Selon deux baromètres de l’export qui viennent d’être réalisés, l’un par l’assureur-crédit Euler Hermes (1) et l’autre par la CGPME et le transporteur UPS (2), il y a urgence à aider les PME françaises à l’international. Celles-ci, qui représentaient 75% des entreprises exportatrices en 2010 ne sont plus que 61% en 2012, indique Euler Hermes. Un constat qui tranche quelque peu avec l’impulsion donnée par le gouvernement de privilégier la croissance des ETI (entreprises de taille intermédiaire) à l’international.
Selon les chiffres d’Euler Hermes, il y a depuis 2000 une perte nette de 14 700 exportateurs, soit – 11% en onze ans et des primo-exportateurs en recul. La majorité des exportations est réalisée par de grosses entreprises: sur un total de 117 000 entreprises exportatrices, 1% d’entre elles réalise 70% des exportations. PME comme ETI souffrent du fait de concentrer leurs exportations sur l’Europe, qui est en perte de vitesse, particulièrement en Europe du Sud (Espagne, Italie et Portugal), alors qu’elles sont peu présentes sur des zones à forte croissance comme l’Asean, indique Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes.
« L’Europe reste un territoire privilégié par les TPE/PME pour le développement de l’export: 61% des entreprises la citent comme leur premier choix pour l’extension de leur activité à l’international », indique le baromètre UPS/CGPME. Pour Jean-François Roubaud, président de la CGPME, « le caractère de proximité de l’Europe avec un marché intérieur et une zone de monnaie unique encourage les patrons exportateurs à en faire leur sphère préférée d’affaires […] mais cela ne les aide pas à aller chercher de la croissance ».
Euler Hermes note malgré tout des « intentions au grand export qui s’affirment » avec la Chine qui passe en 2011 au 7ème rang des pays exportateurs alors qu’elle était 10ème en 2010 et la Russie qui rentre dans le top 10. Reste que le top 3 des pays visés en 2013 est le même qu’en 2010: Allemagne, Chine et Etats-Unis. Les PME françaises sont également très présentes en Afrique du Nord (57%) et au Moyen-Orient (44%), indique le baromètre CGPME/UPS.
En ce qui concerne les freins à l’export, le baromètre Euler Hermes en cite quatre principaux: le risque d’impayé, l’instabilité politique, le manque d’information (particulièrement dans le domaine des réglementations et de la solvabilité des clients) et le manque de collaborateur. Une entreprise sur deux juge également les coûts induits par l’export trop élevés (transport, logistique, douane). Le constat est le même pour le baromètre CGPME/UPS: la réglementation et les frais douaniers demeurent le premier frein à l’export pour 22% des entreprises interrogées et 47% d’entre elles souhaitent être accompagnées sur ces questions. C’est pourquoi 39% des TPE et PME françaises entretiennent une relation de partenariat avec leur prestataire de transport à l’international.
Les deux baromètres indiquent également que les entreprises veulent des aides publiques mieux orientées et plus claires. Pour Euler Hermes, 22% des entreprises interrogées jugent les aides publiques à l’export trop complexes et 76% d’entre elles n’ont jamais bénéficié de telles aides. Autre constat: une entreprise sur deux n’a jamais entendu parler du guichet unique à l’export et parmi celles qui le connaissent, 5% seulement l’ont utilisé. Même constat pour le baromètre CGPME/UPS: 77% des entreprises interrogées sont favorables à la mise en place d’un guichet unique et 75% sont favorables à l’extension du Volontariat international en entreprise (VIE). Enfin 85% des TPE et PME françaises sont favorables à une exonération d’impôt sur les sociétés au titre du chiffre d’affaires réalisé à l’export.
Isabelle Verdier
Pour en savoir plus:
Lire en fichier attaché les deux baromètres export
(1) Le baromètre Euler Hermes, publié le 19 novembre, est le troisième réalisé par l’assureur-crédit après ceux de 2008 et 2010. Pour ce baromètre, 938 entreprises ont été interrogées de mai à octobre 2012 par les 23 délégations régionales réparties sur l’ensemble du territoire.
(2) Le baromètre CGPME et UPS, publié le 20 novembre, est également le troisième réalisé pour UPS et la CGPME par TNS Sofres. Pour ce baromètre, plus de 400 dirigeants d’entreprises françaises de 0 à 250 salariés ont été interrogés sur leurs pratiques et attentes en matière d’export.