France Logistique, avec en tête sa présidente Anne-Marie Idrac, ne cesse de le répéter depuis sa création au début de l’année : l’application d’un certain degré de « préférence nationale » est indispensable si l’on veut une chaîne logistique française compétitive et efficace. D’où son souhait que la filière soit intégrée à l’Équipe de France à l’export, qui rassemble l’ensemble des acteurs du commerce extérieur.
Ainsi, alors que le gouvernement vient de lancer son plan national de soutien à l’export, l’ancienne secrétaire d’Etat au Commerce extérieur (18 mars 2008-13 novembre 2010) a prévu d’aborder ce sujet dans les prochains jours avec le directeur général de Business France, Christophe Lecourtier.
C’est ce qu’Anne-Marie Idrac a confié au Moci, au lendemain de la publication par France Logistique, le 24 avril, d’un document intitulé « 7 propositions pour la reprise post-crise de la filière logistique » (document en pièce attaché à cet article).
Un travail collectif de la filière
Le document, fruit d’un travail collectif mené par l’ensemble des membres fondateurs de France Logistique (Afilog, Aslog, AUTF, FNTR, OTRE, Union TLF), doit « aider la filière à se relancer au service de ses clients » et « accompagner la reprise de l’ensemble de l’économie », après « avoir démontré son rôle primordial » pendant la crise sanitaire.
La plupart des mesures prônées possèdent un caractère international. Ainsi, à côté de solutions d’urgence comme « préserver à court terme la trésorerie des entreprises de la chaîne logistique », France Logistique propose de « favoriser les activités de transit des ports français et de sécuriser leur fonctionnement », de reconquérir les approvisionnements aériens », de « permettre au fret ferroviaire et fluvial de jouer pleinement leur rôle » et « d’encourager la construction d’entrepôts sur le sol national pour accroître l’indépendance logistique de la France ».
Du transit à la reconquête des entrepôts
Dans le détail, ces dernières propositions visent tout autant à redonner de la compétitivité à la filière qu’à reconquérir une partie de sa clientèle nationale et internationale.
-« Favoriser les activités de transit des ports français et de sécuriser leur fonctionnement »
Sur cette question du transit, Anne-Marie Idrac constate que les chiffres de trafic de ce début d’année ne sont pas bons pour les ports français et que certains trafics sont détournés vers les ports d’Allemagne, du Benelux et d’Italie, notamment Trieste. D’où la mobilisation de tous les acteurs du commerce extérieur qu’elle appelle de ses vœux pour profiter de la reprise pour de redonner du dynamisme aux ports de l’Hexagone.
A cet égard, France Logistique a déjà déposé des propositions concrètes, comme l’instauration de points de contrôle unique aux frontières, travail réalisé en commun avec les Douanes, le ministère de l’Agriculture et la direction générale de la Concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
D’autres pistes sont suivies comme la simplification des procédures à l’export ou la digitalisation. L’ancienne ministre rappelle qu’un ensemble de documents de transport ne sont pas encore numérisés et que c’est une perte de temps qui profite aux ports concurrents. Une solution qui pourrait être aussi étudiée, et qui aurait été évoquée un moment en cas de Brexit dur, serait aussi de créer un type de port franc.
– « Reconquérir nos approvisionnements aériens ».
Pour France Logistique, les concurrents d’Aéroport de Paris ne seraient pas lointains, comme Liège, et « des difficultés structurelles » subsistant, comme des trajets à vide, il faut que tous les acteurs de la chaîne logistique et les chargeurs acceptent de travailler en commun pour que les aéroports français demeurent attractifs.
A cet égard, associer les filières à l’export est aussi indispensable.
– « Permettre au fret ferroviaire et fluvial de jouer pleinement leur rôle ».
Ce rôle doit être particulièrement important pour les pondéreux, comme les céréales, les aliments pour bétail, les matériaux de construction et certains conteneurs. La France dans le fluvial dispose, avec les ports de Paris Seine Normandie Le Havre-Rouen-Paris (Haropa), d’un réseau qui peut être encore mieux valorisé et qui peut donner lieu à du transport combiné. L’avantage d’Haropa est de disposer de points d’entrée et de sortie avec au milieu le grand bassin de consommation de la région parisienne.
– « Encourager la construction d’entrepôts sur le sol national pour accroître notre indépendance logistique ».
Le constat est sans appel. La fiscalisation des entrepôts étant plus favorable au Benelux, certains entrepôts qui pourraient être construits sur le sol national sont « délocalisés ». Au moment où se profile un boom de l’e-commerce, une réflexion est à mener pour se rapprocher du client final et donc de disposer d’entrepôts à proximité.
Le document de France Logistique se termine par une demande directement adressée à Édouard Philippe : « la tenue rapide d’un Cilog (Comité interministériel de la logistique) sous la présidence du Premier ministre comme il s’y était engagé ». Un souhait auquel, pense-t-on, ne saurait se dérober l’actuel candidat aux municipales et ancien maire du Havre.
François Pargny