 2018 contre 25 % pour l’Allemagne. Toutefois, pour l’organisation professionnelle, ce pourcentage n’est pas représentatif de l’activité de l’ensemble des acteurs de l’industrie papetière car pour certaines entreprises françaises de cette filière, le Royaume-Uni est une destination importante.
Dans le second cas, il est difficile, d’après le syndicat professionnel, de prévoir les conséquences d’un durcissement éventuel de la « guerre commerciale » en cours entre les États-Unis et la Chine. Outre l’effet général négatif sur l’économie mondiale, ce durcissement « peut en effet soit offrir des opportunités (augmentations des ventes européennes vers la Chine en cas de restriction d’accès des papiers/cartons américains), soit conduire à une augmentation des exportations américaines en Europe (si les produits américains ne peuvent plus trouver de débouchés en Chine) », estime encore la fédération professionnelle.
Venice Affre
*La pâte marchande est vendue par des usines fabricant seulement de la pâte ou ayant un excès de pâte pour leur propre production de papier.