Le nouveau directeur général du Trésor Bruno Bézard, les chefs des Services économiques présents en nombre, la direction d’Ubifrance et de l’Afii-Muriel Pénicaud, Henri Baissas– tout ce monde réuni sous les lambris du quai d’Orsay à l’occasion des journées annuelles « réseau » du ministère des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI) : une première que Laurent Fabius n’a pas manqué pour dévoiler la feuille de route qu’il entend leur fixer en matière de diplomatie économique.
Le contexte d’abord : l’ambiance est manifestement apaisée après une première période dont le fil conducteur avait été la rivalité Quai d’Orsay /Bercy pour le rattachement du Commerce extérieur. Laurent Fabius, qui a, avec Fleur Pellerin, salué le professionnalisme et l’engagement de ces agents à plusieurs reprises et employé le mot « confiance » quatre fois en concluant son discours (lire notre rubrique « Ils ont dit… »), ne s’y est pas attardé.
Place à l’avenir : « La nouvelle répartition des compétences s’accompagne d’un casting renouvelé, a-t-il notamment rappelé en saluant le nouveau directeur général du Trésor et la nouvelle patronne d’Ubifrance et de l’AFII. « Leur présence aux côtés du secrétaire général du Quai d‘Orsay (ndlr : Pierre Sellal) est une illustration directe de notre nouvelle organisation, a-t-il estimé. Je sais que nous travaillerons efficacement ensemble : en témoigne la signature récente d’une convention entre la Direction générale du Trésor et le quai d’Orsay ».
« Il existe une seule politique extérieure qui regroupe toutes les composantes »
La feuille de route est simple. Elle s’articule autour de trois grands objectifs : l’export (œuvrer au « rééquilibrage du commerce extérieur »), l’attractivité (contribuer à la « promotion des investissements étrangers en France ») et le tourisme (attirer plus de touristes en France). Finis les cloisonnements entre services et réseaux, tout le monde doit contribuer, « dans ses champs de compétences» et « à sa mesure ». Et de façon proactive : les investisseurs étrangers, par exemple, « il faut aller les chercher par le bras, et les accompagner par le bras » a lancé le ministre.
Laurent Fabius a aussi appelé à « décloisonner les approches, à Paris mais aussi dans les ambassades », estimant qu’avec la nouvelle organisation du MAEDI, « il existe une seule politique extérieure qui regroupe toutes les composantes », qu’il s’agisse de diplomatie « stratégique », de diplomatie économique, de diplomatie culturelle, de développement. Bref, une vraie diplomatie « globale » dont le seul objectif est « contribuer au rayonnement, à l’influence et à la prospérité de notre pays »..
Pour ce qui concerne spécifiquement le commerce extérieur, le ministre n’a rien dévoilé de neuf, ayant laissé le soin à Fleur Pellerin, intervenue en début de matinée (Lire dans la LC aujourd’hui*), de donner plus de détails sur la stratégie et les actions qu’elle entend mener. Les grandes orientations ont néanmoins été rappelées : travailler davantage avec les PME et ETI, poursuivre la rénovation des opérateurs avec la fusion Ubifrance/Afii « complétée par le rapprochement avec Sopexa », poursuivre l’amélioration des instruments financiers, poursuivre la stratégie en filière, et enfin maintenir une liste de pays prioritaires mais qui fera l’objet d’une « précision ».
Il y a un chef, il est au MAEDI
Côté organisation, l’organigramme général du nouvel écosystème a été nettement clarifié : il y a un chef, il est au MAEDI. « Concrètement, la politique et la stratégie de la France en matière de commerce extérieur, d’attractivité et de promotion du tourisme est et sera définie par le ministre des affaires étrangères et du développement international et par la secrétaire d’État chargée du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français à l’étranger ».
Les Services économiques continuent à dépendre « administrativement » de la DG Trésor, mais il a sur eux « une autorité conjointe » avec les ministères de Bercy, a-t-il rappelé, tout en indiquant plus tard qu’il « comptait sur eux » pour la mise en œuvre. Le chantier de la fusion Ubifrance/Afii, de même que le rapprochement avec Sopexa, sera suivi attentivement, mais c’est Muriel Pénicaud –« en qui j’ai toute confiance »- qui sera aux manettes. Celle-ci aura aussi à travailler à une meilleure « cohésion » avec d’autres acteurs, citant Sopexa, les CCI international, Bpifrance, les Régions, et les CCEF « avec leur nouveau président ».
A l’étranger, la cohésion est assurée par les conseils économiques mis en place par les ambassadeurs – une centaine d’ambassades en sont dotées-. Et enfin, Laurent Fabius a demandé expressément à l’ensemble de travailler « en bonne cohésion » avec les ambassadeurs spéciaux qu’il a nommés, de même qu’avec les « fédérateurs » issus du privé qui animent les grandes filières.
« Il vous est demandé de travailler en cohésion avec tous les acteurs », a résumé le ministre. Côté ambiance, Laurent Fabius, qui n’a pas manqué d’émailler son discours de traits d’humour manifestement appréciés par l’assistance, a, semble-t-il réussi son grand oral : applaudissements nourris dans la salle. Bon signe pour la suite.
Christine Gilguy
*Commerce extérieur : tout sur le plan d’action en quatre points de Fleur Pellerin